Stand Still Stay Silent, livre 1 de Minna Sundberg

Stand Still Stay Silent, livre 1 de Minna Sundberg.

Akileos, octobre 2018, 320 pages, 29 €, ISBN 978-2-35574-353-5. Stand Still Stay Silent, Book 1 (2013, réédition 2015) est traduit de l’anglais par Diane Ranville.

Genres : bande dessinée suédo-finlandaise, comics, science-fiction, fantasy.

Minna Sundberg naît le 9 janvier 1990 en Suède mais vit en Finlande entre 1997 et 2013 avant de retourner en Suède. Elle étudie le graphisme à Helsinki et réalise sa première bande dessinée, A Redtail’s Dream (600 pages), un conte inspiré de la mythologie finlandaise, paru chez Akileos sous le titre Un rêve de renard en 2019. Plus d’infos sur le site officiel de SSSS (il y a 4 tomes) et sur son site officiel.

Année 0, jour 0. En plus de pluies diluviennes sur la Norvège, le gouvernement annonce que la maladie de la Rouille arrive (l’Islande a déjà fermé ses frontières). À Dalsnes, un village encore plus isolé depuis que la route s’est effondrée, Aksel demande à Gunnar (qui part en bateau) de ramener de la ville sa grand-mère qui vit seule (avec un chat).

Année 0, jour 3. Les pays ferment les trafics aériens et maritimes. « Si cela nous permet de retarder l’arrivée de la contagion sur notre sol, même pendant quelques semaines, nous pourrons peut-être développer un remède d’ici-là. Ou au moins, nous aurons mis en place un plan pour gérer la prise en charge des malades alors même que presque tout le pays sera cloué au lit. » (p. 22).

Dingue, Minna Sundberg a écrit et dessiné cette histoire en 2013 mais ça ressemble bigrement à la crise du covid !

Année 0, jour 5… jour 40. Tout s’accélère, évolution de la maladie, des contaminations, des morts, plus aucun contact avec l’extérieur.

« Année 90. Islande. Reykjavík, capitale du monde connu. Population : 41750. Taux d’immunité : 11 %. » (p. 60). Une équipe est constituée par « le conseil nordique de l’Histoire et de la Redécouverte […] pour une mission de recherche en direction du monde silencieux. » (p. 63). Siv et Torbjörn Västerstöm (Suédois, 35 et 38 ans, universitaires), Taru Hollola (Finlandaise, 41 ans, stratège dans l’armée) et Trond Andersen (Norvégien, 67 ans, général à la retraite) vont partir en Suède.

En plus des cases de la bande dessinée, il y a un peu comme un journal de bord avec la « carte complète représentant le monde connu élaborée par Steingrímur Þórðarson, Scalde, révisée en l’an 87 » (p. 70), les différents peuples avec leurs spécificités et leurs croyances, les Islandais, les Norvégiens, les Danois, les Suédois, les Finnois (notez que le reste du monde est devenu totalement inconnu) et des consignes comme « La première règle pour survivre en dehors des zones sécurisées. En cas de rencontre avec une bête, un troll ou un géant, ne courez pas, n’appelez pas à l’aide. Souvenez-vous simplement de rester immobile et silencieux. Peut-être qu’il partira. » (p. 74), d’où le titre Stand Still, Stay Silent (rester immobile, rester silencieux).

Eh oui, commencée comme de la science-fiction, la bande dessinée continue comme de la fantasy voire du fantastique (avec une pointe d’horreur). C’est bien joué de la part de l’autrice !

Le couple Västerstöm, Taru Hollola et Trond Andersen embarquent avec eux dans l’expédition, Tuuri Hotakainen (Finlandaise, 21 ans, de la base militaire Keuruu, Scalde et mécanicienne), à noter qu’Onni Hotakainen, son frère (27 ans, mage dans l’armée) refuse d’embarquer au dernier moment, Lalli Hotakainen (leur cousin, Finlandais également, 19 ans, mage et éclaireur dans l’armée) et un chat : il y a deux pages sur « Les félins sacrés. Les poissons, les oiseaux, les insectes et les reptiles, toutes les créatures à peine conscientes qui peuplent notre monde furent épargnées tandis que tous les représentants du règne mammifère succombaient à la maladie. Tous, sauf le chat. Peut-être était-ce le hasard, peut-être était-ce le destin, peut-être étaient-ils connectés au monde des esprits. […] » (p. 112-113). Puis, lors de l’escale en Finlande, Emil Västerstöm (Suédois, 19 ans, nettoyeur dans l’armée et neveu de Torbjörn Västerstöm) se joint à l’équipe et le voyage se poursuit en train jusqu’à Mora, capitale de la Scandinavie.

