Éliott et la bibliothèque fabuleuse de Pascaline Nolot

Éliott et la bibliothèque fabuleuse de Pascaline Nolot.

Rageot, collection Grand format, avril 2019, 160 pages, 13 €, ISBN 978-2-7002-5940-7.

Genres : littérature française, roman jeunesse, fantastique.

Pascaline Nolot naît en 1983 à Orléans mais vit et travaille à Lille. Elle adore lire depuis l’enfance c’est pourquoi elle devient autrice (jeunesse et adultes) en particulier dans les genres de l’imaginaire (romans et nouvelles). Plus d’infos sur son compte instagram.

Éliott Tartignol, 10 ans, sort de l’école et fuit car il est poursuivi par « l’infâme, l’horrible, l’atroce Charlie Charlebois » (p. 5) qui est dans la même classe mais qui est « un monstre […] une créature sans pitié » (p. 5) qui ne manque pas « de créativité dans la méchanceté » (p. 6). Il est accompagné des jumeaux « Illio et Nico (deux brutes épaisses qu’Éliott surnommait secrètement Idiot et Nigaud) » (p. 7).

Bref, Éliott se réfugie dans la bibliothèque, un lieu où il se sent en sécurité. Il se cache dans un petit débarras à coussins mais il s’endort et la bibliothèque ferme. Lorsqu’il se réveille, il est surpris par un chat noir et une armée de rats « dotés d’un corps en métal étincelants, gris avec des reflets d’argent » (p. 11), des rats mécaniques, on est dans du steampunk ! Éliott est enfermé à clé dans un placard, il ne lui reste qu’une solution, lire le livre qu’il a dans son cartable, La vie palpitante de l’intrépide Georges Padenom…

Heureusement il est libéré par Caleb, un jeune bibliothécaire, chanteur dans un groupe de rock et… directeur de la BRB, la Brigade des Rats de Bibliothèque. Quant au chat noir, c’est Maaaow, le directeur adjoint de la BRB, et accessoirement juge au tribunal de la BRB qui condamne Éliott a être effacé… puis à la demande de Caleb bienveillant à une peine d’intérêt général, c’est-à-dire « effectuer trois missions d’intérêt général pour différents services de la Brigade. » (p. 26).

Éliott va alors découvrir tout un monde inconnu alors qu’il pensait connaître cette bibliothèque comme sa poche ! Et si, pour empêcher Charlie de le harceler, il trouvait la solution dans L’indispensable guide de survie du souffre-douleur ? Mais ce sont d’autres aventures qu’il va vivre !

Ce livre qui traite du harcèlement avec humour m’a fait penser à Charamba, hôtel pour chat – Bobine s’en mêle de Marie Pavlenko et Marie Voyelle lu récemment sauf qu’ici, il y a plus de magie et de fantastique. Mais que peut faire Éliott qui subit « comme à l’accoutumée : moqueries, injures et coups bas, au vu et au su de tous, sauf de l’adulte susceptible de l’aider. » (p. 123) ?

Chaque entête de chapitres est joliment illustrée par Antonin Faure, né en 1983, diplômé de l’École Supérieure des Arts et Techniques à Paris, graphiste et illustrateur.

J’avais découvert ce livre chez Sharon, merci pour la découverte Sharon !

Pour Challenge lecture 2023 (catégorie 34, un livre avec un prénom masculin dans le titre), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Bâtiment pour Bibliothèque) et S4F3 2023.

Throwback Thursday livresque 2018-28

Pour ce jeudi 12 juillet, le thème du Throwback Thursday livresque 2018 est « Amérique du Nord » et je veux vous proposer un roman jeunesse lu récemment (mai 2018) : Louise et Hetseni – Dans les plaines sauvages de Sophie Rigal-Goulard. Pourquoi ce roman ? Parce que pour moi, Amérique du Nord signifie Canada et États-Unis, et donc non seulement population contemporaine mais aussi Indiens d’Amérique représentés dans cette histoire par Jonas qui traverse le Grand Ouest en 1851 et va devenir Hetseni chez les Cheyennes. Une lecture agréable dans laquelle les petits – et les grands – lecteurs apprennent beaucoup de choses sur les Indiens et sur les relations avec les hommes blancs qui pénétraient sur leurs terres ancestrales. Vous pouvez voir les autres participations chez BettieRose. Bonne fin de semaine et bon weekend estival !

Louise et Hetseni de Sophie Rigal-Goulard

Louise et Hetseni – Dans les plaines sauvages de Sophie Rigal-Goulard.

Rageot, mai 2018, 160 pages, 11,90 €, ISBN 978-2-70025-562-1.

