La fête des ombres (2 tomes) d’Atelier Sentô

La fête des ombres 1 d’Atelier Sentô.

Issekinicho, mars 2021, 80 pages, 16,90 €, ISBN 979-1-095397-12-0.

Genres : bande dessinée française, jeunesse, fantastique.

L’Atelier Sentô, « Cécile Brun et Olivier Pichard, est né de voyages au Japon, de rencontres, de dessins et de photographies ramenés du pays du Soleil Levant. Ils aiment faire découvrir un Japon inhabituel, composé de villages perdus dans les montagnes, de fêtes populaires et d’esprits oubliés. Leur précédent récit – Onibi – a été récompensé par le trophée d’argent du Japan International Manga Award. » (source éditeur). Les suivre sur leur site officiel, Facebook, Instagram, Twitter et YouTube.

Cet été, dans le village de la Vallée des ombres, Naoko tenait la main de la fillette mais celle-ci a quand même disparu dans la brume… « Je savais que c’était fini, que jamais je ne la reverrais. Mais je m’obstinais à la chercher, malgré les larmes qui troublaient ma vue. » (p. 4). À sa place, un jeune homme perdu est apparu.

Chaque mois, les habitants du village se réunissent et parlent de l’ombre qu’ils ont recueilli. Naoko est la plus jeune de ce groupe ; les autres sont principalement des personnes âgées.

Mais l’ombre – le jeune homme – que Naoko a recueilli ne se rappelle absolument de rien et dans un an, elle disparaîtra comme elle est arrivée. « Ça me va. Un an ici, c’est déjà un petit bout d’éternité. » (p. 19).

De plus, autour du village, des ombres noires apparaissent.

À travers des chapitres courts, comme autant de petites histoires qui se suivent, les auteurs racontent l’histoire de Naoko et de l’ombre dont elle s’occupe. Ce premier tome couvre l’automne et l’hiver. J’ai bien aimé le poisson sauvé (p. 34) et la fin est surprenante ; j’enchaîne avec le tome 2.

La fête des ombres 2 d’Atelier Sentô.

Issekinicho, octobre 2021, 80 pages, 16,90 €, ISBN 979-1-095397-13-7.

Katsu, l’ami d’enfance de Naoko, a enfin trouvé qui est l’ombre qu’elle a recueillie. Le jeune homme est Yukito Kondo, un artiste peintre de Tokyo, qui n’est pas mort mais dans le coma depuis sa tentative de suicide il y a huit mois et il vient de se réveiller !

Naoko se rend à Tokyo. « Tokyo… La ville de tous les possibles. Combien de fois avais-je rêvé de tout quitter pour m’y installer ? Mais aujourd’hui mon excitation se teinte d’angoisse. Et si j’avais fait une grave erreur en venant ici ? » (p. 5). Elle entre en contact avec Yukito.

Ce deuxième et dernier tome, qui couvre le printemps et l’été, est encore pus dramatique que le premier mais peu à peu, des vérités se font jour. « Et dire que le festival commence demain. Si seulement on pouvait demander une année supplémentaire… Il reste tant de questions… Mais à peine quelques heures. Tout ce qu’on peut faire, c’est profiter de cette dernière journée. » (p. 56).

La fête des ombres est un très beau diptyque qui conte le Japon traditionnel et moderne, le Japon de la campagne et de la ville, et aussi l’irruption du fantastique, du surnaturel dans le quotidien des villageois. Parce que c’est tout ça le Japon, et bien plus encore ! Vous pouvez lire une interview enrichissante des deux auteurs sur Journal du Japon. J’ai beaucoup aimé suivre les saisons et l’évolution des personnages avec un texte et des dessins peints vraiment très beaux. C’est coloré, poétique, philosophique mais… Est-ce vraiment destiné à la jeunesse ?

Je mets ces deux tomes dans La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges BD 2023, Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11 et Un genre par mois (en mai, genre expressif, la narration doit être en « je » et c’est le cas pour Naoko).

 

Publicité

Boys Run The Riot 3 de Keito Gaku

Boys Run The Riot 3 de Keito Gaku.

