Au service secret de Marie Antoinette 2 – Pas de répit pour la reine de Frédéric Lenormand.
La Martinière, octobre 2019, 336 pages, 14,90 €, ISBN 978-2-73249-188-2.
Genres : littérature française, roman policier historique.
Frédéric Lenormand naît le 5 septembre 1964 à Paris. Il grandit au milieu de la culture grâce à sa famille (père professeur, mère directrice d’un centre de documentation, grand-père collectionneur d’art japonais). Il est diplômé en langues (anglais, italien et russe) et étudie à l’Institut d’études politiques de Paris puis à la Sorbonne. À 24 ans, il écrit ses cinq premiers romans puis enchaîne avec les séries policières historiques comme Les nouvelles enquêtes du Juge Ti (27 tomes entre 2004-2021), Les mystères de Venise (5 tomes entre 2008-2012, sous le pseudonyme de Loredan), Voltaire mène l’enquête (13 tomes entre 2011-2020), Arsène Lupin (4 tomes entre 2018-2022), Au service secret de Marie Antoinette (7 tomes entre 2019-2022), entre autres, plus des romans, des essais, du théâtre et de la littérature jeunesse. J’ai rencontré Frédéric Lenormand aux Quais du polar (Lyon) le 30 mars 2013 et il m’a dédicacé une des Nouvelles enquêtes du Juge Ti (je ne sais plus quel titre, il faudrait que je le retrouve, il est sûrement encore dans un carton) ; je l’ai trouvé très sérieux mais ce fut agréable de discuter avec lui (photo ci-dessous). Plus d’infos sur sa page FB.
Après avoir vu cette série chez Sharon, j’ai été tentée et j’ai réservé les deux premiers tomes qui étaient disponibles dans les bibliothèques, malheureusement je n’ai reçu que le tome 2, donc je lirai L’enquête du Barry, le premier tome, plus tard, tant pis…
Avril 1775, Paris. Rose Bertin est couturière, habilleuse attitrée de la reine. Léonard Autier est coiffeur et perruquier, il tient un salon avec ses deux jeunes frères, Jean-François et Pierre, il est coiffeur attitré de la reine.
Les deux ne s’entendent pas (insultes savoureuses à découvrir) mais, après avoir habillé et coiffé la maréchale de Rochambeau, ils achètent ensemble un billet de loterie pour les bonnes œuvres (la farine a augmenté, personne ne sait pourquoi, et le pain est hors de prix). À leur grande surprise, leur billet à dix sous, le n° 326, gagne « Une splendide œuvre d’art traditionnel des Amériques rapportée par nos valeureux navigateurs ! […] Elle représentait un bonhomme grimaçant, au nez crochu, coiffé d’une couronne de plumes. […] pas très haute […] très massive, compacte, et même pesante. » (p. 22-23). Bizarrement plusieurs personnes veulent leur acheter cette statuette noire, allant même jusqu’à proposer quinze livres ! Rose et Léonard s’enfuient et, lorsque Léonard fait tomber la statuette, Rose comprend : le noir n’est que de la peinture, la statuette est en or massif !
Alors qu’ils retournent chacun à leur boutique, Léonard est alpagué par des messieurs de la guilde des perruquiers-barbiers-chirurgiens de Paris (qu’est-ce que les trois métiers ont à voir entre eux ?). S’il veut conserver la mention « Maître Perruquier » sur son enseigne, il doit avoir l’approbation de la guilde et donc savoir couper un membre, recoudre une plaie, saigner un patient… « Votre ignorance est un outrage à la tradition millénaire de notre corporation ! Sans diplôme de chirurgie, point d’agrément ! » (p. 29). Gloups… Dès le lendemain, Léonard se rend au collège Saint-Côme pour suivre les cours de « Timoléon Rainssard, l’éminent spécialiste du squelette et des organes internes » (p. 31) et il va apprendre des choses bien utiles pour mener des enquêtes, « établir la cause d’un décès grâce à l’examen d’ossements, même très anciens. […] identifier les maladies, les épidémies, les maux divers […] et percer à jour, a posteriori, les manigances des assassins – notamment celles des empoisonneurs, qui sont les plus pervers. […] Voilà qui pouvait aider la police, se dit Léonard. Partant, cela pouvait manifestement aussi aider les coiffeurs aux ordres de la reine. » (p. 32).
