Adabana 1 de Non

Adabana 1 de Non.

Kana, collection Big Kana, avril 2022, 196 pages, 12,90 €, ISBN 978-2-50511-380-5. Adabana vol. 1 (2020) est traduit du japonais par Sophie Lucas.

Genres : manga, seinen.

Non naît le 26 janvier 1987 au Japon. Avant Adabana, Delivery Cinderella (11 tomes entre 2010 et 2012, comédie érotique) et Harem Marriage ou Hare-kon (19 tomes entre 2014 et 2019, romance érotique). Harem Marriage Seconds! paraît en 2022. Hare-kon est annoncé pour 2023 par ONO (une nouvelle maison d’éditions). La suivre sur Instagram et sur Twitter.

Une petite ville de campagne, tranquille et enneigée. Mako Igarashi, une lycéenne de 17 ans, a été tuée et Mizuki Aikawa, sa meilleure amie (même âge, même lycée), va se dénoncer au commissariat avec l’arme du crime, un couteau, et se dénonce également pour un autre meurtre.

Bien sûr le lecteur sait le pourquoi du comment mais… je ne peux et ne veux rien vous dire !

Placée en détention, Mizuki refuse l’aide de l’avocat commis d’office mais « N’importe quel accusé a droit à un procès juste et équitable. Mon rôle est de me mettre à votre place et de vous aider à vous défendre, et ce quelque soit la sévérité du crime que vous avez potentiellement commis. »

Adabana est un manga de genre seinen (pour adultes), vraiment très bien dessiné et avec une histoire prenante, dense, intense. Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un (quel qu’il soit) à tuer ? Et pire encore, sa meilleure amie, sa seule amie ? Et les protagonistes, en particulier Mizuki Aikawa et Yûki Akatsuki, disent-ils la vérité ? Attention, manga violent ! Alors que les dessins sont très beaux avec cette édition grand format ! On sent l’ambiguïté et j’ai hâte de lire la suite d’autant plus qu’Adabana est une série en 3 tomes (terminée au Japon). Parfait !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Stéphie) et les challenges BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 3, un thriller psychologique), Challenge lecture 2023 (catégorie 27, un livre publié sous pseudonyme), Les dames en noir (thriller d’une autrice dessinatrice japonaise) et Polar et thriller 2022-2023.

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Tant de chiens de Boris Quercia

Tant de chiens de Boris Quercia.

Asphalte, novembre 2015, 208 pages, 21 €, ISBN 978-2-918767-55-8. Perro muerto (2017) est traduit de l’espagnol (Chili) par Isabel Siklodi.

Genres : littérature chilienne, roman policier.

Boris Quercia naît le né 31 août 1967 à Santiago au Chili. Il étudie le théâtre à la prestigieuse Université du Chili et fonde le Teatro Provisorio. Il est comédien, réalisateur, scénariste, producteur et… romancier. Il est surtout connu pour la série policière Santiago Quiñones (3 tomes entre 2014 et 2016). Tant de chiens, le 2e tome, reçoit le Grand prix de littérature policière 2016.

Une maison de San Luis à Quilicura (aire urbaine de Santiago). Santiago Quiñones et Heraldo Jiménez se font tirer dessus aux pistolets mitrailleurs par des narcos. Jiménez est blessé, au moins deux fois, et Quiñones ne peut pas faire grand-chose d’autant plus que « les types du gang lâchent les chiens. Des rottweilers, des diables noirs qui bavent et grognent férocement. » (p. 7-8).

Quiñones est à l’enterrement de son collègue ; il ne veut pas rentrer chez lui, ça ne va plus avec Marina… Il se rend à Nouvelle Lumière parce que Jiménez en était membre et y rencontre Yesenia Casales, qu’il a connue lorsqu’elle était enfant. Sait-elle qu’il est devenu policier ? Elle lui dit « J’ai besoin de tuer quelqu’un. » (p. 18) et elle lui explique pourquoi (effectivement, je comprends…). « Tuer n’est pas facile, même si on est prêt à le faire, ni gratuit, même si on le croit. La douche du matin ne sera jamais suffisante pour nous sortir de la tête les fantômes qui ont grandi pendant la nuit dans nos cauchemars. Mais il y a des gens qui méritent la mort et il faut bien que quelqu’un s’en occupe, même si personne ne veut. » (p. 26).