Genres : littérature jeunesse, aventure, Histoire, fantastique.

Sophie Rigal-Goulard dit qu’elle est « née en 67 dans le 67 » mais elle habite dans le 13 (logique puisque 6+7=13). Après un bac scientifique et un DEUG d’économie, elle devient institutrice puis se lance dans l’écriture jeunesse en 2000. Plus d’infos sur http://www.sophie-rigal-goulard.fr/.

Avril 1851, un convoi de chariots traverse le Grand Ouest pour la Californie, eldorado pour beaucoup de colons : « des terres vierges et riches de promesses » (p. 8). Le jeune Jonas Pellman, qui vient de perdre sa mère dans l’Illinois, voyage avec son père, Cody Pellman ; à 11 ans, il est effrayé par les histoires de massacres perpétrés par les Indiens qu’il entend. « Un Indien, c’est un animal sauvage, prêt à t’égorger avec ses dent s’il le faut, après t’avoir scalpé sur toute la surface de ton crâne » (p. 9). Plaines sauvages, chaleur, poussière, bourrasques de vent, violents orages… Lorsqu’il est enlevé par les Cheyennes, il devient Hetseni, « celui qui devait venir » (p. 83).

À notre époque, à Paris, Louise Boyer, une collégienne de 12 ans, lit en cachette le nouveau roman que son père, Franck Boyer, écrit. « Mon père s’est enfin remis à écrire. Même si ce ne sont que quelques lignes… Depuis sa séparation avec ma mère, il ne produisait plus grand-chose. » (p. 13). L’histoire est celle de Jonas-Hetseni et, bizarrement, Louise et Jonas sont en contact par la voix ! « Je serais juste un personnage d’histoire, sans existence propre ? […] Tout est bien réel pourtant. […] Ce n’est pas un rêve ! » (p. 38).

Pour Sophie Rigal-Goulard, c’est un rêve d’enfance de pouvoir communiquer avec les personnages des livres qu’elle lisait et qu’elle appréciait, et c’est donc une façon d’honorer ce rêve que d’avoir fait communiquer Louise et Jonas-Hetseni. Ce roman jeunesse (la tranche d’âge préconisée par l’éditeur est 9-12 ans) va au-delà du simple roman d’aventures et les adultes qui aiment l’Ouest américain, les Indiens et les westerns peuvent le lire aussi avec plaisir et émotion. Car par ce récit inspiré de récits historiques et la relation « fantastique » entre Louise et Jonas à travers l’espace et le temps, cette histoire est une réflexion sur les peuples indiens dont les colons prennent les territoires, les Grandes Plaines, et massacrent les bisons. Qui sont les sauvages ? « Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est la façon dont on occupe leurs territoires en bafouant les traités… Nous devons rester vigilants pendant notre voyage. » (p. 56-57). C’est aussi, par l’intermédiaire de l’écrivain et de Louise, une réflexion sur le laborieux et solitaire travail d’écriture et sur l’impatience du lecteur à lire la suite d’une histoire, à en savoir toujours plus (Louise se renseigne sur le Grand Ouest, sur les faits historiques, elle rencontre même Mathias Stelman, un nouvel élève franco-américain qui arrive tout droit des plaines le long du Missouri !). « Ce n’est pas simple pour moi de lire ce que mon père écrit puisqu’il quitte de moins en moins son bureau. […] J’ai été à deux doigts de demander à mon père ce qu’il envisageait pour la suite. Et puis… j’ai préféré me taire. » (p. 84). De son côté, Jonas-Hetseni doute : « Être « Hetseni » me terrifie » (p. 90) mais il découvre avec curiosité et émerveillement la façon de vivre des Indiens, les enfants (ka’êškone) qui aident les femmes, les adolescents et les hommes qui s’affairent plus loin du campement souvent à la chasse, le Grand Esprit des Plaines, les chevaux, les bisons, « la beauté du paysage » (p. 103), les symboles, les rituels, les épreuves initiatiques pour devenir un homme, un guerrier. Et puis, comme il comprend qu’il n’est pas maître de son destin puisque, plus d’un siècle et demi plus tard, c’est un homme inconnu de lui qui l’écrit, il va vouloir choisir sa voie, sa vie et c’est ce qui fait le piquant de ce roman.

Je remercie NetGalley et Rageot puisque j’ai pu lire ce roman en numérique le jour de sa parution en librairie (9 mai) dans le cadre du NetGalley Challenge 2018. Je le mets aussi dans les challenges Jeunesse Young Adult #7, Littérature de l’imaginaire, Petit Bac 2018 (pour la catégorie Prénom) et Printemps de l’imaginaire francophone 2018.