La petite voleuse de la Tour Eiffel de Manini, Richez et Ratte

La petite voleuse de la Tour Eiffel de Manini, Richez et Ratte.

Grand Angle, septembre 2021, 64 pages, 16,90 €, ISBN 978-2-8189-7897-9.

Genres : bande dessinée française, Histoire, policier.

Jack Manini naît le 9 juillet 1960 à Montargis dans le Loiret. Il étudie les Arts appliqués, publie dans des magazines (Circus, Pilote…) et Futuropolis édite sa première bande dessinée en 1985. Sur cette BD, il est scénariste.

Hervé Richez naît le 23 juillet 1967 à Saint Malo dans le Nord. Il étudie l’économie scientifique et suit des études commerciales à Lille mais se lance en 1997 dans la bande dessinée. Il est directeur éditorial chez Bamboo. Sur cette BD, il est scénariste.

David Ratte naît le 13 août 1970 à Besançon dans le Doubs. Il étudie d’abord l’architecture d’intérieure puis le dessin publicitaire mais devient commercial dans la métallurgie avant de se lancer en 2007 dans la bande dessinée. J’ai déjà lu sa trilogie Toxic Planet et Le voyage des pères (tomes 1 et 2, tome 3), j’en ai profité pour rapatrier les notes de lecture sur ce blog. Sur cette BD, il est dessinateur et coloriste.

Des mêmes auteurs : Le canonnier de la Tour Eiffel, histoire complète et indépendante parue en mai 2021.

Paris, octobre 1904. La IIIe république est en danger !

L’inspecteur Jules Dormoy et son équipe trouve un noyé, Jules Granjean, un magicien qui laisse une tourterelle dans une cage et une lettre d’amour.

Au même moment, un complot pour rétablir la royauté se met en place et de nombreuses personnes sont victimes de vols à la Tour Eiffel y compris le personnel « au service des Parisiens ».

Mais qui est cette vieille dame avec son panier de violettes ?

Dormoy qui vit avec plusieurs animaux sauvages rescapés va – un peu à l’insu de son plein gré – découvrir une voleuse, Juliette, et résoudre l’affaire des fiches.

Je ne vous en dis pas plus, ce serait divulgâcher ! Cette bande dessinée n’est pas si légère que ça (elle se situe au tout début du XXe siècle avec une affaire politique que je ne connaissais pas) mais elle est fraîche, pétillante et il y flotte comme une charmante odeur de violettes.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka), BD 2022, Les textes courts et dans les deux nouveaux challenges illimités Les départements français en lectures (le Loiret pour Jack Manini) et ABC illimité (à la lettre P avec le titre).

Go West Young Man de Tiburce Oger

Go West Young Man de Tiburce Oger avec la collaboration de Hervé Richez.

Grand Angle, novembre 2021, 112 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-8189-8320-1.

Genre : bande dessinée française, western, Histoire.

Tiburce Oger naît le 21 avril 1967 à La Garenne Colombes (Hauts de Seine, Île de France). Il étudie les Beaux Arts à Angoulême puis travaille pour des séries animées. Il devient scénariste et dessinateur de bandes dessinées. Son premier titre est Gorn (Vents d’Ouest, 11 tomes entre 1992 et 2008). D’autres bandes dessinées suivent chez Vents d’Ouest, les Humanoïdes associés, Delcourt, Casterman, Daniel Maghen ou Rue de Sèvres. Il existe un tirage luxe noir et blanc de Go West Young Man.

XVIIIe et XIXe siècles, le rêve américain, la Conquête de l’Ouest. Le fil directeur de chaque histoire ou flashback est la montre à gousset de Sanchez.

Golden Watch, Nouveau-Mexique, 1938. Dessins et couleurs de Paul Gastine. Sanchez, un éleveur, s’apprête à vendre son ranch et ses chevaux.