Mais Quiñones n’a pas pu tuer l’homme, au contraire c’est lui qui a été blessé… « Si tu es un chien de narco, tu es là pour sauter au cou du premier flic qui entrouvre la porte ; si tu es un chien de flic, tu es à l’aéroport pour trouver de la came. Personne n’en a rien à foutre, un jour tu respires, le lendemain tu crèves. Remuer la queue ou utiliser un téléphone portable, ce n’est pas très différent. Je me sens comme un chien blessé qui lèche ses plaies. […] Quelle connerie, d’être un homme et de vivre comme un chien ! » (p. 48).

Les chapitres sont courts et ce polar est un vrai page turner. C’est que Quiñones est dans un sacré merdier et qu’il est surveillé par des agents pas commodes des Affaires internes de Valparaíso d’où venait Jiménez. Participait-il à un trafic de drogues comme ils le disent ou enquêtait-il contre un commissaire véreux et pédophile ?

Pas joyeuse, la vie en Amérique latine… Je dis ça parce que, pour le Mois du polar et le Mois Amérique latine, je viens de lire Électre à La Havane de Leonardo Padura qui était plus violent et plus sombre. Tant de chiens est peut-être plus philosophique mais tout aussi sordide. L’auteur montre que ceux qui ne peuvent pas se défendre (les pauvres, les enfants, etc.) sont bousillés dans leur âme ou dans leur chair et que ceux qui ont le pouvoir s’en sortent (presque) toujours.

L’auteur parle plusieurs fois des Mapuches, « Peuple de la Terre », peuple autochtone du Chili (et d’Argentine aussi) devenu minorité ethnique (4 % de la population selon le recensement officiel de 2022, source Wikipédia), de leurs conditions de vie et de leur niveau d’étude inférieurs aux Chiliens modernes. C’est pourquoi je mets aussi cette lecture dans Lire (sur) les minorités ethniques.

Quant à Santiago Quiñones, c’est un homme malmené par la vie (père parti lorsqu’il était enfant, alcool, drogues, problèmes de couple) et donc un peu paumé mais je l’ai trouvé attachant et intègre dans son travail de policier. Avec un brin d’humour (je pense que vous avez remarqué le jeu de mots dans le titre) et un minimum d’espoir (un gentil chien, un beau lever de soleil…), l’auteur délivre des événements affreux tout en captivant ses lecteurs. Et la traduction de ce roman noir est, à mon avis, une réussite.

Mon passage préféré. « Il faudrait une bonne pluie qui puisse nettoyer toute cette merde, me dit le marchand de journaux en me donnant un paquet de cigarettes, je lui dis oui pendant que je l’ouvre et j’allume une clope. Il ne sait pas qu’aucune pluie ne pourra jamais nettoyer toute cette merde, même s’il pleuvait comme pendant le Déluge. » (p. 157).

Une faute, page 134, « On la stabilisée » au lieu de On l’a stabilisée.

Encore une belle découverte pour moi qui découvre cet auteur et j’espère pouvoir lire le 1er tome de la série, Les rues de Santiago (Asphalte, 2015) et le 3e tome, La légende de Santiago (Asphalte, 2018).

Cette lecture entre aussi dans ABC illimité (lettre Q pour nom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case 14, le nom d’un animal dans le titre), Challenge lecture 2023 (catégorie 21, un livre d’un auteur qu’on n’a jamais lu, 3e billet), Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Chiens), Polar et thriller 2022-2023, Tour du monde en 80 livres (Chili) et Un genre par mois (que de drames pour ce challenge en février !).

Électre à La Havane de Leonardo Padura

Électre à La Havane de Leonardo Padura.

Métailié [lien vers l’édition poche], collection Suites, avril 1998, 230 pages, 8,54 €, ISBN 978-2-86424-323-7. Máscaras (1997) est traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis et Mara Hernández.

Genres : littérature cubaine, roman policier.

Leonardo Padura naît le 9 octobre 1955 à La Havane à Cuba. Il étudie la littérature hispano-américaine et le latin à l’Université de La Havane. Il est journaliste, critique littéraire, scénariste et activiste. Il commenc à écrire des romans policiers (avec le lieutenant Mario Conde, entre autres) dans les années 1990. Máscaras reçoit le Prix Café Gijon 1995 et le Prix Hammet 1998. Malheureusement je n’ai pas pu avoir Pasado perfecto (1991) et Vientos de cuaresma (1994) qui sont les deux premiers tomes de la série Mario Conde – Les quatre saisons, Máscaras (1997) étant le troisième et Paisaje de otoño (1998) le quatrième.

