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Le jeudi, c’est musée/expo #40 – Expo Delaye 1ère partie

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Bonjour, voici l’expo que je suis allée voir fin février au Musée de Valence : Théophile-Jean Delaye, un arpenteur du 20e siècle.

Né le 29 février 1896 à Valence (Drôme), Théophile-Jean Delaye était illustrateur, peintre (aquarelles, gouaches, lavis…), géographe et topographe militaire. Formé à Saint-Cyr, il s’engage dans les Chasseurs alpins en 1914. Puis il est affecté en Afrique du Nord en 1922. Il est un des premiers cartographes du Maroc. Ses dessins illustrent aussi des beaux livres et des livres documentaires sur le Maroc mais aussi les Alpes françaises et la Provence (collection Les beaux pays des éditions Arthaud). Après la seconde guerre mondiale, à la retraite, il vit à Rabat et met en valeur les beaux sites du Maroc (par exemple il a contribué à la création du Parc naturel du Toubkal dès 1940). Il est mort le 4 mars 1970 à Saint Donat sur l’Herbasse (Drôme).

Voici les premières photos de l’exposition ; un ou deux autres billets suivront.

Boys Run The Riot 2 de Keito Gaku

Boys Run The Riot 2 de Keito Gaku.

Akata, collection Medium, mai 2022, 224 pages, 8,05 €, ISBN 978-2-38212-263-3. Boys Run the Riot Vol. 2 ボーイズ・ラン・ザ・ライオット (2020) est traduit du japonais par Blanche Delaborde.

Genres : manga, seinen.

Keito Gaku 学慶人 est un mangaka transgenre. Boys Run The Riot est sa première série manga et aucune autre info n’est disponible sur internet. Cependant, il peut être suivi sur son Instagram et son Twitter.

Quel plaisir de retrouver Ryo, Sato et Itsuka (voir Boys Run The Riot 1 de Keito Gaku). Par contre leur premier tee-shirt ne s’est pour l’instant vendu qu’en trois exemplaires… Pour créer un deuxième design et une deuxième série de tee-shirt, ils décident chacun de trouver un petit boulot.

Ryo trouve un poste dans un restaurant et fait la connaissance de Mizuki Momose (qu’on peut voir sur la couverture à ses côtés) et qui, selon Ryo, « est carrément insupportable » mais qui est étudiante en art et qui l’accepte tel qu’il est. Il y a aussi Shimada, fan de moto, et Koike, leurs collègues, euh… un peu lourds…

Un jour, Sato emmène Ryo et Itsuka chez Tsubasa, youtubeur surnommé Wing (un million d’abonnés, passage à la télévision) qui va devenir leur premier collaborateur extérieur. Et Ryo va de surprise en surprise ! « Comment tu veux que les autres te comprennent si tu te caches ? ».

D’ailleurs, choc à la fin du tome, mais deux pages pour annoncer le tome 3 et un bonus de 4 pages avec des explications sur le genre et la traduction ; hâte de lire le tome 3 !

Un plaisir cette série tant au niveau des dessins que des dialogues et de l’humour. Une série à mettre entre toutes les mains (ados, adultes) !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges BD 2023 et Jeunesse & young adult #12.

Une suite d’événements de Mikhaïl Chevelev

Une suite d’événements de Mikhaïl Chevelev.

Gallimard, collection Du monde entier, janvier 2021, 176 pages, 18 €, ISBN 978-2-07017-848-3. Posledovatel’ nost sobytï (2015) est traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs.

Genres : littérature russe, premier roman.

Mikhaïl Chevelev naît en 1959 en Russie (alors Union Soviétique). Il étudie à l’Institut des langues étrangères de Moscou et devient traducteur et interprète puis il devient reporter et participe (auteur et éditeur) au magazine satirique Samizdat. Il est maintenant journaliste indépendant et romancier. Après avoir lu son 2e roman, Le numéro un, je ne pouvais que me tourner vers cette Suite d’événements.

Pavel et Tania s’apprêtent à écouter les informations au journal de vingt heures. « ‘… des inconnus… L’église de l’Épiphanie de Nikolskoe, un village de la région de Moscou… les otage… il y a des enfants… n’ont pas énoncé leurs exigences… Ils veulent des pourparlers avec des intermédiaires…’ Seigneur Dieu… ça fait huit ans que rien de tel ne s’était produit… depuis Beslan… Et puis j’entends mon nom. Et un autre nom qui m’est familier. » (p. 12).