Deux paroles, Pennsylvanie, 1763. Dessins et couleurs de Patrick Prugne. Les Indiens emmenés par « le grand chef Pontiac, ami des Français » (p. 5) veulent récupérer les terres que les Britanniques ne leur ont pas restituées mais ils sont décimés par la variole.

Malheur River, Yellowstone River, 1825. Dessins et couleurs d’Olivier Taduc. James Clyman, un Mountain Man de l’American Fur Company va épouser Nattes sur les joues, « une sauvageonne païenne » (p. 13).

Conestoga, Missouri, 1842. Dessins de Benjamin Blasco-Martinez et couleurs de Serial Color. Kathryn, une femme blanche, et Jonathan, un homme noir, fuient la Louisiane et l’esclavage. Mais Jonathan est tué et le convoi conduit par John Golder est attaqué par des Indiens.

Pyramid Lake War, Utah, 1860. Dessins et couleurs de Ralph Meyer. William Golder a 11 ans et il a récupéré le cheval et les courriers du Pony Express, il veut tout livrer pour devenir un héros mais c’est son dernier voyage…

Ne meurs pas, Fairfax, 1863. Dessins et couleurs de Félix Meynet. L’enfer de la guerre de Sécession.

Les sœurs Austin, Texas, 1875. Dessins et couleurs de Dominique Bertail. Les deux nièces de miss Taffin ont été enlevées par des Cheyennes. Deux hommes courageux tentent de les délivrer.

J’ai connu Wild Bill, territoire indien, 1879. Dessins de Hugues Labiano et couleurs de Jérôme Maffre. Au Texas, une diligence est attaquée par des soudards. À bord, une femme et un enfant, tous deux tués. « On tue jamais par plaisir, je crois… On tue par peur… » (p. 59). Le marshall qui a connu Wild Bill Hickok, emmène le criminel, Douglas Mac Gerthy, à Fort Smith pour qu’il soit pendu. « Voilà, Douglas… On peut tuer pour une montre. Tu l’as fait, Hickok l’a fait… » (p. 63).

L’ours, Montana, 1881. Dessins de François Boucq et couleurs de Jack Manini. Miles City est sous les eaux car la Tongue River a débordé. Un trappeur boit un coup au saloon, il porte un beau manteau en peau d’ours.

The girls and the doc, Kansas, 1882. Couleurs et dessins d’Éric Hérenguel. Au Murray Inn, Gregorwsky tue une prostituée, Mary. Le doc Bernstein qui s’occupe de la santé des prostituées veut faire la peau à cet homme violent.

La lettre. Dessins de Michel Blanc-Dumont & Steve Cuzor et couleurs de Tom Cuzor. « Colorado, septembre 1883. Meredith, ma chère petite, je saisis la plume ce matin avant de reprendre la route. […]. » (p. 81). Meredith est entrée au sanatorium de Saint-Joseph et l’homme espère trouver en Californie, un médecin capable de la soigner mais les Indiens sont à l’affût…

La montagne qui parle, Arizona, 1885. Dessins et couleurs de Christian Rossi. À Chiricahua Mountain, le sergent Lewis en poste à Fort Bowie est menacé par un crotale. Il raconte comment il en est arrivé là.

Cattle Kate, Wyoming, 1894. Dessins de Michel Rouge et couleurs de Corentin Rouge. Nate Lewis court pour sauver son épouse et leur fils, James.

Viva Villa, région de Chihuahua, 1916. Dessins et couleurs de Ronan Toulhoat. Rodrigo donne l’alerte, une vingtaine de cavaliers gringos (ou americanos) arrivent au village de San Miguel (Mexique). Il faut protéger Pancho Villa !

Golden Watch, Nouveau Mexique, 1938. Dessins et couleurs de Paul Gastine. On retrouve Sanchez, actuel propriétaire d’une montre en or à gousset qui vend son ranch et ses chevaux.