Déjà, je tiens à vous dire que je ne suis pas sûre d’avoir déjà lu Leonardo Padura mais je pense que c’est sûrement mon premier titre de lui. Je suis prise dès le début par sa description de la ville, des gens et des animaux avec la chaleur et la poussière de ce mois d’août 1989. « La chaleur écrase tout, tyrannise le monde, ronge ce qui peut être sauvé et ne réveille que les colères, les rancunes, les envies, les haines les plus infernales, comme si son but était de hâter la fin des temps, de l’histoire, de l’humanité et de la mémoire… » (p. 13). D’où l’affreux crime commis ?

Bien que suspendu parce qu’il s’est bagarré avec un autre lieutenant, le lieutenant Mario Conde doit s’occuper d’une enquête : un travesti, Alexis Arayán Rodríguez, a été retrouvé mort dans le Bois de la Havane. Le rouge (la longue robe, le châle, le rouge à lèvres et le vernis à ongles) interpelle Conde. Pourquoi la victime ne s’est-elle pas défendue ? « Alors, il n’y a pas eu de lutte ? – S’il y en a eu, ça s’est passé seulement en paroles. On ne voit apparemment aucune traces sur les ongles du mort. Je te ferai un rapport pour confirmer… Mais il y a un autre mystère : l’assassin a commencé par traîner le cadavre dans cette direction, tu n’as qu’à regarder l’herbe, comme s’il allait le jeter dans le fleuve… Mais il l’a tout juste déplacé de deux mètres. Pourquoi ne l’a-t-il pas jeté dans la rivière si c’est la première chose à laquelle il a pensé ? » (p. 35).

L’assassin est-il Alberto Marqués Basterrechea, l’ami chez qui Alexis habitait ? « homosexuel avec une longue expérience de prédateur, politiquement apathique, idéologiquement tordu, être conflictuel et provocateur, attiré vers l’étranger, hermétique, précieux, consommateur potentiel de marihuana et d’autres drogues, protecteur de pédés paumés, homme à la filiation philosophique douteuse, petit-bourgeois rempli de préjugés de classe, selon la classification sans appel d’un manuel moscovite d’évaluation des techniques et procédés d’un réalisme socialiste… Cet impressionnant curriculum vitae était l’aboutissement des rapports écrits, conjugués, résumés et même cités textuellement, de plusieurs informateurs […]. » (p. 41). Cet Alberto Marqués est surtout dramaturge, metteur en scène et jeté aux gémonies depuis la révolution cubaine.

Je note dans ce roman beaucoup de souvenirs, de nostalgie tant du côté de Conde que des autres personnages. Par exemple, Marqués raconte un voyage à Paris durant lequel il a aperçu un travesti tout en rouge ce qui lui a donné l’idée de la robe rouge pour le rôle d’Électra Garrigó (d’où le titre) en 1971. Or, Alexis était bien homosexuel mais il n’était jamais sorti dans la rue habillé en femme, « Il était trop timide et cérébral pour cela, et plutôt refoulé […] je n’aurais jamais imaginé qu’il eut l’audace nécessaire pour se travestir » (p. 53). C’est que les personnages de la génération de Conde ont vu leur destin brisé par la guerre ou la politique, par exemple Conde aurait voulu devenir écrivain mais le club de son lycée a été fermé car il ne correspondait pas aux valeurs socialistes. Les choses ont bien changé (quoique…) et j’ai eu l’impression que l’auteur réglait certains comptes (mais je ne connais pas assez son œuvre pour en être sûre).

Néophyte en la matière, j’ai appris en même temps que Conde les rudiments du transformisme et aussi de la Transfiguration qui est tout autre chose. En tout cas, ce roman policier est aussi un roman sexuel, social et politique. Ce qu’il y a de bien avec les masques, c’est qu’on peut en changer mais… attention quand ils tombent !

J’ai repéré quelques fautes… « un tremblement fugace dans les mains de la noire quand qu’elle les approcha » (p. 39, « Un amis l’a appris » (p. 44), « s’ils étaient prêts réviser leur attitude dans l’avenir » (p. 106), « C’est l’intérêt qui te faire dire ça » (p. 132), « il ne sait pas comment tout cela arrivé » (p. 214).

Je lirai d’autres titres de Leonarda Padura, sans urgence, mais si vous avez un titre précis à me conseiller !?

Bon, petit problème : en février c’est le Mois du polar et le Mois Amérique latine mais, prise par mon travail et le quotidien, j’ai laissé passer la première semaine de février puis je n’ai rien lu pour ces deux mois durant plus de dix jours alors il est temps que je m’y mette avant le 28 et le meilleur moyen, c’est de faire d’une pierre deux coups avec un roman policier d’Amérique latine ! J’ai même emprunté un deuxième livre (un roman policier chilien) au cas où j’ai aussi le temps de le lire.