Akata, collection Medium, août 2022, 224 pages, 8,05 €, ISBN 978-2-38212-264-1. Boys Run the Riot Vol. 3 ボーイズ・ラン・ザ・ライオット (2020) est traduit du japonais par Blanche Delaborde.

Genres : manga, seinen.

Keito Gaku 学慶人 est un mangaka transgenre, c’est sa première série manga et aucune autre info n’est disponible sur internet. Cependant, il peut être suivi sur son Instagram et son Twitter.

Nous retrouvons non seulement Ryo, Sato et Itsuka (voir Boys Run The Riot 1) mais aussi Mizuki, Shimada, etc. Après la vidéo de Wing (voir Boys Run The Riot 2), les ventes de tee-shirts décollent mais comment Ryo va-t-il gérer que son coming-out ait été fait à l’insu de son plein gré par Wing ? « Et moi, alors ? Il y a combien de gens qui regardent… et qui savent pour moi, maintenant ? Ce secret que j’ai gardé jusqu’ici… Cette vérité que je ne pouvais pas dire… Je n’aurais jamais imaginé que tout serait dévoilé de cette manière… ».

Ryo va devoir assumer !

Mais Tsubasa/Wing n’est pas un youtubeur libre, il a un patron prêt à tout. « Pour pouvoir vivre de son talent, il faut savoir faire feu de tout bois. Qu’est-ce qu’il y a à perdre ? ».

Dans ce tome, tout s’accélère ! Vite le tome suivant !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges BD 2023 et Jeunesse & young adult #12.

Boys Run The Riot 2 de Keito Gaku

Boys Run The Riot 2 de Keito Gaku.

Akata, collection Medium, mai 2022, 224 pages, 8,05 €, ISBN 978-2-38212-263-3. Boys Run the Riot Vol. 2 ボーイズ・ラン・ザ・ライオット (2020) est traduit du japonais par Blanche Delaborde.

Genres : manga, seinen.

Keito Gaku 学慶人 est un mangaka transgenre. Boys Run The Riot est sa première série manga et aucune autre info n’est disponible sur internet. Cependant, il peut être suivi sur son Instagram et son Twitter.

Quel plaisir de retrouver Ryo, Sato et Itsuka (voir Boys Run The Riot 1 de Keito Gaku). Par contre leur premier tee-shirt ne s’est pour l’instant vendu qu’en trois exemplaires… Pour créer un deuxième design et une deuxième série de tee-shirt, ils décident chacun de trouver un petit boulot.

Ryo trouve un poste dans un restaurant et fait la connaissance de Mizuki Momose (qu’on peut voir sur la couverture à ses côtés) et qui, selon Ryo, « est carrément insupportable » mais qui est étudiante en art et qui l’accepte tel qu’il est. Il y a aussi Shimada, fan de moto, et Koike, leurs collègues, euh… un peu lourds…

Un jour, Sato emmène Ryo et Itsuka chez Tsubasa, youtubeur surnommé Wing (un million d’abonnés, passage à la télévision) qui va devenir leur premier collaborateur extérieur. Et Ryo va de surprise en surprise ! « Comment tu veux que les autres te comprennent si tu te caches ? ».

D’ailleurs, choc à la fin du tome, mais deux pages pour annoncer le tome 3 et un bonus de 4 pages avec des explications sur le genre et la traduction ; hâte de lire le tome 3 !

Un plaisir cette série tant au niveau des dessins que des dialogues et de l’humour. Une série à mettre entre toutes les mains (ados, adultes) !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges BD 2023 et Jeunesse & young adult #12.

Pelote dans la fumée 1 de Miroslav Sekulic-Struja

Pelote dans la fumée 1 – L’été / L’automne de Miroslav Sekulic-Struja.

Actes Sud BD, décembre 2013, 128 pages, 24 €, ISBN 978-2-330-01286-1. Traduit du croate par Aleksandar Grujicic.

Genres : bande dessinée croate, Histoire.