Quinze histoires, un même scénariste mais quatorze dessinateurs différents (même dessinateur pour Golden Watch du début et de la fin). Pas d’inquiétude, il y a une belle diversité mais aussi une belle unité dans cet incroyable projet historique et artistique. Quinze histoires qui vont de 1763 à 1938 soit 175 ans d’occupation du territoire américain, d’est en ouest, de dangers, de guerres contre les Indiens, d’exactions, de tueries, de massacres, de bons moments aussi, parfois.

Ce n’est pas le rêve américain dans toute sa splendeur ! C’est sombre, c’est brutal, ça tue des Indiens, mais aussi des femmes, des enfants… C’est sûrement très proche de la réalité. Et c’est surtout une grande réussite ! Comme je le disais en début de billet, la montre est le fil directeur de ces (petites) histoires, de cette (grande) Histoire, une montre anglaise en or de belle valeur, donnée, reçue, volée, qui aura connu de nombreux propriétaires. Cette bande dessinée n’est pas réservée qu’aux amateurs de western !

La petite histoire de Go West, Young Man. Go West, Young Man, Go West est une expression de John Babsone Lane Soule (1815–1891) datant de 1851 (Dictionary of American History). Elle fut reprise par Horace Greeley (éditeur du New York Tribune) dans un éditorial de 1865 pour encourager la conquête de l’Ouest. Trois films (réalisés en 1918, 1936 et 1980) portent le titre Go West, Young Man.

Pour La BD de la semaine (mais j’ai pris du retard et je n’ai pas donné mon lien…), le challenge BD 2022 (il est de retour !), Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 32, un livre d’un auteur de la même nationalité que moi), Book trip mexicain (pour l’histoire Viva Villa, avec Pancho Villa), Challenge lecture 2022 (catégorie 23, un livre avec plusieurs points de vue, je le choisis parce qu’il y a plusieurs points de vue au niveau historique mais surtout au niveau artistique, chaque dessinateur ayant son propre style), Des histoires et des bulles (catégorie 30, une BD western), Petit Bac 2022 (catégorie Verbe pour Go, verbe anglais) et Un genre par mois (en mars, c’est le genre historique). Plus de BD de la semaine chez Stéphie.

Les lumières de l’Aérotrain de Ducoudray et Corgié

Les lumières de l’Aérotrain de Ducoudray et Corgié.

Grand Angle, juin 2018, 84 pages, 16,90 €, ISBN 978-2-81894-515-5.

Genre : bande dessinée française.

Aurélien Ducoudray naît en 1973 à Châteauroux (Indre). Il est scénariste de bandes dessinées. Du même auteur : Championzé (2010), The Grocery (2011-2016), Amère Russie (2014-2015), Bob Morane Renaissance (2015-2016), L’anniversaire de Kim Jong-Il (2016), Les chiens de Pripyat (2017-2018), entre autres et dernièrement Rendez-vous avec X – L’ affaire Pilecki (2020). Son blog, Boula Matari, pas mis à jour depuis août 2016.

Johann Corgié étudie à l’école Pivaut (Nantes) pour devenir coloriste. Ce qu’il fait pendant 8 ans et une trentaine d’albums avant de devenir dessinateur pour le jeu vidéo. Les lumières de l’Aérotrain est sa première bande dessinée. Bravo ! Portfolio sur son site officiel.

Hervé Commereau et Romuald (Romu) Perrier sont deux ados qui vivent dans une petite ville. Ils s’ennuient et font les 400 coups. Surtout Hervé qui commence à s’intéresser aux filles et qui redouble pour la 3e fois. Romu n’ose pas lui dire qu’il passe en seconde pour ne pas lui gâcher ses vacances d’été. Lui est passionné par les trains (il connaît tous les horaires par cœur) et veut en faire son métier. Ils sont amis avec Mathilde Domenier, une jeune femme, grosse mais bien dans sa peau, caissière à l’hyper-marché. Arrive une nouvelle voisine, Lucie, grande, mince (plutôt taille 34)..