1996. Une délégation de journalistes du journal Courrier de Moscou et de l’émission télévisée Regard est envoyée en Tchétchénie pour la fin de la guerre. Tout se passe à peu près bien et des prisonniers russes peuvent même rentrer avec eux, Sergueï et deux Oleg, Vadim étant gardé un peu plus longtemps. « Dix-sept postes de contrôle plus tard et autant de bouteilles de vodka achetées dans les petits bazars installés au bord des routes pour payer notre passage, nous arrivons le soir à Makhatchkala » (p. 34).

2015. Vadim et son groupe ont pris en otage plus de cent personnes dans l’église du village de Nikolskoe et il ne veut parler qu’à Evgueni Stepine et Pavel Volodine. Évidemment les deux journalistes sont recherchés par l’armée. Est-ce qu’ils connaissent Vadim Pétrocitch Sereguine ? Bien sûr, c’est eux qui l’ont fait libérer en 1996 mais ils ne l’ont pas revu depuis une quinzaine d’années…

En fait Vadim a trahi la Russie, il s’est converti à l’islam et il est du côté des Tchétchènes. C’est sans espoir, il n’hésitera pas à faire tout sauter et à tuer les cent adultes et les douze enfants prisonniers dans l’église. « Tu as perdu la boule, Vadim » (p. 81). Mais la revendication de Vadim et de son groupe est simple. « Nous exigeons que le président de la Fédération de Russie passe à la télévision et demande pardon pour les deux guerres : la guerre en Tchétchénie et la guerre en Ukraine. Après ça, tous les otages seront libérés. Sinon ils seront tués. – Mais tu comprends bien qu’il n’ira jamais prononcé une telle phrase à la télé ? » (p. 95). Je rappelle que la guerre en Ukraine (Crimée et Donbass) a démarré en février 2014 et, au-delà de la Crimée et du Donbass en février 2022.

J’ai bien aimé les traits d’humour et les dialogues sans détour. « Avec vous autres, c’est toujours pareil, je ne savais rien, je n’ai rien vu et d’ailleurs j’étais contre… Et résultat, le cimetière est plein… » (p. 148). Mikhaïl Chevelev est journaliste, dissident, et il a écrit dans ce premier roman ce qu’il ne pouvait pas écrire dans ses papiers (on ne dit plus article, on dit papier). La nouvelles Russie est-elle vraiment une démocratie ? La liberté d’expression existe-t-elle ou la censure est-elle toujours omniprésente ? Quid des guerres et des milliers (millions ?) de morts depuis le début du XXIe siècle ? Les deux guerres mondiales du XXe siècle et la faillite du communisme n’ont-elles pas servi de leçons ? Pourquoi toujours tant de violences, de corruptions et d’horreurs ? Qui est responsable, le pouvoir en place et ses sbires, ceux qui ont élu ce pouvoir, ceux qui ne disent rien et qui laissent faire, ceux qui s’en lavent les mains et s’enrichissent ? Et qu’est-ce qui pousse au terrorisme ?

Le roman est construit avec un compte à rebours de la prise d’otages, les rencontres entre Pavel et Vadim, et des flashbacks mettant en scène l’un ou l’autre des deux hommes ou les deux puisqu’ils se sont déjà rencontrés par le passé. Il y a une espèce d’imbrication, les deux hommes sont liés qu’ils le veulent ou non, et l’auteur montre sûrement que les Russes et leurs anciens voisins soviétiques sont également liés… même si parfois c’est de façon radicale.

Dans la postface, Ludmila Oulitskaïa, autrice russe, parle « du terrorisme individuel et du terrorisme d’État au XXIe siècle » (p. 167) et questionne les lecteurs : où se trouve la justice ? « le mal engendre le mal » (p. 168), c’est une escalade, ne sommes-nous pas tous responsables ?

Elle l’a lu : Alex de Mot-à-mots, d’autres ?

Une lecture pour le Mois Europe de l’Est que je mets aussi dans ABC illimité (lettre U pour titre), Challenge lecture 2023 (catégorie 28, un livre sans happy end, 2e billet), Polar et thriller 2022-2023 et Mois du polar (parce que c’est un roman plutôt suspense et thriller même s’il n’y a pas d’enquête policière), Tour du monde en 80 livres (Russie) et Voisins Voisines 2023 (Russie).