Miroslav Sekulic-Struja naît le 30 août 1976 à Rijeka en Croatie. Il est peintre et auteur dessinateur de bandes dessinée, lauréat (3e prix) du concours jeunes talents du festival d’Angoulême avec L’homme qui acheta un sourire. Après Pelote dans la fumée (le tome 1 reçoit le Prix BD de Montreuil en 2015), sa nouvelle BD, Petar et Liza, paraît chez Actes Sud BD en février 2022 et apparaît dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2023.

Sur le site de l’éditeur : « Premier volume d’un diptyque. Ces deux premières saisons croates content la vie affreuse, sale et méchante des enfants dans un orphelinat pendant la guerre. Magnifié par le dessin de Miroslav Sekulic. » Le tome 2, L’hiver / Le printemps, paraît en février 2016 chez Actes Sud BD et une intégrale paraît en février 2023 chez Actes Sud BD (240 pages, 38 €).

L’été, sur une plage croate. Et sur cette plage, un garçon. « Le garçon s’appelle Ibro, mais comme il est toujours renfermé dans son monde compliqué et impénétrable… ceux qui le connaissent l’appellent… Pelote ! »

Pelote et Sandale sont frère et sœur et vivent dans le même orphelinat. Pelote est ami avec Bourdon qui a supporté les brimades avant de devenir baraqué et « le défenseur des faibles. Un vrai géant, un héros… ». Sandale est amie avec Clara qui est tout le temps rabrouée par « l’éducatrice, la Perce-oreille ». Quant à l’éducateur, les enfants le surnomment le Marteau « à cause des coups terribles qu’il nous assène sur la tête » mais, parfois, il défend les enfants contre des brutes épaisses.

Dans cette ville industrielle et industrieuse, le terrain de jeux, à part la cour de l’orphelinat, c’est la déchetterie voisine parce que la plage, c’est pour les touristes qui ont de l’argent à dépenser (dans cette déchetterie, on voit beaucoup d’objets jetés, même des voitures, donc tout le monde n’est pas pauvre dans cette ville). Mais parfois certains enfants travaillent pour les voisins… sans recevoir de revenu évidemment…

L’automne arrive avec ses pluies froides et un nouvel arrivant, Michel, qui devient le nouveau souffre-douleur. Et aussi, le père de Pelote et Sandale qui vient leur rendre visite. Mais que peut faire un alcoolique pauvre pour ses enfants… ? Les pauvres ne peuvent que « imaginer une meilleure vie, ne serait-ce que dans les chansons ». Quelles tristes vies… « En réalité, la ville entière pleura ces jours-là… ces mois-là… ces années-là ».

Mon passage préféré. « Et les rêves ? Les rêves entraient alors par les fenêtres aux carreaux cassés, accompagnés du clair de la lune et de l’odeur des pains de la boulangerie voisine et se mettaient à tournoyer autour de leurs têtes et le grognement dans leurs ventres ne partait qu’avec les premières sirènes des bateaux du matin. »

J’ai vu une erreur, les pages ne sont pas numérotés mais c’est lorsqu’il parle de la sœur aînée, Miranda : « Fine, voir invisible », c’est voire. Et dans l’extrait ci-dessus, c’est « leur ventre » parce que chacun n’a qu’un ventre et leur est déjà un adjectif possessif pluriel.

Mais les dessins, les détails, les regards et les couleurs, c’est énorme, à la fois brutal et poétique, je dirais même surréaliste (beaucoup de dessins sont en pleine page) ; quant au récit il est tellement empli de désespoir et d’empathie pour les personnages, des gosses plus ou moins orphelins, des adultes paumés, violents, impuissants face à la vie et à la misère, et puis en toile de fond, quelques illustrations de guerre (avions, bateaux…). L’auteur parle de violence, de sexualité, de drogue, d’homophobie… Et, de temps en, temps, un peu de joie avec un cirque ou une troupe de théâtre qui passent. Alors, art naïf ou art brut ? Et l’auteur s’est-il inspiré, du moins en partie, de son enfance en Croatie ? J’espère que non ; en tout cas, j’ai lu qu’il dessinait depuis tout jeune, dès l’âge de 4 ans si je me rappelle bien. Pelote dans la fumée (c’est parce que son père fumait comme un pompier en plus de boire, et l’éducateur de l’orphelinat aussi, entre autres) est digne des textes de Dickens, Dostoïevski, Hugo, Zola pour ne citer qu’eux. J’espère lire le tome 2, Hiver / Printemps et même d’autres titres de Miroslav Sekulic-Struja.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) et les challenges ABC illimité (lettre), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD, 6e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 60, une BD), Mois Europe de l’Est et Tour du monde en 80 jours (Croatie).