Cette lecture entre aussi dans ABC illimité (lettre L pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case 19, un livre qui se passe sur une île), Challenge lecture 2023 (catégorie 8, un roman dont l’histoire se passe sur une île), Petit Bac 2023 (catégorie Lieu pour La Havane), Polar et thriller 2022-2023, Tour du monde en 80 livres (Cuba) et Un genre par mois (je n’ai lu que des drames pour ce challenge en février).

Mois du polar (février 2023)

J’avais zappé les deux Mois qui se déroule habituellement en février : le Mois Amérique latine et le Mois du polar organisé par Sharon.

Infos, très beaux logos (créés par Belette Cannibal Lecteur) et inscription chez Sharon du 1er au 28 février (mais je pense qu’il continuera en mars).

Mes lectures policières

1. Électre à La Havane de Leonardo Padura (Métailié, 1998, Cuba)

2. Tant de chiens de Boris Quercia (Asphalte, 2015, Chili)

Sharon annonce que le Mois du polar continue en mars.

3. Le numéro un de Mikhaïl Chevelev (Gallimard, 2023, Russie), pas d’enquête mais thriller

4. Une suite d’événements de Mikhaïl Chevelev (Gallimard, 2021, Russie), pas d’enquête mais thriller

Du plomb dans la tête d’Olivier Bocquet

Du plomb dans la tête d’Olivier Bocquet.

Michel Lafon, mars 2020, 378 pages, 17,95 €, ISBN 978-2-74994-051-9. Je l’ai lu en poche : Pocket, n° 18384, octobre 2022, 408 pages, 9 €, ISBN 978-2-266-32-0245. Merci à Lecteurs.com.

Genres : littérature française, roman policier.

Olivier Bocquet commence sa carrière de romancier en 2010 avec Turpitudes (avec un concours organisé par Pocket) et sa carrière de scénariste BD en 2013 avec La colère de Fantomas (3 tomes avec la dessinatrice Julie Rocheteau). Il adapte en bandes dessinées (avec la dessinatrice Léonie Bischoff) 3 tomes des romans policiers de Camilla Läckberg : La princesse des glaces (2014), Le prédicateur (2015) et Le tailleur de pierre (2018). Mais surtout il scénarise Terminus, le dernier tome de Transperceneige (avec Jean-Marc Rochette au dessin) en 2015 puis Ailefroide, altitude 3954 en 2018. Chez Dupuis, la série jeunesse Frnck voit le jour en 2017 ainsi que Triomphe de Zorglub dans la série Spirou et Fantasio en 2018.

Juin 2010. Le lieutenant William Toulouze et le commandant Serge Parrot sont appelés en pleine nuit sur une scène de crime dans une forge du bois de Fontainebleau. Enfin, c’est plus une scène de séquestration et de torture puisque l’homme est en fait vivant mais il est bien amoché et son tortionnaire lui a versé du plomb fondu dans les yeux… Au moment où cet homme entre à l’hôpital, Rachel Kuklinski en sort, elle vient de se faire avorter.

Alors que « Toulouze a autant d’humour qu’une sardine » (p. 44, MDR), le commandant Parrot en a à revendre : il met le lieutenant Toulouze en binôme avec une lieutenante stagiaire, « Elle est en fin de formation, c’est son dernier stage, après quoi a priori elle va être affectée ici. […] – Pas de problème. Vous pouvez compter sur moi. Je vais lui apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur le métier – J’en suis certain. » (p. 46). Eh bien, elle part sur les chapeaux de roues cette enquête, un lieutenant maladroit et parfois incompétent, une stagiaire inexpérimentée… Mais je sais que le roman va me plaire grâce au style efficace de l’auteur et à l’ambiance qu’il a installée dès le début.

Sur fond d’élections municipales, d’enquête non résolue de femme enceinte assassinée, avec des extraits d’articles de journaux, le journal de Rachel Kuklinski (qui n’est autre que la lieutenante stagiaire), une déclaration de disparition de personne en ce qui concerne Thomas Bourriol, l’enquête avance… Ce que l’auteur donne à lire est diversifié et très prenant.

