L’impossible dimanche de Marek Hłasko

L’impossible dimanche (le huitième jour de la semaine) de Marek Hłasko.

Cynara (*), septembre 1988, 128 pages, ISBN 2-87722-001-X. (* il n’y a pas de lien car cette maison d’éditions a fermé en décembre 1993). Śliczna dziewczyna (Ósmy dzień tygodnia) (1957) est traduit du polonais par Anna Posner.

Genres : littérature polonaise, premier roman.

Marek Jakub Hłasko naît le 13 (ou 14) janvier 1934 à Varsovie (Pologne). Il est écrivain et scénariste. Il commence à écrire des nouvelles en 1951 et devient correspondant pour Trybuna Ludu (journal du Parti communiste polonais) mais il quitte la Pologne pour la France et voyage en Allemagne, en Israël et aux États-Unis. Il écrit des contes, des romans et des scénarios pour le cinéma. Il se donne la mort le 14 juin 1969 à Wiesbaden (Allemagne). Du même auteur : Le dos tourné (1964), La mort du deuxième chien (1965), La belle jeunesse (1966), Converti à Jaffa (1966), entre autres.

Varsovie, 1956. Agnès et Pierre s’aiment mais ils n’ont nulle part où consommer leur amour. La vie ne devait pas être facile… « On entendait le hurlement des locomotives, du côté de la gare de l’Est ; l’air humide était pénible à respirer ; ce n’était que visages en sueur et yeux cernés. » (p. 11). C’est jeudi, tout le monde attend dimanche. Agnès pour retrouver Pierre. Son père, Stefan, pour aller à la pêche. Son frère, Grégoire, pour que son amie vienne, si elle vient… En attendant, il picole. « C’est le XXe siècle, Agnès : Yseult vit dans un bordel et Tristan se soûle au bistrot du coin avec les souteneurs. » (p. 32).

« Les gens, dit-il. Les maudites (*), stupides gens, qui n’en ont jamais assez de leur petit enfer individuel et qui doivent toujours se mêler de celui des autres. » (p. 36). (* Je ne sais pas pourquoi maudites est au féminin pour gens, mais plus loin dans le roman, c’est de nouveau le cas, « Malheureuse nation ! Malheureuses gens ! » p. 100). Quant à Pierre, il essaie d’oublier les « mauvais moments du passé […]. Mais c’est dur d’oublier, je te le dis, Agnès. Il existe de ces histoires qu’il est sans doute impossible d’oublier. » (p. 46-47).

Les vieux sont désabusés, les jeunes sont désabusés… Tout est encore trop vif dans les mémoires, la guerre, les camps… « Nous sommes tous fatigués. Il y a deux choses en Pologne qui unissent les gens : la vodka et la fatigue. » (p. 75). Les individus ont été broyés et avilis par l’État, ils n’arrivent plus à avoir de vie personnelle, d’intimité, de liberté individuelle et ils vivent comme s’il n’y avait pas d’avenir pour eux.

L’intensité dramatique augmente au fur et à mesure des pages d’autant plus que le dimanche tant attendu, il pleut… « Mais pourquoi justement le dimanche ? demanda son père sur un ton désolé. Pourquoi est-ce qu’il doit pleuvoir le dimanche ? – C’est une manœuvre des communistes. Pour qu’il soit plus difficile d’aller à l’église. » (p. 98). J’aime ce genre d’humour un peu absurde mais ce roman reste tragique.

Marek Hłasko est un grand nom de la littérature polonaise de la deuxième moitié du XXe siècle et je ne le connaissais pas avant de le repérer sur le blog de Goran. Il (pas Goran, Marek Hłasko) aurait pu être acteur comme James Dean ou chanteur comme Jim Morrison mais il était Polonais et écrivain, j’écris ça parce qu’il est mort jeune (35 ans, overdose d’alcool et de barbituriques) et qu’il fut une idole dans le monde littéraire (il est considéré comme le Kerouac polonais). J’ai l’impression qu’il mélange son vécu et son ressenti avec la fiction. C’est un auteur que je suis contente d’avoir découvert en tout cas mais je ne sais pas si je pourrai lire d’autres titres (car il n’y a rien d’autre dans les médiathèques…).

J’ai lu cet auteur pour le Challenge lecture 2021 (catégorie 5, un livre d’un auteur polonais) et je le mets également dans 2021 cette année sera classique (année de parution, 1957).