Super Cyprine de Tess Kinski

Super Cyprine : une vengeance corrosive de Tess Kinski.

Massot, mars 2022, 144 pages, 19,50 €, ISBN 978-2-38035-367-9.

Genres : bande dessinée française.

Tess Kinski « est une autrice et dessinatrice féministe. À la suite d’un harcèlement de rue, elle imagine une super-héroÏne vengeresse au pouvoir destructeur. C’est pour raconter cette histoire qu’elle se met à la bande dessinée. Elle vit au cœur des montagnes à Grenoble. » (source éditeur). Plus d’infos sur son site officiel.

Cette bande dessinée est dédicacée « à toutes les femmes en colère » (p. 4) mais on peut la lire même si on n’est pas en colère.

Après avoir « blessé » sans le savoir trois garçons de son lycée à Dijon, Cyprine (surnommée Cypry) se rend compte que sa cyprine (sécrétion vaginale) est corrosive. Elle ne trouve rien sur internet mais elle espère que ses études de médecine lui donneront des informations et des solutions.

Pourtant, elle arrête au bout d’un an et décide de rejoindre sa meilleure (et seule) amie à Paris. « Je n’avais pas laissé le choix à mes parents, je me débrouillerais seule, j’étais adulte. J’avais zéro plan. Je ne connaissais pas du tout Paris. J’ai beaucoup marché… au hasard. Sara ne répondait pas, comme d’habitude… En passant devant un coiffeur, j’ai soudain eu envie de changer de tête. » (p. 34-35).

Mais avec les cheveux roses, Cyprine est très voyante et se fait harceler par deux gars louches (image ci-contre, vous pouvez cliquer). Elle se réfugie alors au cabaret Mademoiselle Joséphine à Pigalle où elle fait la connaissance des créatures de la nuit, Morian, Simone, Piaf, Kiki, et elle travaille au bar avec Jean en échange du logement. « Vous étiez sublimes ce soir, le public était envoûté !! » (p. 46).

Et pendant son temps libre, elle prépare sa vengeance contre les mecs dégueus qui harcèlent les femmes. Et il y en a un paquet, dans la rue, sur internet…

Cette bande dessinée m’a été offerte par Noctenbule pour mon anniversaire en août dernier et je n’ai pas eu l’occasion (ou le temps) de la lire avant mais pour La BD de la semaine spécial 8 mars (plus de BD de la semaine chez Noukette), je me suis dit que c’était l’idéal et j’ai eu bien fait parce que c’est une super BD, féministe bien sûr mais aussi drôle et salutaire dans ce monde ouf dans lequel on vit (et souvent on subit). Vous pouvez lire une interview de Tess Kinski sur Friction Magazine que je découvre par hasard. À noter que l’autrice dessinatrice travaille sur le tome 2 et j’attends sa parution avec impatience.

Aussi pour BD 2023 et Challenge lecture 2023 (catégorie 42, un livre féministe).

Adabana 1 de Non

Adabana 1 de Non.

Kana, collection Big Kana, avril 2022, 196 pages, 12,90 €, ISBN 978-2-50511-380-5. Adabana vol. 1 (2020) est traduit du japonais par Sophie Lucas.

Genres : manga, seinen.

Non naît le 26 janvier 1987 au Japon. Avant Adabana, Delivery Cinderella (11 tomes entre 2010 et 2012, comédie érotique) et Harem Marriage ou Hare-kon (19 tomes entre 2014 et 2019, romance érotique). Harem Marriage Seconds! paraît en 2022. Hare-kon est annoncé pour 2023 par ONO (une nouvelle maison d’éditions). La suivre sur Instagram et sur Twitter.