Lorsque l’homme sort du coma, Thomas Bourriol, c’est bien lui, est interrogé par le commandant Parrot. Il est aveugle (évidemment avec le plomb fondu dans les yeux…), il a la mâchoire fracassée et attachée, le cerveau dans le même état mais il se rappelle de tout et peut parler… plus ou moins bien. « Et vous chavez le plus drôle ? Chi je le voyais en photo ou dans la rue, je le reconnaîtrais auchitôt. J’ai chon vijage imprimé dans ma mémoire. Mais je ne le verrai jamais en photo ni dans la rue. Cooo-oonnard. C-c-c-connard. Connarconnarconnarconnard. Je ne verrai plus jamais rien. » (p. 130). Syndrome de Tourette… et hypersensibilisation aux bruits… « Vouj entendez ? – Heu… non, quoi ? – Ch’est comme cha toute la journée ! Vous pouvez pas demander aux infirmières de baicher le chon ? Elles refujent de m’écouter ! Elles dijent que ch’est dans ma tête ! Connasses ! Connasses de pétasses de putes de connasses ! […] Ah, cha fait du bien quand cha ch’arrête, merci ! Non, je vous dis, je chais pas pourquoi ce type m’a torturé comme cha. À mon avis, ch’est juchte un fou, je vois pas d’autre ekchplicachion. » (p. 131). Euh… je me suis demandé pourquoi il ne disait pas « connaches » et « pétaches », peut-être que les insultes qui viennent avec le syndrome de Tourette sont gérés différemment par le cerveau ?

Comme je le disais ci-dessus, l’enquête avance, pas vite et pas toujours dans les règles (la stagiaire a pris quelques libertés) mais, finalement, elle s’entend bien avec le lieutenant Toulouze. « Ça vous est déjà arrivé d’être dans une situation comme ça ? lui demande Rachel. – Une situation comment ? – Que le chef vous demande d’arrêter une enquête en cours parce qu’elle le dérange. Toulouze ne peut retenir un petit mouvement de surprise. Rachel dit les choses sans filtre, lui-même n’avait pas osé se le formuler comme ça : l’enquête dérange le chef. C’est la seule raison de son classement. » (p. 215-216).

Ouah, c’est du costaud, énoooorme, je me suis régalée et j’ai très envie de lire Turpitudes ! L’auteur a traité avec brio plusieurs thèmes, les caméras de surveillance (sont-elles vraiment utiles ?), comment est menée une enquête difficile (voire impossible à résoudre), le syndrome de Tourette (ou le fait de ne pas pouvoir s’empêcher de dire des gros mots), la violence, la vengeance, la loi et les ordres des supérieurs (peut-on passer outre ?)… et tout ça avec de l’humour (qui est bienvenu avec toutes ces horreurs). Une très bonne surprise !

Ce roman fait partie de la sélection pour le Prix Nouvelles voix du polar 2023 (macaron en haut à gauche de la couverture), 6 romans français et 7 romans étrangers. Et Pocket fête ses 60 ans !

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 17, un livre d’un auteur français, 3e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 56, un roman dont le titre comporte le nom d’un métal), Polar et thriller 2022-2023 et Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, drame).

Challenge Les dames en noir 2023

Ah, super, Zofia a lancé le challenge Les dames en noir 2023 et il court du 10 janvier 2023 au 9 janvier 2024.

Infos, logo (il n’a pas changé) et inscription chez Zofia + le forum de Livraddict pour ceux qui sont inscrits sur cette plateforme.

L’objectif est toujours de lire de la littérature policière classique et contemporaine (thrillers, polars, romans noirs, etc. en romans, bandes dessinées, etc.) écrite par des femmes (même celles qui écrivent avec un pseudonyme masculin et même les romans écrits en couple).

Les niveaux
1. Karen Maitland : de 1 à 6 livres (mon choix)
2. Gillian Flynn : de 7 à 12 livres
3. Karine Giebel : de 13 à 18 livres
4. Fred Vargas : de 19 à 24 livres
5. Agatha Christie : plus de 25 livres

Les défis : trimestriels, facultatifs, voir sur Livraddict (lien ci-dessus).

Mes lectures pour ce challenge

1. Adabana 1 de Non (Kana, 2022, Japon)

2.

3.

4.

5.

6.

+ ?

Queenie, la marraine de Harlem d’Aurélie Lévy et Elizabeth Colomba

Queenie, la marraine de Harlem d’Aurélie Lévy et Elizabeth Colomba.

Anne Carrière, août 2021, 168 pages, 24,90 €, ISBN 978-2-8433-7962-8.

Genres : bande dessinée française, roman graphique, Histoire.

Aurélie Lévy naît en 1977 à Paris mais elle part étudier au Japon, d’abord à l’Université féminine de Nagoya puis elle étudie l’histoire et le cinéma japonais à l’ICU de Tôkyô. Ensuite, elle approfondit ses études sur le cinéma à l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles) et s’installe à Los Angeles. Elle est intervieweuse, autrice et réalisatrice de documentaires. Elle crée aussi le podcast Écrire sur le site Actualitté.com.