J’aime bien Romu ; deux fois, il y a quelque chose à voir et… « Ah ! J’ai pas mes lunettes ! », hi hi hi !

Cette bande dessinée est une parfaite collaboration entre le scénariste et le dessinateur ; elle est réussie tant au niveau du scénario que du dessin qui accompagne vraiment bien. Les quatre personnages principaux (ils sont sur la couverture) sont agréablement servi par le dessin et leurs caractéristiques. Il y a parfois de l’humour mais c’est plutôt une histoire douce-amère sur l’adolescence, la vie et l’ennui. Mais l’histoire se transforme en drame !

Une excellente BD pour La BD de la semaine, les challenges BD et Jeunesse Young Adult #10. Plus de BD de la semaine chez Moka.

Jamais de Duhamel

Jamais de Duhamel.

Bamboo – Grand Angle, janvier 2018, 62 pages, 15,90 €, ISBN 978-2-8189-4381-6.

Genre : bande dessinée.

Bruno Duhamel naît le 18 octobre 1975 à Mont-Saint-Aignan en Normandie. Il étudie les Arts plastiques et les Beaux-Arts (morphologie) à Paris puis la bande dessinée à l’École européenne supérieure de l’image à Angoulême. Il travaille un peu pour le jeu vidéo avant de se consacrer à la bande dessinée, d’abord avec Brrémaud (Kochka, Harlem, Butch Cassidy) ou Kris (Les brigades du temps). Plus d’infos sur son site officiel, http://www.hibbouk.com/.

Sur la D75, en Normandie, un charmant village côtier, Troumesnil, apprécié pour « sa plage, ses falaises, son grand marché aux poissons » (p. 3). Madeleine est une des habitantes : c’est une petite vieille aveugle que le maire veut obliger à s’installer à la Résidence des Hortensias « tout confort » mais Madeleine ne veut pas quitter sa maison et son gros chat, Balthazar. Son mari, Jules, a disparu en mer et elle attend toujours son retour ou du moins elle agit comme s’il était là. Mais la maison de Madeleine est sur une falaise et c’est réellement dangereux à cause de l’érosion… « Je ne quitterai JAMAIS cette maison ! » (p. 47).

« Face à une catastrophe naturelle, il faut une force de la nature. Madeleine, c’est les deux. » dit la 4e de couverture. Et elle est attachante, Madeleine, je dirais même qu’elle est mignonne mais obstinée ! Elle résiste au maire, elle résiste à la vie (elle a apparemment 95 ans), elle résiste à la falaise. Elle veut garder sa liberté, son indépendance (les animaux sont interdits à la résidence et je ne trouve pas ça normal du tout !). Elle vit au milieu de ses souvenirs, elle ne voit pas mais elle se souvient de tout et elle veut conserver ça jusqu’au bout. Les dessins sont très beaux avec leurs tons principalement bleus et verts. Le maire et son épouse, Josiane, sont réussis, très expressifs, et les habitués du bar-restaurant Le Goéland aussi, toute une galerie de personnages. Il y a de l’humour dans l’air pour parler de la façon dont on traite les personnes âgées, les personnes handicapées (doit-on décider pour elles ?) et aussi le pompier noir bien sympathique et plein de bon sens. Et puis, il y a plein de détails amusants, par exemple Madeleine dit qu’il y a canicule car il n’a pas plu depuis quelques jours mais le thermomètre affiche 16 ou 17 degrés !

L’histoire compte 54 pages et, à la fin, il y a 8 jolies pages de « making of » avec des croquis, des photos, des crayonnés et des mises en couleur.

Une belle bande dessinée, émouvante, pleine de tendresse qui me donne très envie de lire d’autres titres de Duhamel.

Pour les challenges BD, La BD de la semaine, Un max de BD en 2018Challenge de l’été 2018 et Petit Bac 2018 (rubrique Titre mot unique).