La poule et son cumin de Zineb Mekouar.
JC Lattès, collection La grenade, mars 2022, 280 pages, 19 €, ISBN 978-2-70966-743-2.
Genres : littérature marocaine, premier roman.
Zineb Mekouar… Peu d’infos sur cette nouvelle autrice… Les infos de l’éditeur : elle naît en 1991 à Casablanca et vit à Paris depuis 2009.
Décembre 2011, Casablanca. Fatiha a cédé aux avances de Soufiane qui devait lui faire rencontrer ses parents et l’épouser, « c’est lui qui a voulu faire l’amour « comme il faut » et pas seulement « par derrière », comme ils le font d’habitude. » (p. 14) mais lorsqu’elle lui annonce qu’elle est enceinte, c’est la débâcle… « jamais ses parents n’accepteront cette union puisque Fatiha n’est pas vierge, que l’enfant sera un enfant du péché » (p. 15). Ça me fait penser à Que sur toi se lamente le Tigre d’Émilienne Malfatto.
Kenza s’est séparée d’Alexandre et quitte Paris pour rentrer à Casablanca. Elle est reconnue car elle est la petite-fille du wali (ancien gouverneur) de Casablanca, Sidi Abbas Chérif Falani. Ses parents sont morts jeunes dans un accident d’avion et ses grands-parents se sont occupés d’elle.
En fait, Fatiha et Kenza se connaissent : Fatiha est la fille de Milouda, une Berbère au service des grands-parents de Kenza et, malgré leurs conditions différentes, elles ont grandi ensemble. « Cet enfant et sa génération ne doivent pas oublier que, s’ils sont les enfants de la décolonisation, ils sont aussi les petits-enfants de la colonisation ! Mamizou [la grand-mère] est restée calme, impassible. C’est exactement ce que je souhaite, qu’elle oublie. » (p. 47).
Kenza de retour veut revoir Fatiha mais « Elle ne me répond pas. » (p. 76). Des presque sœurs que la vie a séparé.
La sexualité est taboue et il y a beaucoup d’hypocrisie : des viols comme celui de Rkia, l’amie de Fatiha qu’on ne reverra jamais, ou celui de Fatiha par Karim repoussé par Kenza à qui il a dit « Si c’est pour la virginité, on peut le faire par derrière, pas de problème. » (p. 122), je ne suis pas naïve, je sais ça depuis des décennies, des copines maghrébines m’ayant expliqué, et de nombreuses femmes de pays arabes musulmans en parlent maintenant ou l’écrivent mais je trouve ça très hypocrite de la part des hommes.
Et puis, il y a aussi la montée du radicalisme et les terroristes (les barbus comme les appelle la grand-mère de Kenza), « Ne les appelle pas musulmans, ce sont des terroristes. Ces barbus n’ont pas la même religion que mes ancêtres. » (p. 102).
L’image que je retiendrai : ça s’arrange pour Fatiha grâce au docteur Garcia. « Tu as dégoté la poule et son cumin. » (p. 252), à vous de lire ce roman pour comprendre cette expression ! Un premier roman agréable à lire mais j’ai trouvé qu’il était trop répétitif et qu’il brassait un peu trop de choses sans aller au fonds des faits de société comme la polygamie, la tentative d’égalité hommes femmes, les clichés fille de riches fille de pauvres mais peut-être ce clivage est-il réel et ce roman a le mérite de parler du Maroc actuel et de la sexualité sans faux semblants. La poule et son cumin a été parmi les six finalistes du Goncourt du premier roman mais il n’a pas réussi à me convaincre à 100 %.
Pour ABC illimité (lettre Z pour prénom, 1ère lettre que je termine !), À la découverte de l’Afrique (Maroc) et Un genre par mois (amour en décembre).