Elizabeth Colomba naît en 1976 à Épinay sur Seine de parents martiniquais. Elle peint depuis l’enfance et étudie les Beaux-Arts à Paris puis s’installe à Los Angeles aux États-Unis. Elle est peintre et dessinatrice. Sur cette bande dessinée, elle est également coscénariste. Plus d’infos sur son site officiel.

Extrait de l’introduction Harlem Renaissance : « La liberté a un prix. / La liberté n’a pas de prix. L’Histoire est toujours une affaire de version. » (p. 5).

Pour situer Harlem, une presqu’île à l’ouest en face de la Statue de la Liberté, de l’autre côté de l’East River : Brooklyn, de l’autre côté de l’Hudson River : le New Jersey.

1933. Après deux mois au trou, Queenie (de son vrai nom Stéphanie Saint-Clair) sort de la prison de Bedford Hills. Le soir, ils sont à une soirée chez Charles Alston, un peintre. Le lecteur croise Duke Ellington au Cotton Club, Thelonius Monk pas encore célèbre, entre autres.

25 ans plus tôt en Martinique. « Sale petite négresse ! Tu ne seras jamais assez belle pour porter des robes comme les miennes ! » (p. 34)… Depuis, Queenie n’a cessé de se battre y compris de combattre sa peur… « Je suis une femme et un gangster, Bumpy… » (p. 61). « Tu vas prendre des coups ! Tu ne peux pas apprendre à ne pas prendre des coups. Tu peux apprendre à ne pas le redouter. » (p. 123).

Tout sur le crime organisé, ils étaient tous de la partie, les Juifs (Dutch Schultz par exemple), les Noirs (Bumpy Johnson par exemple), les Italiens (Lucky Luciano par exemple)… Et le pasteur Father Divine, « un des précurseurs du mouvement des droits civiques » (p. 166)… ils ont tous existé et ont eu affaire à la police.

Queenie aussi a existé et elle a de nombreux points communs avec Elizabeth Colomba, qui je pense n’a rien à voir avec la pègre (!) mais qui a voulu lui redonné vie grâce à cette très belle bande dessinée (roman graphique) avec un noir et blanc velouté et somptueux. Quant au scénario, il est formidable et sûrement très proche de la réalité de ces gangsters s’il y a presque un siècle.

Ils l’ont lu : La bibliothèque du Dolmen, Délivrer des livres (chez qui j’avais repéré cette BD fin mai), d’autres ?

Pour La BD de la semaine qui sort de sa pause (plus de BD de la semaine chez Moka), BD 2022, Les dames en noir, Petit Bac 2022 (catégorie Prénom pour Queenie), Polar et thriller 2022-2023, Tour du monde en 80 livres (Martinique) et aussi ABC illimité (lettre Q pour titre) et Les départements français en lectures (Elizabeth Colomba est d’origine martiniquaise).

La leçon du mal de Yûsuke Kishi

La leçon du mal de Yûsuke Kishi.

Belfond, août 2022, 544 pages, 24 €, ISBN 978-2-71449-461-0. 悪の教典 Aku no kyôten (2010) est traduit du japonais par Diane Durocher.

J’ai reçu ce roman par la poste alors merci à Lecteurs.com et à Belfond.

Genres : littérature japonaise, thriller.

Yûsuke Kishi 貴志 祐介 naît le 3 janvier 1959 à Ôsaka au Japon. Il étudie l’économie à l’université de Kyôto et travaille des années dans une compagnie d’assurances-vie avant de se lancer dans l’écriture de romans. Il est membre de l’Association japonaise d’auteurs de romans policiers et de la Honkaku Mystery Writers Club of Japan. Il est parmi les meilleures ventes d’auteurs japonais et plusieurs de ses œuvres ont été adaptées. Le roman Aku no kyôten a été adapté en manga seinen (adultes) entre 2012 et 2015 (9 tomes), en drama de 4 épisodes supervisés par Takashi Miike et servant d’introduction au film réalisé en 2012 par Takashi Miike (genre thriller et slasher, sous-genre du film d’horreur).

Seiji Hasumi, 32 ans, professeur d’anglais au lycée privé Shinkô Gakuin à Machida, fait des rêves bizarres… Les lycéens jouent une pièce de théâtre, il leur tire dessus car ils sont mauvais puis vole dans les airs pour retrouver sa maison. Il est réveillé à 5 heures du matin par deux gros corbeaux qu’il a surnommés « Hugin et Munin, à l’instar des corbeaux messagers du dieu Odin dans la mythologie nordique. » (p. 11).