C’est grâce à un orfèvre, collectionneur d’origine espagnole, Rubino de Bazazia, que Rose et Léonard apprennent l’histoire de la statuette en or et du fabuleux trésor perdu du pirate Henry Morgan qui reçut cinq malédictions. Comme la statuette est maudite, il refuse de l’acheter et les renvoie chez eux.
Quelques jours après, à Versailles. Ayant raconté une partie de l’histoire de Morgan à Marie-Antoinette, la reine charge Rose et Léonard de retrouver le reste du trésor ainsi elle pourra offrir du pain au peuple. On est loin du « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! », phrase que Jean-Jacques Rousseau dit être celle d’une « grande princesse » (sans la citer) dans ses Confessions (écrites en 1765 et publiées en 1782) et attribuée faussement à Marie-Antoinette. Comment les deux larrons vont-ils trouver un trésor perdu au large « de l’île de Saint-Gonâve, dans la grande baie du côté français de Saint-Domingue. » (p. 59) ? Je vous laisse le découvrir en lisant ce roman à la fois historique et divertissant, genre cozy mystery à la française. Car, de la même façon que la reine d’Angleterre ne peut quitter son palais pour enquêter, elle envoie sa secrétaire particulière, Rozie Oshodi (je parle de Sa Majesté mène l’enquête 1 – Bal tragique à Windsor de S.J. Bennett qui m’avait aussi enchantée mais il y a aussi la série Son espionne royale de Rhys Bowen ou la reine anglaise précédente envoie Georgina enquêter), ici Marie-Antoinette prisonnière du palais de Versailles et espionner par tous, a trouvé deux bons enquêteurs qui peuvent aller partout vu leurs métiers, Rose et Léonard.
C’est aussi un roman social qui se déroule entre avril et mai 1875 et qui parle de la guerre des farines, des augmentations exagérées du prix du pain, du peuple en colère qui se révolte, de Turgot qui avec son libéralisme à l’anglaise embobine le roi Louis XVI (plus préoccupé par ses serrures et ses mécanismes d’horlogerie que par le fait de gouverner mais qui aime son peuple et refuse que les soldats tirent), Turgot donc qui reste sur ses décisions au détriment des avis des autres ministres, mais la reine Marie-Antoinette œuvre en secret (avec Rose et Léonard) pour nourrir le peuple ! D’ailleurs, je pense que plusieurs lecteurs ont eu, comme moi, envie de déguster les macarons qui apparaissent sur la couverture, eh bien le roman est comme ces impertinents macarons (en période de disette), coloré et délicieux !
Quelques jeux de mots amusants avec les ossements de Blanquette de Limoux (p. 33) ou l’alcool la prunelle de Meyzieu (p. 100) et des clins d’œils aux événements qui ont secoué la France avant la pandémie (manifestations, gilets jaunes…).
Sharon qui a lu Le coiffeur frise toujours deux fois (tome 6) et L’enquête du Barry (tome 1) a bien raison, cette série est « très plaisante » et j’ai hâte de lire les autres tomes même si je dois les lire dans le désordre !
Ils l’ont lu : Bianca de Des livres, des livres, Catherine de Ballade au fil de l’eau, Froggy, Sharon (citée plus haut), d’autres ?
Pour Polar et thriller 2022-2023 et Vendredi Lecture avec le thème de septembre, polar historique (je n’ai pas compris si on devait publier le(s) billet(s) en septembre et avant le 4 octobre, date sur le logo ou uniquement le 4 octobre, tant pis…).