La sorcière des marais de Karine Guiton

Allez, La BD de la semaine étant toujours en pause estivale, je publie comme mercredi dernier une note de lecture d’un roman jeunesse plutôt que d’une bande dessinée.

La sorcière des marais de Karine Guiton.

Didier jeunesse, collection Mon marque-page, mai 2021, 128 pages, 12,90 €, ISBN 978-2-27809-844-6. Illustrations de Grégory Elbaz.

Genres : littérature française, premier roman, jeunesse, fantastique.

Karine Guiton naît en 1973 en Vendée. Elle ne veut pas lire durant l’enfance (sa mère est l’institutrice) mais elle devient bibliothécaire et se passionne pour les contes. Elle écrit d’abord des nouvelles pour adultes puis un album illustré pour la jeunesse en 2016, Les tourterelles, illustré par Maurèen Poignonec chez La Palissade. Le chameau de la bibliothèque est paru en juillet et La sorcière des marais paru en mai est son premier roman.

Grégory Elbaz naît en 1980 en France. Il étudie les arts plastiques à l’École de l’Image d’Angoulême. Il est illustrateur mais aussi dessinateur et scénariste de bandes dessinées.

Tex, un an, est le chat « roux de la tête aux pattes » (p. 11) de Zoé mais il a disparu et la fillette est inquiète. Aurait-il rencontré une minette ? Mais « Tex n’est pas revenu. Ni le lendemain. Ni le surlendemain. Personne ne l’a vu. » (p. 13). Zoé refuse de penser que Tex est mort et de se résigner à l’avoir perdu. Margot, sa meilleure amie, lui conseille d’aller voir Mirabella « parce qu’elle est un peu sorcière. » (p. 16).

Tex a disparu depuis un mois lorsque Zoé décide d’aller dans les marais pour voir Mirabella. Bien sûr Mirabella et Germain le canard aident Zoé. Comme le montre la couverture du roman, ils partent tous les trois en barque sur le marais. « Bienvenue dans le monde de Soumazalans. » (p. 44). Et arrivent à la nuit tombée chez le géant Miramar, le cousin de Zoé. Le lendemain, Pirati, le cochon muet, se joint à eux, direction le Royaume de la Reine des chats mais ils sont attaqués par le ragondin géant. « Si Tex était vraiment là-dedans, je n’avais pas le choix. Il était peut-être en danger. Je devais le sauver. » (p. 81).

Après avoir bien ri avec Le chameau de la bibliothèque, j’ai voulu lire La sorcière des marais (paru quelques mois avant) et je ne suis pas déçue. Pourtant ce premier roman est différent : les illustrations (d’un autre illustrateur) sont moins présentes et en noir et blanc ; quant à l’histoire, elle n’est pas drôle mais un peu angoissante (pour les plus jeunes lecteurs) et triste (faire son deuil).

Lorsqu’un chat disparaît, l’humain se pose des questions, s’inquiète, espère qu’il va revenir, mais ne pas savoir ce qui est arrivé au chat bien-aimé (ou à un autre animal d’ailleurs) est vraiment déprimant. Zoé a le courage d’aller au bout des marais (le côté fantastique, magique, se développe ici) pour découvrir ce qui est arrivé à Tex.

Pour le challenge Jeunesse young adult #10 et le Petit Bac 2021 (catégorie Gros mot pour Sorcière).

Le chameau de la bibliothèque de Karine Guiton

Pour changer de la bande dessinée le mercredi, voici un roman jeunesse amusant et illustré.

Le chameau de la bibliothèque de Karine Guiton.

Didier jeunesse, collection Mon marque-page, juillet 2021, 96 pages, 7,90 €, ISBN 978-2-27812-065-9. Illustrations de Laure du Faÿ.

Genres : littérature française, roman jeunesse, humour.

Karine Guiton naît en 1973 en Vendée. Elle ne veut pas lire durant l’enfance (sa mère est l’institutrice) mais elle devient bibliothécaire et se passionne pour les contes. Elle écrit d’abord des nouvelles pour adultes puis un album illustré pour la jeunesse en 2016, Les tourterelles illustré par Maurèen Poignonec chez La Palissade. La sorcière des marais, paru en mai 2021 chez Didier Jeunesse, est son premier roman et donc Le chameau de la bibliothèque son deuxième roman.

Laure Du Faÿ naît en 1979 à Tours et elle étudie les Arts décoratifs à Strasbourg. Elle est illustratrice pour la jeunesse (chez Amaterra, Bayard, Casterman, Milan, Nathan, Sarbacane, Tourbillon…).

Voici comment commence ce roman (et qui peut servir de résumé en fait). « Monsieur Mache est un chameau très distingué. Il porte un chapeau différent chaque jour et une écharpe de soie assortie. Tous les samedis, il emprunte sept livres à la bibliothèque du village. C’est le lecteur préféré de madame Floris, la girafe bibliothécaire : il est poli (même s’il a parfois mauvais caractère), cultivé et possède une mémoire d’éléphant. Mais monsieur Mache a tout de même un gros défaut : il ne rend jamais tous les documents qu’il a empruntés. Il en manque toujours un ! Chaque fois, le chameau a une bonne excuse : le livre a été volé par un pivert, brûlé dans un barbecue, écrasé par un hippopotame ou oublié dans un train fantôme… » (p. 9-10). Vous comprendrez donc pourquoi madame Floris convoque monsieur Mache dans son bureau ! Et lui retire sa carte de lecteur…

Attention, bibliothèque incroyable, fréquentée par des taupes, des zébus, des kangourous, bref des tas d’animaux, et dont certaines étagères très hautes ne peuvent être consultées que par la girafe et la famille Colibri.