Bon, je ne vous en dis pas plus, il y a tant de choses à découvrir dans cette bande dessinée qui est un beau livre à avoir sur ses étagères. Plus d’un an et demi de travail pour l’autrice qui a utilisé différentes légendes scandinaves pour parfaire son histoire (et montrer leurs ressemblances et leurs différences selon les pays et leur langue). Et donc, c’est à la fois science-fiction, fantasy, fantastique mais ce n’est pas fouillis. Au contraire, c’est vraiment bien diversifié au niveau de l’agencement des cases, de la lecture, des pages de ‘journal’ avec des explications (des infos importantes), des couleurs (plutôt tons bleus et de l’orange lorsqu’il y a du danger, comme la couleur de la maladie, la rouille) et des paysages avec de nombreux détails. Rien que de voir les personnages principaux (qui vont dans la zone inconnue et dangereuse avec chacun leurs qualités, leurs défauts, leurs angoisses) sur la couverture fait envie et, au feuilletage, on se rend compte tout de suite que c’est riche, dense, intense, rythmé, ce qui se confirme à la lecture. Il y a même de l’humour et de la poésie. Une totale réussite et j’ai hâte de lire les tomes suivants !

Elle a lu les deux premiers tomes et les a appréciés : L’ourse bibliophile. D’autres ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) et les challenges BD 2022, Challenge lecture 2022 (catégorie 29, un livre dont le titre est un verbe à l’infinitif, bon les deux verbes, stand et stay, sont anglais), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Verbe pour Stand et Stay), Tour du monde en 80 livres (Finlande, l’autrice est Suédo-Finnoise mais j’ai déjà un livre pour la Suède) et Shiny Summer Challenge 2022 (menu 2 – Orage d’été, sous menu 1 – Dorothée au pays d’Oz = voyager dans le temps et les univers, les sorcières sont invitées, ici ce sont les trolls et autres dangereuses créatures post apocalyptiques). Et, bon sang, j’ai oublié le Challenge nordique !

L’Autre Paris d’Ivar Lo-Johansson

L’Autre Paris d’Ivar Lo-Johansson.

Ginkgo, collection L’élan, octobre 2016, 88 pages, 10 €, ISBN 978-2-84679-268-4. Okänt Paris (c’est-à-dire Paris inconnu, 1954) est traduit du suédois par Philippe Bouquet.

Genres : littérature suédoise, récit de voyage, récit social.

Ivar Lo-Johansson naît le 23 février 1901 à Ösmo (sud-est de Stockholm) en Suède. Son premier livre est Vagabondliv i Frankrike (Une vie de vagabond en France) paru en 1927. Il écrit sur les Statares (système créé au XVIIIe siècle qui permettait aux patrons de payer les ouvriers agricoles en nature, c’est-à-dire avec le gîte et le couvert mais de qualité médiocre, système aboli en 1945), sur le sport, l’analphabétisme, la prostitution, entre autres. Il est écrivain et journaliste, romancier, nouvelliste et poète, il fait partie du mouvement de la littérature prolétarienne. Il meurt le 11 avril 1990 à Stockholm et il est enterré au Skogskyrkogården (Cimetière boisé de Stockholm, un peu un Père-Lachaise suédois). Il existe un site officiel et un musée consacrés à Ivar Lo-Johansson (site en suédois mais un accès à sa bibliographie).

Le traducteur, Philippe Bouquet, rédige la préface du livre. Le 26 août 1969, alors assistant de faculté, il met « pour la première fois les pieds à Stockholm » (p. 7) et il est accueilli par un écrivain suédois qui lui offre son livre, dédicacé, Okänd Paris, « C’était la première fois qu’un écrivain me remettait personnellement une de ces œuvres, celui-ci était un étranger et son livre portait sur mon pays, sa capitale, ses lieux et habitants les plus obscurs. » (p. 8), l’accent étant mis « sur le côté ‘ombre’ de la Ville-Lumière. » (p. 10). Malheureusement, ce livre est « amputé des dizaines de photos qui en font partie intégrante car c’est en compagnie du photographe Tore Johnson qu’Ivar Lo-Johansson a effectué ce reportage […]. » (p. 8).