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Lundi Soleil 2023 #mars (4)

Nous sommes toujours dans le troisième thème de Lundi Soleil 2023, celui de mars qui est le blanc et jaune. C’est marrant comme la même couverture jaune apparaît différemment à quelques centimètres d’écart (je ne maîtrise pas encore à fond mon nouveau smartphone). Je vous souhaite une bonne semaine et vous donne rendez-vous lundi prochain avec le thème d’avril, vert.

Mes coups de… 1-2023

Bonjour, en ce dernier dimanche de mars, premier billet « Mes coups de… » de l’année, je n’ai pas eu le temps et l’envie avant alors ce billet concerne le 1er trimestre 2023.

Coups de blues

Russel Banks par Larry D. Moore, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17324445

Russel Banks, né le 28 mars 1940 à Newton (État du Massachusetts), est mort le 7 janvier 2023 à Saratoga Springs (État de New York). Il était romancier, nouvelliste, poète et professeur de littérature contemporaine à l’université de Princeton (New Jersey). Avez-vous un titre à me conseiller parmi ses œuvres ? RIP.

Jeff Beck, né le 24 juin 1944 à Wallington (Grand Londres), est mort le 10 janvier 2023 dans le Sussex (Angleterre). Il était un guitariste de rock (classé 5e meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone) et j’aime beaucoup les Yardbirds (années 1960). RIP.

Leiji Matsumoto (松本 零士), né Akira Matsumoto (松本 晟) le 25 janvier 1938 à Kurume (dans la préfecture de Fukuoka sur l’île de Kyûshû au Japon), est mort le 13 février 2023 à Tokyo. Il était dessinateur de manga et d’anime. Des mangas comme Captain Harlock, Gun Frontier, Yamato le cuirassé de l’espace, et surtout Albator, et des films d’animation comme Interstella 5555 (vidéo ci-dessous). RIP.

François Hadji-Lazaro, né le 22 juin 1956 à Paris, est mort le 25 février 2023 à Paris. Il était auteur, compositeur, interprète de rock alternatif mais aussi musicien multi-intruments, producteur et éditeur musical. Ah, Pigalle puis Les Garçons bouchers ! RIP.

Vous pouvez cliquez !

Kenzaburô Ôe (大江 健三郎), né le 31 janvier 1935 à Uchiko (dans le district de Kita, (préfecture d’Ehime, au Japon), est mort le 3 mars 2023. Lauréat du prix Nobel de littérature, il était romancier, nouvelliste, poète et j’ai pu le voir au Salon du Livre de Paris en 2012 (le Japon était le pays invité d’honneur). RIP.

D’autres auteurs morts en mars : Anise Koltz, née le 12 juin 1928 à Eich au Luxembourg, poétesse et traductrice, est morte le 1er. Christopher Fowler, né le 26 mars 1953 à Greenwich en Angleterre, auteur de romans fantastique et horreur, est mort le 3. Claire Etcherelli, née le 11 janvier 1931 à Bordeaux en Gironde, romancière (son premier roman, Élise ou la vraie vie, a reçu le prix Femina en 1967), est morte le 5. Michel Peyramaure, né le 30 janvier 1922 à Brive-la-Gaillarde en Corrèze, grand romancier historique et biographe, est mort le 11. Michael Reaves, né le 22 janvier 1949 à San Bernardino en Californie, auteur de science-fiction en particulier des romans de l’univers Star Wars, est mort à Los Angeles le 20. RIP

Coup de gueule

24 février 2023. La guerre en Ukraine a été déclenchée il y a un an et continue à ce jour. Il faut que ça s’arrête ! Alors, je vous mets un titre pour la paix. Plus de titres de Russkaja sur leur chaîne YouTube.

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Projet 52-2023 #12

Douzième photo pour le Projet-52 2023 de Ma avec le thème courant. Je n’ai pas pensé à ‘en courant’, j’ai tout de suite pensé au courant électrique et… comme je venais d’acheter cette rallonge ! Bon, la photo n’est pas artistique mais je ne sais pas comment illustrer ce mot. Ah, si, il y a le courant artistique, mais oui ! Alors je rajoute une photo d’une œuvre de Vassily Kandinsky, précurseur de l’expressionnisme abstrait. Je vous souhaite un bon week-end et, si vous voulez participer, allez chez Ma !