Mais durant la réunion du club de lecture, les animaux s’inquiètent de ne pas voir monsieur Mache… C’est Kika, la fille de madame Floris, qui vend la mèche mais « sans lui, que deviendra le club de lecteurs ? » (p. 50). Et monsieur Mache ne peut pas vivre sans livres : « Grâce aux livres, je rêve, je m’évade. » (p. 80).

Lisez ce joli roman illustré pour savoir le fin mot de l’histoire ! Je l’avais repéré chez Sharon.

Le seul point faible… une faute… page 24, il est écrit suspens au lieu de suspense et je ne comprends pas pourquoi les auteurs et les éditeurs ne font pas la différence entre l’expression « en suspens » (dans l’indécision, dans l’incertitude) et le mot « suspense »… Bref, ça ne gâche pas la lecture mais mieux vaut corriger pour les jeunes lecteurs (sinon ils feront la faute à leur tour…).

Pour le Challenge lecture 2021 (catégorie 2, un livre dont l’action se passe dans une bibliothèque ou une librairie, ici une bibliothèque, 3e billet), Jeunesse young adult #10 et Petit Bac 2021 (catégorie Gros mot pour Chameau, puisqu’on peut traiter quelqu’un de chameau = acariâtre, sans pitié).

Le premier amour de Grand Corbeau de Muriel Bloch

Le premier amour de Grand Corbeau de Muriel Bloch.

Didier Jeunesse, collection Il était une (mini) fois, janvier 2014, 32 pages, 3 €, ISBN 978-2-27807-076-3.

Genres : littérature jeunesse, conte.

Muriel Bloch naît en 1954. Elle passe un DEA de Lettres modernes sur Le flou au cinéma, incertitudes narratives et perceptives dans le cinéma expérimental des années 20 aux années 60. Elle travaille avec les enfants dans le monde de la culture et de l’art. Plus de quarante livres au compteur, la plupart des contes. Plus d’infos sur son site officiel.

Cette histoire est un conte inuit du Groenland d’après Raven and the Whale (2001) de Laura Simms.

Les Inuits pensent que Grand Corbeau, tantôt oiseau, tantôt homme, a créé le monde. Un matin, alors qu’il se promène en barque sur la mer Blanche, il voit une baleine à l’intérieur de laquelle il pénètre. C’est là qu’il rencontre une jeune danseuse et qu’il en tombe amoureux. « Sois le bienvenu. Je t’aurais volontiers suivi mais je ne peux pas m’en aller, je suis l’âme et le cœur de cette baleine. Par contre, toi, tu peux t’asseoir ici et me tenir compagnie, j’en serais ravie. » (p. 14-15). Mais Grand Corbeau va-t-il se contenter de cet amour platonique ?

Un conte dramatique et triste pour comprendre que la vie ne tient qu’à un fil (ou deux !) et qu’il est bon de respecter l’autre pour son bonheur et pour le nôtre sinon le pire peut arriver.

Une lecture émouvante pour les challenges  Contes et Légendes 2019Jeunesse Young Adult #8 et Littérature de l’imaginaire #7.

Le dernier songe de Lord Scriven d’Éric Senabre

Le dernier songe de Lord Scriven d’Éric Senabre.

Didier Jeunesse, février 2016, 255 pages, 14,20 €, ISBN 978-2-278-05950-8.

Genres : fantastique, espionnage.

Éric Senabre naît en 1973, il est journaliste, écrivain, musicien et… Parisien !

Christopher Carandini est journaliste, « le meilleur investigateur du milieu » (p. 3) mais il s’est attaqué à trop puissant… Ruben Kreuger, et se retrouve sans rien. Lorsqu’il voit par hasard une étrange petite annonce, il décide de se présenter. Londres, 1906. Il devient l’assistant de Mr. Arjuna Banerjee, un brahmane indien qui résout des enquêtes en analysant les détails par le rêve : « le détective du rêve » (p. 42) au 30 Portobello Road. En quelques semaines, plusieurs missions sont réussies, jusqu’au jour où leur nouveau client, Lord Walter Scriven, dit avoir été assassiné ! Le mystère étant impossible à résoudre sans plus de détails, les deux hommes s’installent au Scriven’s Manor. « Les souvenirs ne sont pas toujours des compagnons confortables… mais il faut néanmoins cheminer avec eux. » (p. 71).

Un postulat de départ original, des personnages attachants et une lecture bien agréable pour ce roman étrange et envoûtant. C’est aussi un moyen pour l’auteur de « dénoncer » les industriels qui ne pensent qu’à s’enrichir. Dommage qu’il n’y ait pas d’autres enquêtes avec Christopher Carandini et Arjuna Banerjee car la confiance et la complicité se créent peu à peu entre eux ; j’aurais été preneuse.

Un roman français mais qui se déroule à Londres au début du XXe siècle donc je mets cette lecture dans le Mois anglais car le 9 juin est la date retenue pour la littérature jeunesse. Je mets aussi cette belle lecture dans les challenges Jeunesse & Young adult, Littérature de l’imaginaire, Polars et thrillers et Printemps de l’imaginaire francophone (désolée, je n’ai pas la place pour tous les logos…).