Aux début des années 1920, Ivar Lo-Johansson vient en France pour la première fois, il y vit dans la misère, dans la rue (comme George Orwell quelques années plus tard, en 1928-1929, qui témoigne avec Dans la dèche à Paris et à Londres, paru en 1933) et il publie Vagabondage en France (ou Une vie de vagabond en France) en 1927 en Suède (inédit en français). S’il revient à Paris, 25 ans après, « c’est pour y observer de près le monde de la pauvreté : les mendiants, les prostituées, les vieux dans leurs asiles et les miséreux dans leurs refuges. » (p. 18).

Comme je souhaite présenter ce livre dans Les classiques c’est fantastique avec le thème de juin C’est dans l’art, je souhaite préciser qu’à travers les miséreux qu’il rencontre, l’auteur a à cœur de parler de l’Art et de l’évolution architecturale de Paris. Par exemple, il va sous les ponts en bord en Seine, et il dit que « Dans le Louvre voisin, les riches touristes américains (et suédois) admirent les mendiants qui figurent sur les tableaux de Rembrandt. Mais ceux qui couchent sous les ponts de Seine, ils ne leur jettent même pas un regard, car ils ne sont pas célèbres. » (p. 11). Les clochards ou cloches ont pourtant une belle vue sur la cathédrale Notre-Dame. Souvent leurs nuits se passent à la belle étoile car les bouches de métro et les églises sont fermées. Certains n’étaient pas des clochards mais des chiffonniers mais « Lorsqu’il y aura des vide-ordures partout à Paris, ce sera la fin des chiffonniers. » (p. 27).

En ce qui concerne les « hospices et […] asiles d’indigents et de vieillards » (p. 31) gérés par l’Assistance publique (il y en a 28 à Paris et très peu en province), beaucoup sont d’anciens châteaux avec parc et jardins, des vieilles pierres, mais sans aucune modernité… Et pour les prostituées, ce n’est pas mieux, les bordels ayant fermés, elles se retrouvent sur le trottoir à la merci des maquereaux, des mauvais clients et des maladies vénériennes…

L’auteur parle aussi des Halles, haut-lieu parisien (créé au début du XIIe siècle) dont aucun auteur n’a parlé depuis Zola… et il n’est pas tendre. « Paris a énormément grandi. Les Halles ont suivi le mouvement mais, malgré leur énormité, ce n’est jamais qu’un marché comme un autre et pas des plus modernes. Le ventre de Paris a tellement grandi qu’il est devenu informe et alourdit le corps, déjà colossal, de la ville, entraînant des problèmes de digestion. Les Halles sont mal organisées, peu hygiéniques et constituent une absurdité du point de vue de la circulation. » (p. 51), j’imagine que ça a évolué en bien, j’espère ! D’ailleurs les Halles avaient un peintre attitré, Narcisse Belle (1900-1967, qui était boucher charcutier aux Halles).

Il y a aussi de nombreuses affiches partout dans Paris, bien sûr beaucoup sont artistiques mais l’auteur est stupéfait par celles qui dénoncent l’alcool (il y a pourtant 15400 cafés et bars à Paris, la France est le premier producteur d’alcool au monde et le plus grand consommateur mais l’alcool est considéré comme ‘un criminel en liberté’, cf p. 57), bref on est loin des affiches du Chat noir (cabaret de Montmartre).

Je ne connaissais pas le cimetière des chiens sur une des îles de la Seine. « Il a été fondé par la poétesse Marguerite Durand. C’est l’un des cimetières les plus riches du monde. Trente-cinq mille animaux y sont enterrés, surtout des chiens, mais également des chats, des oiseaux et un lion. » (p. 63). Imaginez des « cyprès et palmiers […] fontaines en forme de têtes de chien […] monuments de marbre […]. » (p. 63), « les photographies et les sculptures […] mausolées […]. » (p. 64). Vous pouvez voir des photos sur le site de la mairie d’Asnière sur Seine ici et ici.

Et puis, bien sûr, il y a le Paris des artistes, Montparnasse d’abord, Saint Germain des Prés ensuite, c’est que les artistes désargentés doivent bouger lorsque le quartier devient trop cher pour qu’ils puissent continuer d’y vivre (on ne parlait pas à l’époque des bobos mais c’était déjà ce phénomène). « Ce sont les villes désertes de l’art, à Paris. C’est cela, la sociologie de l’art. » (p. 69). Mais les artistes peintres, génies ou idiots, vivent dans les même conditions que leurs prédécesseurs (l’auteur cite Gauguin et Renoir), « Ceux qui meurent ainsi de faim et grelottent de froid dans leur mansarde constatent que cela peut arriver. Pourquoi donc n’en irait-il pas de même pour eux ? Le présent est misérable, mais le rêve est riche. » (p. 73).