Une petite ville de campagne, tranquille et enneigée. Mako Igarashi, une lycéenne de 17 ans, a été tuée et Mizuki Aikawa, sa meilleure amie (même âge, même lycée), va se dénoncer au commissariat avec l’arme du crime, un couteau, et se dénonce également pour un autre meurtre.

Bien sûr le lecteur sait le pourquoi du comment mais… je ne peux et ne veux rien vous dire !

Placée en détention, Mizuki refuse l’aide de l’avocat commis d’office mais « N’importe quel accusé a droit à un procès juste et équitable. Mon rôle est de me mettre à votre place et de vous aider à vous défendre, et ce quelque soit la sévérité du crime que vous avez potentiellement commis. »

Adabana est un manga de genre seinen (pour adultes), vraiment très bien dessiné et avec une histoire prenante, dense, intense. Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un (quel qu’il soit) à tuer ? Et pire encore, sa meilleure amie, sa seule amie ? Et les protagonistes, en particulier Mizuki Aikawa et Yûki Akatsuki, disent-ils la vérité ? Attention, manga violent ! Alors que les dessins sont très beaux avec cette édition grand format ! On sent l’ambiguïté et j’ai hâte de lire la suite d’autant plus qu’Adabana est une série en 3 tomes (terminée au Japon). Parfait !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Stéphie) et les challenges BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 3, un thriller psychologique), Challenge lecture 2023 (catégorie 27, un livre publié sous pseudonyme), Les dames en noir (thriller d’une autrice dessinatrice japonaise) et Polar et thriller 2022-2023.

Boys Run The Riot 1 de Keito Gaku

Boys Run The Riot 1 de Keito Gaku.

Akata, collection Medium, mars 2022, 224 pages, 8,05 €, ISBN 978-2-38212-242-0. Boys Run the Riot Vol. 1 ボーイズ・ラン・ザ・ライオット (2020) est traduit du japonais par Blanche Delaborde.

Genres : manga, seinen.

Keito Gaku 学慶人 est un mangaka transgenre, c’est son premier manga et aucune autre info n’est disponible sur internet. Cependant, il peut être suivi sur son Instagram et son Twitter.

Ryoko Watari est une fille mais elle se sent garçon et déteste l’uniforme féminin alors il se fait appeler Ryo et essaie de venir au lycée en jogging mais il est souvent rappelé à l’ordre.

Ce jour-là, un nouvel élève arrive dans leur classe, Jin Sato. « Normalement il devrait être en troisième année mais il a été longtemps absent. ». Les cheveux longs attachés en petit chignon, un look de loubard mais classe, Ryo est à la fois interloqué et fasciné.

Cependant certains lycéens se doutent de quelque chose concernant Ryo alors il doit faire profil bas même si ce n’est pas facile pour lui car ce qu’il aime ce sont les vêtements masculins. C’est justement dans une boutique spécialisée qu’il croise le nouveau, Jin, et le lendemain celui-ci lui propose de créer une marque de vêtements avec lui (puisqu’ils ont les mêmes goûts). « Ce type… comment dire… Il est bizarre, c’est sûr… Mais en même temps… ».

Sous l’influence et la compassion de Jin, Ryo va prendre confiance en lui, peu à peu, et réussir à s’affirmer, du moins à commencer de s’affirmer. « C’est quand on ignore la honte qu’on est le plus fort ! » et il crée le premier design mais il faudrait de belles photos pour la boutique en ligne…

C’est là qu’entre en jeu Itsuka Todo « Président du Club de photo du lycée… dont je suis le seul membre… ». Bref, un incompris comme eux.

Ryo est considéré comme une anomalie mais il se considère lui-même comme une anomalie. Ce n’est pas facile de s’accepter mais ne pas s’accepter, c’est laisser la porte ouverte à ceux qui n’accepteront pas non plus. Lorsqu’il s’ouvre à Jin, il a sûrement fait un premier pas même si ça lui a coûté. L’auteur, lui, raconte sans fard cette histoire de transidentité avec de beaux personnages et c’est parfait parce qu’il n’y a pas qu’au Japon que des gens se sentent enfermés dans des cases et veulent en sortir pour vivre leur vraie vie. Je remercie Sharon de m’avoir fait découvrir ce manga.