Kandinsky, Nœud rouge, 1936 (huile sur toile)

Les exportés de Sonia Devillers

Les exportés de Sonia Devillers.

Flammarion, août 2022, 280 pages, 19 €, ISBN 978-2-0802-8320-7.

Genres : littérature franco-roumaine, essai, Histoire.

Sonia Devillers naît le 31 janvier 1975 aux Lilas en Seine Saint Denis. Son père est l’architecte urbaniste Christian Devillers, sa mère Roumaine (exportée en France avec ses parents, sa sœur et sa grand-mère) est aussi architecte. Elle étudie les Lettres puis la philosophie à la Sorbonne et devient journaliste (au journal Le Figaro et à la radio principalement à France Inter).

Voici comment débute le récit : « Ils n’ont pas fui, on les a laissés partir. » (p. 9). Harry et Gabriela Deleanu, leurs deux filles et une grand-mère ont quitté leur pays, la Roumanie, et sont arrivés à Paris le 19 décembre 1961 (2300 km de trajet) alors que « De ce pays en pleine guerre froide, nul ne pouvait sortir. Les habitants étaient retenus prisonniers. » (p. 9). Alors comment cette famille a-t-elle pu sortir ? C’est ce que raconte l’autrice parce que les Deleanu étaient ses grands-parents maternels et qu’une de leurs filles était sa mère (14 ans en 1961) et l’autre sa tante (16 ans en 1961).

L’autrice raconte sa grand-mère, « l’âge d’or des années 30 à Bucarest , [… sa] jeunesse étincelante […] sa famille remarquable, sa ville pimpante, Bucarest dite le ‘petit Paris des Balkans’ dans l’entre-deux-guerres. » (p. 23-24), l’antisémitisme politique et la diabolisation du juif, la montée du fascisme à la fin des années 1930, la Seconde guerre mondiale au côté de l’Allemagne, purification ethnique, retournement opportuniste… « La Roumanie fut le premier bras armé des nazis, à l’Est, et leur alliée la plus zélée. » (p. 53). Et puis, le silence de tous les côtés, les non-dits, le « si on n’en parle pas, c’est que ça n’existe pas. » (p. 64) et « Du passé faisons table rase. […] plus de nom juif, plus de juif. Et inversement. » (p. 72).

Dans ce récit, qui je le redis n’est pas un roman, mais un récit familial et historique, il y a des choses terribles et choquantes (l’arrachement, l’exil, la souffrance…) même pour ceux qui ont déjà lu des récits sur la Seconde guerre mondiale, sur la Shoah, entre autres. Des informations inédites aussi. Je ne savais pas pour Eugène Ionesco (dont j’aime le théâtre), pour Emil Cioran (dont j’ai lu par le passé quelques textes que j’ai appréciés) et pour Mircea Eliade… Après la guerre, c’est pire, communisation et soviétisation, nouvelle classe dirigeante et nouvelle élite, parti tout puissant et propagande, et aussi « La nation enterrait son passé antisémite, les juifs enterraient leurs souffrances. L’un n’allait pas sans l’autre. » (p. 85).

Après la guerre, et après la création de l’État d’Israël (qui s’était tourné vers les États-Unis et non l’Union Soviétique), Staline ne voulant pas être accusé d’antisémitisme créa le cosmopolitisme, « cosmopolites sans racine […] intellectuels juifs dits ‘apatrides’, des juifs ‘errants’, sans attaches, donc perpétuellement soupçonnés d’ ‘antipatriotisme’ ou de ‘traîtrise à la patrie’ » (p. 106), c’est bizarre, malgré tout ce que j’ai déjà lu et tous les documentaires que j’ai vus, je n’avais jamais entendu parler de ça ou alors le terme ‘cosmopolitisme’ était abordé avec un autre mot. Je n’avais également jamais entendu parler de Matatias Carp (1904-1953) ou alors j’ai oublié (son Cartea neagră, le livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie, 1940-1944 est pourtant paru chez Denoël en 2009).

Un passage que j’aime beaucoup. « Dans le journal intime de Mihail Sebastian, on trouve ce passage magnifique : ‘Nous autres, juifs, nous sommes au fond d’un optimisme enfantin, absurde, quelquefois inconscient. (C’est peut-être ce qui nous aide à vivre.) En pleine catastrophe, nous espérons encore. Ça ira bien, répétons-nous par dérision, mais en fait nous croyons vraiment que ça ira bien. » (p. 111).