Le matin, il fait son jogging, croise son voisin, Yamazaki (qui est aussi son propriétaire et dont le chien, Momo, l’a pris en grippe) puis prend une douche et se rend au lycée dans sa vieille voiture pour retrouver sa classe principale, la 1ère 4, avec des adolescents à problème (absentéisme, harcèlement, vols, violences…). « Ce sont des problèmes sensibles, je suis en train d’en parler avec les élèves concernés afin d’obtenir plus d’informations. » (p. 16).

Bref, Hasumi est le prof idéal, apprécié par le directeur, les professeurs et les lycéens parce qu’il écoute et sait résoudre les problèmes. Mais, Reika Katagiri, avec son intuition pointue, n’est pas dupe, elle est certaine que ce professeur cache quelque chose, comme son dernier instituteur d’école primaire… Seulement elle ne peut pas en parler, personne ne la croirait, même pas sa meilleure amie, Fûko Onodera. « Elle ne s’attirerait pas seulement des plaisanteries, mais carrément les foudres, et non seulement de son amie, mais de toute la classe (ceux du groupe de conversation anglaise en tête). Les filles en particulier étaient toutes de ferventes admiratrices de Hasumi. Au départ, elle-même avait considéré le professeur Seiji Hasumi d’un bon œil. Il était toujours de bonne humeur, débordait d’énergie et se souciait de ses élèves. Le prof parfait, en somme. Jusqu’à ce qu’il intègre l’équipe de surveillance, et se mette à régler les problèmes les uns après les autres avec une facilité déconcertante. Un doute terrible avait commencé à la tenailler. Cet homme serait-il capable de détecter les mensonges ? […] Elle avait compris que le prof possédait, comme elle, la faculté de discerner le vrai du faux. Pour autant, elle pressentait qu’ils étaient radicalement différents l’un de l’autre, même si au départ elle n’arrivait pas à l’expliquer. Elle s’était mise à cogiter sérieusement, jusqu’à ce qu’une idée particulièrement dérangeante lui vienne. Hasumi et elle n’étaient-ils pas, tout simplement, le contraire l’un de l’autre ? Les personnes capables de lire dans le cœur de leurs semblables étaient elles-mêmes à fleur de peau. Cette sensibilité leur permettait d’imaginer ce que l’autre ressentait. Hasumi était différent. Il était étranger à l’empathie. Il reconnaissait le mensonge parce qu’il était lui-même un menteur aguerri, et si son jugement ne vacillait pas, c’est qu’il voyait le monde dépourvu de la moindre compassion. » (p. 61-62).

Hasumi a tout le monde à l’œil, il tient des dossiers et des tableaux sur son ordinateur personnel qu’il met à jour à chaque nouvelle information récupérée en écoutant ou en questionnant. « Le lycée Shinkô Machida représentait pour Hasumi un vaste plateau de jeu d’échecs où chaque prof, chaque élève s’apparentait à une pièce. Il fallait sans arrêt manœuvrer pour que tout ce petit monde se déplace dans la direction souhaitée. » (p. 88).

Et je ne vous en dis pas plus pour ne pas divulgâcher mais, si vous avez lu la 4e de couv’ ou si vous avez vu le film de Takashi Miike, vous savez déjà un peu. Et sachez que quelques élèves comme Reika et Keisuke se posent des questions et enquêtent. En tout cas, un roman et un professeur machiavéliques ! Un ? Peut-être deux ! Tout une histoire et des stratagèmes qui font extrêmement froid dans le dos… Avec un style incisif extraordinaire. Si vous voulez découvrir la société japonaise et vous faire peur, je vous conseille vivement ce roman noir glaçant ! « Quelle jouissance, lorsque différentes pièces d’un puzzle s’assemblaient à la perfection ! Ces derniers temps, tout se déroulait selon ses plans. » (p. 317). Oserais-je dire quelle jouissance la lecture de ce roman ?!

Elles l’ont lu : Alex, Violette, d’autres ?

Pour ABC illimité (lettre K pour nom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 5, un livre d’horreur, 2e billet), Challenge lecture 2022 (catégorie 21, un livre reçu, 2e billet), Polar et thriller 2022-2023.

Un petit clin d’œil à La complainte de Mackie de l’Opéra de quat’sous que sifflote continuellement Hasumi.

Charlock 4 de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe

Charlock 4 – Attaque chez les Chats-Mouraïs de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe.

Flammarion Jeunesse, octobre 2021, 80 pages, 8,50 €, ISBN 978-2-08149-624-8.

Genres : littérature française, jeunesse, roman policier.