Message pour ceux qui en ont marre des « séries de lycéens », Boys Run The Riot est différente, au-dessus du lot, et pas seulement par le thème abordé, elle vous plaira c’est sûr et elle est complète en 4 tomes. De mon côté j’ai hâte de lire la suite parce que c’est super bien dessiné (univers Street et mode), énergique et drôle, et parce que je veux savoir jusqu’où Ryo et Jin, et Itsuka aussi, iront !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) et les challenges BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 19, un livre qui se passe sur une île, ici le Japon), Challenge lecture 2023 (catégorie 37, un livre dont le titre ne contient pas la lettre A, 2e billet), Jeunesse & young adult #12, Un genre par mois (toujours drame en février).

Le chant des baleines de Baudoin

Le chant des baleines de Baudoin.

Dupuis (plus au catalogue), collection Aire Libre, janvier 2005, 56 pages, 12,94 €, ISBN 2-8001-3676-6.

Genres : bande dessinée française.

Edmond Baudoin naît le 23 avril 1942 à Nice. Il abandonne une carrière dans la comptabilité pour se lancer dans la bande dessinée dans les années 1970 (dans des magazines tels Le canard sauvage, Circus, Pilote, L’écho des savanes) mais sa première bande dessinée, Civilisation, ne paraît qu’en 1981 chez Glénat ainsi que Les sentiers cimentés (1981), Passe le temps (1982), La peau du lézard (1983), Un flip coca (1984), Un rubis sur les lèvres (1986), Le premier voyage (1987), Le portrait (1990), Couma acò (1991), etc. chez Futuropolis puis il est édité par de petits éditeurs alternatifs. Au Festival d’Angoulême, il reçoit l’Alph-Art du meilleur album en 1992 pour Couma acò, l’Alph-Art du meilleur scénario en 1997 pour Le voyage et en 2001 pour Les quatre fleuves.

Un homme marche le long du port, observant les bateaux et réfléchissant. « Je n’ai rien appris de plus que ce que je savais quand j’ai quitté mon village. Mais je ne sais plus comment faire machine arrière. Trop de temps a passé. » (p. 7).

Des souvenirs remontent à la surface, un jeune homme sur un bateau, des femmes à Québec, à Chicago, un homme esseulé et insomniaque à Paris…

Il cherche une note, peut-être celle du chant des baleines… « Quelle musique ? Comment trouver sa note dans cette cacophonie ? Et surtout pourquoi essayer ? » (p. 9). Car que sont devenus les personnes qu’il a rencontrées ? « Que sont devenues mes amours ? Julie, Marion, Mathilde. Les ai-je fuis elles aussi ? Pour aller où ? Ici ? » (p. 29).

Il rencontre une jeune femme à la gare mais elle ne reste pas avec lui et continue son chemin en direction de la montagne. Plus il marche, plus le monde semble détruit, c’est qu’il se rappelle Beyrouth en 1987, le Michigan en 2000… Puis il rencontre un couple de vieux en haut de la montagne et ils lui offrent une soupe et la recette de la tarte aux myrtilles… Ils veulent entendre parler de la ville, « Parlez-nous de la vie. » (p. 42).

Mais lui veut aller au sommet du col de montagne, il a besoin de savoir ce qu’il y a de l’autre côté.

Après avoir voyagé dans le monde entier et avoir fait de nombreuses rencontres, cet homme, un musicien, se retrouve seul et il ne cherche pas sa voie mais sa note, désespérément. La vie est-elle faite de rencontres, d’incertitudes et de questionnements ?

Le dessin de Baudoin est spécial, charbonneux, détaillé (dessiné au pinceau si j’ai bien compris) mais le texte est plutôt poétique, intimiste voire métaphysique. En un mot, cette bande dessinée est un voyage à elle seule ! En consultant les autres titres de Baudoin, j’ai l’impression que je n’ai jamais lu cet auteur dessinateur auparavant, une lacune comblée donc et je lirai assurément d’autres titres !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges ABC illimité (lettre E pour prénom), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD), Challenge lecture 2023 (catégorie 28, un livre sans happy end), Les départements français en lectures (Alpes Maritimes), Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Baleines) et Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, drame).