« Je ne sais pas très précisément ce que c’est qu’être juif, ce que ça me fait d’être juif. C’est une évidence, si l’on veut, mais une évidence médiocre, qui ne me rattache à rien. Ce n’est pas un signe d’appartenance, ce n’est pas lié à une croyance, à une religion, à une pratique, à un folklore, à une langue. Ce serait plutôt un silence, une question, une mise en question, un flottement, une inquiétude. Une certitude inquiète derrière laquelle se profile une autre certitude, abstraite, lourde, insupportable : celle d’avoir été désigné comme juif, et parce que juif victime, de ne devoir la vie qu’au hasard et à l’exil. », très belle citation de Georges Perec (p. 258-259).

Cet essai se compose de 4 parties, les juifs, les communistes, les cochons, les apatrides, contenant des chapitres courts ce qui permet aux lecteurs de respirer, de reprendre leur souffle. Parce que c’est un import-export affligeant qui se joue dans les années 1950-60… et je ne vous dis pas sur la barbarie envers les chevaux (chapitre ‘Le cheval à abattre’, p. 191-196). C’est que l’autrice, journaliste, ne s’embarrasse pas pour dire la vérité crue, dérangeante et le mutisme de ses grands-parents maternels. J’ai plusieurs fois eu les larmes aux yeux et j’espère que ma note de lecture et les extraits vous donneront envie de lire cet essai instructif et déchirant qui m’a été conseillé par une lectrice lors d’un café littéraire.

Elle l’a lu : Nicole de Mots pour mots, d’autres ?

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 16, un livre qui m’a énervée ou révoltée, oui ce livre m’a révoltée par ce que des humains ayant du pouvoir peuvent faire à d’autres humains – et à des animaux aussi, les humains étant des mammifères), Challenge lecture 2023 (catégorie 25, un livre sur le thème de la seconde guerre mondiale, même si le livre va plus loin il commence avec le traitement des Juifs durant la seconde guerre mondiale), Mois Europe de l’Est (Roumanie) et Tour du monde en 80 livres (l’autrice est Française mais raconte le parcours de ses grands-parents et de sa mère, Roumains « exportés », des années 1930 aux années 1980, donc je mets ce livre pour la Roumanie).

En passant

En coup de vent… 166

Chers amis, chers visiteurs, bonjour, j’espère que vous allez bien et que le printemps arrive chez vous aussi. Je suis un peu fatiguée en ce moment (le froid dure plus longtemps que les années précédentes) et je suis moins présente sur les blogs et les réseaux, j’en suis désolée. Cette semaine, kiné, dentiste, visite médicale…, en plus du travail, ça me fait beaucoup ! Je suis cependant contente de mon nouveau smartphone Oppo que j’ai depuis deux semaines et demi, même si je pense que je ne le maîtrise pas encore à fond (mais ça va venir). J’ai suivi le mooc comics et manga organisé par la fondation Orange, très intéressant, même si je n’ai rien appris sur le manga, j’ai appris des choses sur les comics (j’en lis moins mais je m’y intéresse tout de même). Il faudra que je vous parle de deux expos (dès que j’aurai pu traiter les photos). J’en profite pour vous montrer enfin mon fond d’écran de mars (que j’avais oublié la dernière fois) toujours créé par mademoiselle Farfalle et je vous souhaite une bonne fin de semaine 🙂

Pelote dans la fumée 1 de Miroslav Sekulic-Struja

Pelote dans la fumée 1 – L’été / L’automne de Miroslav Sekulic-Struja.

Actes Sud BD, décembre 2013, 128 pages, 24 €, ISBN 978-2-330-01286-1. Traduit du croate par Aleksandar Grujicic.

Genres : bande dessinée croate, Histoire.

Miroslav Sekulic-Struja naît le 30 août 1976 à Rijeka en Croatie. Il est peintre et auteur dessinateur de bandes dessinée, lauréat (3e prix) du concours jeunes talents du festival d’Angoulême avec L’homme qui acheta un sourire. Après Pelote dans la fumée (le tome 1 reçoit le Prix BD de Montreuil en 2015), sa nouvelle BD, Petar et Liza, paraît chez Actes Sud BD en février 2022 et apparaît dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2023.