L’auteur conclut en disant qu’il existe un autre Paris « nettement plus beau, celui de l’art, de l’intelligence, de la belle architecture et des boutiques de luxe. Mais ce n’est pas pour cela que je suis venu ici. Si je choisis le Paris inconnu et le revers de la médaille, ce n’est pas parce que j’ignore la beauté. » (p. 76).

Allez, le Paris des années 50, on y va, boire un café en terrasse ou un verre de vin (blanc le matin, rouge le soir), enfin si on en a les moyens !

Ce petit livre est beau, intelligent, ou quand un Suédois apprend des choses aux Français sur la France, une France qu’ils n’ont pas connue, une France d’après-guerre (années 50) souvent idéalisée mais l’auteur rencontre et raconte le réel. Il est vraiment dommage que les photographies de Tore Johnson (1928-1980) n’aient pas pu être insérées dans ce livre (évidemment ça aurait eu un coût) mais il est possible d’en voir sur internet, en particulier sur Tore Johnson – Bilder från Paris du Nordiska Museet ou sur Tumblr entre autres (d’après ce que j’ai vu, elles sont toutes en noir et blanc).

D’autres titres d’Ivar Lo-Johansson traduits en français : La tombe du bœuf et autres récits (Actes Sud, 1982) et Histoires d’un cheval et autres récits (Actes Sud, 1986), quelqu’un les a lus ?

Je tiens à dire que Ginkgo m’avait envoyé ce livre en 2016 mais que je n’avais pas pu le lire pour des raisons personnelles (séparation, déménagement, problème de santé) et pratiques (en fait il était dans un des 10 cartons de livres non déballés à ce moment-là et je ne l’ai retrouvé que récemment). Merci pour cette belle lecture même si elle arrive 5 ans et demi après !

En plus du challenge Les classiques c’est fantastique avec le thème de juin C’est dans l’art, je mets cette lecture dans 2022 en classiques, Challenge de l’été – Tour du monde, Challenge lecture 2022 (catégorie 17, un livre publié après le décès de l’auteur, auteur mort en 1990 et livre publié en France en 2016), Petit Bac 2022 (catégorie Lieu pour Paris), Shiny Summer Challenge 2022 (menu 4 – Chaud et ardent, sous menu La flamme intérieure = essai, documentaire et enrichissement personnel, ce récit de voyage est un essai littéraire et documentaire sur le Paris des années 50), Les textes courts, Tour du monde en 80 livres (même s’il parle de Paris, l’auteur est Suédois et c’est sa nationalité qui compte pour ce challenge), Un genre par mois (le thème de juin est la non fiction, biographie, voyage…) et le Challenge nordique (Suède).

Message personnel (Opcop 1) d’Arne Dahl

Message personnel (Opcop 1) d’Arne Dahl.

Actes Sud, collection Actes noirs, octobre 2014, 464 pages, 23 €, ISBN 978-2-330-03694-2. Viskleken (2011) est traduit du suédois par Rémi Cassaigne. Parution en poche dans la collection Babel noir, n° 168, novembre 2016, 576 pages, 9,90 €, ISBN 978-2-330-07049-6.

Genres : littérature suédoise, roman policier.

Arne Dahl, de son vrai nom Jan Lennart Arnald, naît le 11 janvier 1963 à Sollentuna (comté de Stockholm, Suède). Il est d’abord critique littéraire et journaliste puis devient romancier (romans policiers) et scénariste. Il travaille également à l’Académie suédoise. Ses séries : A-gruppen (11 tomes entre 1999 et 2008, les 4 premiers sont traduits en français et parus chez Seuil), Opcop (4 tomes entre 2011 et 2014, tous traduits en français et parus chez Actes Sud). D’autres romans, nouvelles et poésie sont parus sous le nom de Jan Arnald entre 1990 et 2010 mais aucun titre n’est traduit en français. Plus d’infos sur son site officiel (euh… en suédois).

Les pages 9 et 10 présentent le groupe Opcop d’Europol. Le noyau central est à La Haye au Pays-Bas (11 membres, parmi les meilleurs d’Europe) et une antenne locale à Stockholm en Suède (3 membres). Je ne note pas leurs noms mais je suppose que le lecteur va les retrouver à un moment ou un autre dans ce roman ou dans les tomes suivants.