Où est Anne Frank ! d’Ari Folman et Lena Guberman

Où est Anne Frank ! d’Ari Folman et Lena Guberman.

Calmann Lévy, collection Graphic, octobre 2021, 160 pages, 18 €, ISBN 978-2-70218-079-2. Where is Anne Frank ? (2021) est traduit de l’anglais par Claire Desserrey.

Genres : littérature israélienne, bande dessinée, littérature jeunesse.

Ari Folman naît le 17 décembre 1962 à Haïfa en Israël. Il est réalisateur et scénariste pour le cinéma. Il est scénariste de cette bande dessinée. Je me disais bien que je connaissais ce nom : j’avais beaucoup aimé le film d’animation Valse avec Bachir (2008) et il a aussi réalisé le film d’animation Où est Anne Frank (2021), site officiel (en anglais ou en allemand) et vidéo de la bande annonce ci-dessous.

Lena Guberman naît en Israël et commence à dessiner et à s’intéresser à l’art dès l’enfance. Elle étudie la communication visuelle à l’Académie Betzalel à Jérusalem et en sort diplômée en 2003. Elle est illustratrice (albums illustrés, pour les journaux), sculptrice et travaille avec Ari Folman sur The Congress (2013). Plus d’infos sur son site officiel et sur sa page FB.

De nos jours, la maison d’Anne Frank se visite. Un soir d’orage, Kitty, son amie imaginaire, sort du livre et devient réelle mais invisible. Elle voit les portraits… « Anne ?! Otto ?!… Edith ?… Où sont-ils tous ? Je commence à avoir peur. » (p. 9).

12 juin 1942, Anne reçoit un journal pour son 13e anniversaire. « Non seulement je n’ai jamais écrit, mais il me semble que plus tard, ni moi ni personne ne s’intéressera aux confidences d’une écolière de 13 ans. Mais, à vrai dire, cela n’a pas d’importance, j’ai envie d’écrire et bien plus encore de dire vraiment ce que j’ai sur le cœur une bonne fois pour toutes à propos d’un tas de choses. » (p. 13).

Bon, je ne raconte pas l’histoire, (presque) tout le monde la connaît et que vous la connaissiez ou non, lisez cette belle bande dessinée émouvante ! Mais je veux noter quelques extraits. « Anne, ma chérie, ta plus grande force, c’est ton imagination (son père, p. 54). « Personne n’en revient jamais. On raconte que ce sont des camps d’extermination. Ils séparent les hommes des femmes, les enfants des adultes. Ils tuent ceux qui sont trop faibles ou trop vieux. » (monsieur Dussel, p. 65). « Je me rends compte que cela ne nous mène nulle part. On aurait mieux fait de ne pas se cacher. Mieux vaut mourir que nourrir l’espoir que quelque chose de positif va se produire. Je n’en ai jamais eu peur, parce qu’au pire, je verrai l’au-delà comme dans la mythologie grecque : un paradis entouré de cinq fleuves magnifiques. » (Margot, la sœur d’Anne, 31 décembre 1944, p. 100).

Quant à Kitty, elle est invisible lorsqu’elle est dans la maison d’Anne Frank, mais si elle sort, elle devient visible aux yeux de tous et si elle s’éloigne du journal d’Anne, elle s’évapore. Elle est recherchée par la police car elle est partie avec le journal mais elle rencontre Peter (l’ami d’Anne s’appelait Peter) qui aide des réfugiés : il va l’aider et lui faire comprendre ce qui est arrivé à Anne et à sa famille.

Les dessins sont très beaux, l’histoire très fluide et j’aimerais bien voir le film d’animation. L’objectif des deux auteurs, avec ce roman graphique transposé à notre début de XXIe siècle, est « de toucher le plus grand nombre de jeunes lecteurs du monde entier. » (p. 156) et de faire comprendre qu’encore maintenant il y a des enfants et des familles qui sont touchés par la guerre et ont besoin d’aide. Une histoire profondément humaniste (et c’est bien un ! et pas un ? dans le titre).