Sur le site de l’éditeur : « Premier volume d’un diptyque. Ces deux premières saisons croates content la vie affreuse, sale et méchante des enfants dans un orphelinat pendant la guerre. Magnifié par le dessin de Miroslav Sekulic. » Le tome 2, L’hiver / Le printemps, paraît en février 2016 chez Actes Sud BD et une intégrale paraît en février 2023 chez Actes Sud BD (240 pages, 38 €).

L’été, sur une plage croate. Et sur cette plage, un garçon. « Le garçon s’appelle Ibro, mais comme il est toujours renfermé dans son monde compliqué et impénétrable… ceux qui le connaissent l’appellent… Pelote ! »

Pelote et Sandale sont frère et sœur et vivent dans le même orphelinat. Pelote est ami avec Bourdon qui a supporté les brimades avant de devenir baraqué et « le défenseur des faibles. Un vrai géant, un héros… ». Sandale est amie avec Clara qui est tout le temps rabrouée par « l’éducatrice, la Perce-oreille ». Quant à l’éducateur, les enfants le surnomment le Marteau « à cause des coups terribles qu’il nous assène sur la tête » mais, parfois, il défend les enfants contre des brutes épaisses.

Dans cette ville industrielle et industrieuse, le terrain de jeux, à part la cour de l’orphelinat, c’est la déchetterie voisine parce que la plage, c’est pour les touristes qui ont de l’argent à dépenser (dans cette déchetterie, on voit beaucoup d’objets jetés, même des voitures, donc tout le monde n’est pas pauvre dans cette ville). Mais parfois certains enfants travaillent pour les voisins… sans recevoir de revenu évidemment…

L’automne arrive avec ses pluies froides et un nouvel arrivant, Michel, qui devient le nouveau souffre-douleur. Et aussi, le père de Pelote et Sandale qui vient leur rendre visite. Mais que peut faire un alcoolique pauvre pour ses enfants… ? Les pauvres ne peuvent que « imaginer une meilleure vie, ne serait-ce que dans les chansons ». Quelles tristes vies… « En réalité, la ville entière pleura ces jours-là… ces mois-là… ces années-là ».

Mon passage préféré. « Et les rêves ? Les rêves entraient alors par les fenêtres aux carreaux cassés, accompagnés du clair de la lune et de l’odeur des pains de la boulangerie voisine et se mettaient à tournoyer autour de leurs têtes et le grognement dans leurs ventres ne partait qu’avec les premières sirènes des bateaux du matin. »

J’ai vu une erreur, les pages ne sont pas numérotés mais c’est lorsqu’il parle de la sœur aînée, Miranda : « Fine, voir invisible », c’est voire. Et dans l’extrait ci-dessus, c’est « leur ventre » parce que chacun n’a qu’un ventre et leur est déjà un adjectif possessif pluriel.

Mais les dessins, les détails, les regards et les couleurs, c’est énorme, à la fois brutal et poétique, je dirais même surréaliste (beaucoup de dessins sont en pleine page) ; quant au récit il est tellement empli de désespoir et d’empathie pour les personnages, des gosses plus ou moins orphelins, des adultes paumés, violents, impuissants face à la vie et à la misère, et puis en toile de fond, quelques illustrations de guerre (avions, bateaux…). L’auteur parle de violence, de sexualité, de drogue, d’homophobie… Et, de temps en, temps, un peu de joie avec un cirque ou une troupe de théâtre qui passent. Alors, art naïf ou art brut ? Et l’auteur s’est-il inspiré, du moins en partie, de son enfance en Croatie ? J’espère que non ; en tout cas, j’ai lu qu’il dessinait depuis tout jeune, dès l’âge de 4 ans si je me rappelle bien. Pelote dans la fumée (c’est parce que son père fumait comme un pompier en plus de boire, et l’éducateur de l’orphelinat aussi, entre autres) est digne des textes de Dickens, Dostoïevski, Hugo, Zola pour ne citer qu’eux. J’espère lire le tome 2, Hiver / Printemps et même d’autres titres de Miroslav Sekulic-Struja.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) et les challenges ABC illimité (lettre), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD, 6e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 60, une BD), Mois Europe de l’Est et Tour du monde en 80 jours (Croatie).