Dès la première page, j’ai été surprise par la construction ! Je vous explique avec cet extrait : «  Rien n’est plus froid, pensa l’observateur […]. Rien n’est plus froid que Londres […]. Cette grisaille, pensa l’observateur […]. Cette grisaille humide […]. Et pourtant, il faisait plus froid. Pourtant […]. Un froid différent. Un vent. Un vent qui ne semblait pas venir du dehors, mais de l’intérieur. De l’intérieur de son être, des profondeurs de l’histoire, du cœur même de l’humanité. […]. » (p. 13). Vous voyez ce que je veux dire ? Je ne sais pas pour vous, mais, de mon côté, je sais que ce roman va me plaire !

L’observateur, c’est Arto Södersted, à la fois suédois et finlandais, officier supérieur de la police criminelle, membre du groupe Opcop qui signifie « Overt Police Cooperation, collaboration policière ouverte au sein d’Europol [mais] à la base, c’était l’abréviation d’Operating Cops » (p. 37).

Dans Message personnel, Europol fête ses 10 ans (le 1er juillet 2009 donc). L’agence européenne chargée de faciliter l’échange de renseignements entre les polices de l’Union européenne s’occupe de « toutes les formes de criminalité transfrontalières » (p. 32), c’est-à-dire la criminalité internationale, la pédophilie et la pédopornographie, le trafic de stupéfiants, le terrorisme, de façon semblable à « une police supranationale opérationnelle, […] la première pierre d’un FBI européen. » (p. 33) en quelque sorte.

C’est donc de ces crimes et d’autres que traite ce premier roman sur l’Opcop, capitalisme, crise financière, mafias, criminalité économique donc, mais aussi criminalité aux personnes (trafics humains, pornographie…), politique, écologie… Cependant « […] nous n’approchons pas du sommet. Où sont les gros durs ? – C’est la criminalité de notre époque, j’en ai peur, dit Paul Hjelm. Les décideurs ne sont jamais visibles. Nous nous battons contre des fantômes, des ombres. Contre quelque chose d’aussi diffus que l’air du temps. » (p. 283) et je crains qu’en dix ans, avec l’explosion d’Internet, les choses aient encore empiré…

« Soudain, la situation de la banque s’est à nouveau dégradée. Rien n’a été dit publiquement, mais je me doute que la rumeur qui court ne vient pas de nulle part. […] Pourquoi feindre d’être plus mal en point qu’en réalité ? Parce qu’on peut ainsi faire de l’argent, pardi ! […] les vingt pays les plus riches du monde se réuniront pour discuter de la crise financière et des mesures à prendre pour y remédier. Alors, quantité d’argent sera débloqué. […] Des sommes folles seront débloquées. Des milliards de dollars. Les montants les plus stupéfiants que le monde ait jamais vus changeront de propriétaire, passeront du Trésor public dans des poches privées, et personne ne protestera. Un énorme flot d’argent coulera des caisses publiques des États vers les banques d’affaires, les banques d’investissement et les banques de l’ombre du monde entier. […] à des banques négligentes et des banquiers irresponsables […]. » (p. 116). Je comprends mieux maintenant à quel « jeu » joue les banques et les financiers de tous poils et j’ai fait quelques recherches sur la banque Lehman Brothers citée dans le roman – mais pas dans cet extrait – et dont la faillite en 2008 a précipité la crise économique mondiale. Les États qui versent de l’argent public aux banques privées le font-ils pour éviter des crises économiques supplémentaires ou pour enrichir les financiers et assurer en contrepartie leurs arrières ? Nous, pauvres contribuables dépossédés de cet argent, ne le saurons sans doute jamais…

« L’époque est particulière […]. Le capitalisme aurait pu s’arrêter et songer à son image. On aurait pu se dire : ‘On a gagné, on a vraiment gagné partout sur la planète. Personne ne remet plus en doute le fait qu’une société fondée sur l’offre et la demande soit la meilleure qui soit. Si on évitait de pousser cette logique à l’extrême, on rallierait aussi à notre cause l’ensemble des populations de la planète. Il existe une face terrible du capitalisme, totalement inhumaine – on le sait et on veut éviter de la montrer. Comme ça nous entraînerons les gens avec nous.’ Au lieu de quoi, on a fait exactement l’inverse. Au lieu de quoi, le capitalisme a tout écrasé sur son passage, et il n’y survivra pas. Le monde va s’embraser, et je suis le premier à le déplorer. » (p. 274).