Ils ont lu ce roman graphique (et/ou vu le film) : Bazaart de Baz’art, Calypso d’Aperto libro, Karine de Les chroniques de Koryfée, Mamzelle Potter, Raphaéla de CinéChronicle, d’autres ?

Pour 2023 sera classique (pour l’adaptation du Journal d’Anne Frank), ABC illimité (lettre F pour nom), BD 2023, La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD ou un manga, 3e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 25, un livre sur le thème de la seconde guerre mondiale), Jeunesse & young adult #12, Lire (sur) les minorités ethniques (j’ai vérifié, les Juifs ont toujours été une minorité ethnique, religieuse et persécutés…), Littérature de l’imaginaire #11 (je mets dans ce challenge parce que l’amie imaginaire prend vie, c’est donc du fantastique), Petit Bac 2023 (catégorie Prénom pour Anne), Tour du monde en 80 livres (Israël), Un genre par mois (en février, du rires au larmes, (romans feel good ou) drame).

Boubou et ses amis de Yoon-sun Park

Boubou et ses amis de Yoon-sun Park.

Biscoto, janvier 2022, 96 pages, 16 €, ISBN 978-2-37962-046-1.

Genres : bande dessinée sud-coréenne, littérature jeunesse, nouvelles.

Yoon-sun Park naît le 16 juin 1980 à Séoul en Corée du Sud. Elle étudie le design à l’université nationale de Séoul et devient illustratrice. Elle est en résidence à Angoulême en 2008 et se fait connaître des lecteurs francophones avec Sous l’eau, l’obscurité (Sarbacane, 2011). Suivent une dizaine de titres pour adultes ou pour la jeunesse qui lui rapportent des prix à Angoulême ou à Montreuil. En mars dernier, j’ai déjà lu Où est le Club des Chats que j’avais beaucoup aimé mais je n’ai pas (encore) publié ma note de lecture. Plus d’infos sur son blog.

L’anniversaire de Boubou – Boubou est le chien d’Antonin et « aujourd’hui, c’est son anniversaire ! » (p. 9). Antonin et ses amis, Zoé et Raoul, veulent préparer un gâteau pour Boubou mais « le chocolat, c’est du poison pour les chiens ! » (p. 13).

Les clés magiques – Zoé a trouvé 3 clés magiques mais Antonin et Raoul ne croient pas qu’elles soient magiques… Pas de problème, « Zoé va leur montrer ! » (p. 23). Et c’est toute une aventure… magique que vont vivre les enfants et le chien Boubou.

L’école un peu spéciale… – C’est l’heure d’aller à l’école mais Antonin traîne… et il envoie Boubou à sa place ! D’autres ont eu la même idée que lui ! Les élèves vont recevoir un cours bizarre de mathématiques et tout aussi bizarre d’anglais !

Boubou et les bonbons – Les enfants et Boubou veulent profiter de Halloween pour « sonner chez les voisins » (p. 55) et réclamer des bonbons mais un lutin vert les entraîne dans le reflet du miroir. « Hi hi. Si vous avez VRAIMENT  pas peur, venez ! » (p. 59).

Boubou dans la neige – C’est l’hiver et « Antonin a promis à Boubou : Dès qu’il neigera, on ira s’amuser dehors. Autant que tu voudras ! » (p. 73). Mais quand la première neige arrive, c’est la nuit et tout le monde dort… Comment Boubou va-t-il pouvoir profiter de la neige ?

Une belle bande dessinée atypique avec 5 histoires tendres et / ou amusantes. Les jeunes vont s’attacher à Boubou et ses amis et vivre de folles aventures. Mais les grands apprécieront aussi le style et l’humour loufoque de l’autrice.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges BD 2023, ABC illimité (lettre B pour titre), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 22, cette bande dessinée est un recueil de 5 nouvelles), Challenge lecture 2023 (catégorie 39, un livre d’une autrice coréenne), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11 et Tour du monde en 80 livres (Corée du sud).