Oasis ou la revanche des ploucs de Benjamin Durand et Nico Prat

Oasis ou la revanche des ploucs de Benjamin Durand et Nico Prat.

Playlist Society, mai 2021, 144 pages, 14 €, ISBN 979-10-9609-842-2.

Genres : essai, musique.

Benjamin Durand et Nico Prat sont français, journalistes et auteurs.

Manchester et sa région sont des hauts-lieux de la musique alternative (parmi les groupes cités en introduction, Joy Division, Stone Roses, Smiths, Inspiral Carpets, Blur, Suede, Pulp, Supergrass et bien sûr les frères Gallagher avec leur groupe Oasis). Comme pour les membres des Beatles, les frères Gallagher sont issus d’un milieu ouvrier, pauvre, et après la séparation de leurs parents, leur mère les a élevés seule. Un livre pour comprendre, l’enfance et l’adolescence de Noël et Liam Gallagher, les origines irlandaises, le football, la naissance du groupe, les petites scènes et les copains musiciens… L’alcool et la drogue… Les problèmes entre les deux frères aussi… et la séparation du groupe.

« Noël écrit, Liam interprète. Dès le départ, le contrat est clair : Noël Gallagher accepte de rejoindre Oasis à la seule et unique condition qu’il en devienne le compositeur principal. De fait, nul autre que lui n’écrira la moindre chanson du groupe jusqu’à la sortie de leur quatrième album, Standing On The Shoulder Of Giants, en 2000, sur lequel figure un unique titre, « Litte James », signé Liam Gallagher. […] Une chanson quasi unanimement considérée par les fans comme l’une des plus mauvaises compositions du groupe. » (p. 43). Vidéo ci-dessous, je l’aime bien ce titre ! Mais je vous ai mis, en plus, quelques titres parmi mes préférés.

« Malgré les messages universels qu’il glisse dans ses textes, Noël Gallagher n’accorde que peu d’intérêt aux paroles des chansons qu’il écrit. Selon lui, elles n’ont qu’une seule vocation : être entonnées par la foule dans un stade plein à craquer. Il affirme avec aplomb que le refrain permet aux gens de se sentir mieux, rien de plus. […]. » (p. 53). C’est en partie pour tout ça qu’on aime Oasis ! Non ? « c’est le chant des prolos. » (p. 54).

Dans le deuxième chapitre Un enfant de la politique anglaise, les auteurs expliquent le déclin de l’empire britannique, « moins d’aides de l’allié américain que ses voisins européens » (p. 62), la décolonisation, l’industrie déclinante (en particulier celle du charbon et en particulier dans le nord de l’Angleterre donc Manchester, Sheffield, Glasgow), la crise économique suite au choc pétrolier de 1973, le déclin de la vie sociale, les syndicats très puissants et les grèves, la politique de Margaret Thatcher (Noël a 12 ans et Liam 9) puis celle de Tony Blair.

Le passage qui m’a fait rire. « Aux États-Unis, il est impossible d’interviewer Oasis sans prendre le risque de perdre de l’audience, tant l’accent du groupe rend leur discours difficilement compréhensible sans sous-titres. La télévision américaine évite de les inviter dans ses fameux talkshows. Noël et Liam ne cherchent jamais à gommer leur accent et sont particulièrement grossiers, rendant complexe le montage de leurs déclarations qu’il faut épurer de tous leurs « fuck » et autres jurons. Mais en Angleterre, cet accent, preuve de leurs origines sociales, devient bientôt un atout, qui accroît leur position de working class heroes. Le monde entier les connaît, mais ils parlent comme dans Coronation Street. », un feuilleton populaire dans lequel « tous les personnages ont un accent mancunien prononcé. » (p. 102).

Et puis, le choc… « Vivre pour toujours, cela ne dure qu’un temps. En 1997, tout s’arrête. Presque du jour au lendemain. La Britpop n’est plus. Quelque chose est bel et bien mort. Pourquoi ? Parce que les labels, alléchés par l’appât du gain, signent tout et n’importe quoi. Le New Musical Express parlera même de « Noelrock » pour désigner ces groupes, tes que Cast et Ocean Colour Scene, qui doivent tout au leader d’Oasis, pointant ainsi du doigt une recette désormais éculée. Des groupes pop comme Idlewild, Stereophonics et Travis, malgré de bonnes chansons, n’ont pas réussi à imposer leur personnalité, sonnant comme des ersatz et des suiveurs des deux géants Oasis et Blur. » (p. 114), les artistes de ‘Madchester’ ne sont plus adulés. Snif, je me souviens avoir écouté et aimé Cast et Travis… Et puis d’autres groupes britanniques comme Radiohead, Muse, Coldplay, The Verve.

J’avoue que, après Oasis, j’ai suivi les carrières de chacun des frères, en fait chacun avec un nouveau groupe, Beady Eye pour Liam, High Flying Birds pour Noël, puis en solo pour Liam et je peux vous dire qu’il y a des deux côtés de très bonnes chansons.

Cette lecture entre dans le Challenge lecture 2022 (36, un livre dont le titre contient un gros mot) et Petit Bac 2022 (catégorie Gros mot pour Ploucs).