Sébastien Perez naît à Beauvais. « C’était un matin d’hiver, il n’y a pas si longtemps de cela. » dit-il sur son site. Il est auteur ; il aime le fantastique et l’humour.

Benjamin Lacombe naît le 12 juillet 1982 à Paris. Il étudie à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. Il est illustrateur (jeunesse et adulte) et auteur (jeunesse et bande dessinée).

Après Charlock 1 – La disparition des souris, Charlock 2 – Le trafic de croquettes en 2020 et Charlock 3 – L’affaire du collier en 2021 (c’est bizarre, je suis sûre de l’avoir lu mais je n’ai pas publié la note de lecture, elle est peut-être au brouillon quelque part…), voici le 4e tome de Charlock et il se déroule au Japon ! « Charlock est un chat. Comme tous les autres chats, il possède plusieurs vies. Certains semblent penser qu’ils en ont neuf, mais rien n’est moins sûr. Un chat ne sait pas compter. À chacune d’elles, Charlock atterrit dans un nouvel endroit et une tout autre époque. Heureusement que les chats retombent toujours sur leurs pattes. […] Voici donc une nouvelle aventure qui commence… » (extrait du prologue, p. 7-8).

Tokyo, 2020, en soirée. Charlock est avec Nine-Chat, Kiki, Gueï, Chimie, Kitti qui vivent au ChatOuille, un bar à chats dans lequel les clients viennent « boire un thé et tripatouiller la fourrure de ceux qui y résident. » (p. 12). Ils sont intrigués par un chat qui ne bouge que la patte devant la vitrine et ne ronronne pas, ils l’appellent Muet et décident de faire quelque chose pour lui (il ne peut pas rester dans cet état !). Mais, d’abord, ils vont au marché aux poissons pour manger des sushis et des makis préparés par le chat Sumo.

En sortant, ils voient une boutique et en vitrine, le même chat que Muet, ainsi il y a d’autres chats-statues ! « Il y en a peut-être beaucoup d’autres, commence le Nine-Chat. C’est une horrible malédiction ! » (p. 25). En interrogeant les carpes du bassin voisin, les chats apprennent que « il y en a dans l’entrée de chacune des boutiques aux alentours » (p. 30) mais alors, « La situation est vraiment préoccupante. » (p. 31) ! La plus vieille carpe envoie les chats consulter Tanuki-san « Dans l’ancienne forêt, près du temple aux mille cerisiers. » (p. 32). Mais il faut traverser le cimetière gouverné par les dix M, les gardiens du lieu, les Chats-Mouraïs…

« Une terrible malédiction transforme les chats en statue quand arrive leur neuvième vie. Juste pour porter chance aux humains ! explique Gueï. » (p. 54). Charlock, le détective, et sa bande de copains chats pourront-ils faire quelque chose pour les chats statues muets ?

En lisant ce roman, les enfants (8-10 ans) découvrent des jeux de mots et apprennent pas mal de choses sur le Japon et sa culture en particulier son bestiaire : Maneki-Neko, carpes koï, tanuki Pompoko, samouraï, Kiki qui souhaiterait être le chat d’une petite sorcière pour voler avec elle sur son balai, lucioles, légende du chat blanc se prélassant qui sauva la vie d’un seigneur en lui faisant signe de la patte… L’occasion pour eux de découvrir avec leurs parents l’univers des films d’animation du studio Ghibli (entre autres) et leurs premiers mangas !

Pour les challenges Contes et légendes #4 (du Japon), Littératures de l’imaginaire #10 (pour le côté fantastique), Polar et thriller 2022-2023, Les textes courts, Un genre par mois (contemporain en novembre) ainsi que les nouveaux challenges illimités, ABC illimité (lettre P pour nom) et Les départements français en lectures (Oise).

En passant

En coup de vent… 157

Chers visiteurs, j’espère que vous allez bien. Je vous invite à lire mon interview par Ge (de Collectif Polar) et je remercie Ge de m’avoir consacré cette interview, je me suis mise sur mon 31 puisque je suis la 31e personne interviewée.

Pour l’instant PatiVore tourne toujours au ralenti (consulter En coup de vent… 156 pour comprendre pourquoi). Pourtant j’ai quelques notes de lectures prêtes à être publiées, encore faut-il que j’en aie la force…

Cliquez !

Je prends un peu de temps pour vous montrer mon nouveau fauteuil de bureau commandé mi-septembre (c’est à dire avant la mort de mon chat, ça m’a fait un choc que l’ancien fauteuil, dans lequel il aimait dormir, parte…).

Je vous souhaite une bonne semaine et j’essaie de répondre à vos commentaires le plus rapidement possible et de consulter vos blogs.