Ce polar/thriller entraîne le lecteur de La Haye à Londres, New York, l’Italie du Sud, Riga… pour une première enquête dangereuse et passionnante dans les arcanes bancaires et mafieuses. « C’est fou comme tout se tient… […]. Nous vivons maintenant dans un monde étrange. Personne n’échappe à l’économie mondialisée. Même quand on vit dans un petit village du Tibet. » (p. 390). Et j’ai très envie de lire les autres tomes de la série Opcop soit Prenons la place des morts (Actes Sud, 2017 et Babel noir, 2019), Jeu du loup (Actes Sud, 2019 et Babel noir, 2021), Le dernier couple qui sort (Actes Sud, 2021).

Quelques fautes. Page 30, « Un page de démarrage de moteur de recherche. ». Page 113, « chardons ardents », j’ai bien vérifié, on ne dit que « charbon(s) ardent(s) », par contre il existe un Festival les Chardons ardents en Bretagne mais qui n’a rien à voir avec le sens utilisé dans le roman ! Pages 261-262, « et c’est alors que déboule de chinois ». Page 393, « Le secret bancaire lui interdit de dire révéler lesquelles. ». C’est surprenant de la part d’Actes Sud…

J’ai lu ce premier tome pour Le Mois Nordique (décembre) et je lirai les tomes suivants. Je mets aussi cette lecture dans le Challenge nordique, Polar et thriller 2021-2022 et Voisins Voisines 2021 (Suède).

Patte de velours, œil de lynx de Maria Ernestam

Patte de velours, œil de lynx de Maria Ernestam.

Gaïa, collection Kayak, octobre 2015, 120 pages, 9 €, ISBN 978-2-84720-649-4. Poche : Babel, n° 1619, mai 2019, 112 pages, 5,70 €, 978-2-330-10331-6. Öga för öga, tass för tass (2014) est traduit du suédois par Esther Sermage.

Genres : littérature suédoise, roman.

Maria Ernestam naît le 29 novembre 1959 à Uppsala en Suède (au nord de Stockholm). Elle étudie le journalisme à l’université d’Uppsala puis la littérature anglaise et les mathématiques à l’université de Göteborg (Suède) puis les sciences politiques et les relations internationales à l’université du Kansas (États-Unis). Elle vit ensuite plus de 10 ans à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) avant de regagner la Suède. Son premier roman, Caipirinha med Döden (non traduit en français) paraît en 2005. J’ai rencontré Maria Ernestam en novembre 2013 dans le cadre du Prix La Passerelle 2013 (photos ci-dessous), elle a parlé quelques mots en français.

Début du printemps. Dans la campagne de Scanie. Sara et Björn, des citadins, emménagent avec leur chatte Michka dans une maison isolée qu’ils veulent retaper et il y a un jardin idéal pour Sara, paysagiste. Leurs seuls voisins, Agneta et Lars, semblent très sympathiques et ont également un chat, un Norvégien gris tigré, Alexander. « Une maison sans chat, ce n’est pas une vraie maison, dit Agneta. » (p. 27).

Les relations sont de plus en plus cordiales. « Entre voisins, ils allaient sûrement pouvoir se rendre service sans exiger en retour autre chose qu’un petit moment de sociabilité de temps en temps. » (p. 30) et « Tout allait donc au mieux. Sauf entre Michka et Alexander, le chat de Lars et Agneta. » (p. 33).

Mais… Il y a toujours un « mais », n’est-ce pas ? Agneta se montre jalouse, agressive, et aussi tyrannique qu’Alexander ! « Sara s’était endormie […]. Il y eut un bruit. […] Il y avait quelqu’un en bas. Un individu s’était introduit chez elle […]. » (p. 82).

Deux extraits sur Alexander, le matou terrible !

« Il n’était pas plus grand que ses adversaires, non, mais il avait le combat dans le sang. Ses gènes portaient les traces de générations de chats sauvages qui, ayant échappé au fléau du dorlotage, s’étaient battus pour leur survie et leur nourriture. » (p. 10). « Il ne connaissait pas la peur. » (p. 11).

Petite relecture puisque j’avais déjà lu ce roman en janvier 2016 mais je n’avais pas publié de note de lecture…. Vous l’aurez compris, tout n’est pas idyllique dans la campagne suédoise et ce roman est construit comme un thriller, la tension s’installant peu à peu et grandissant rapidement, mais il y a de l’humour et parfois j’ai (sou)ri, simplement ce roman est un peu trop court, il aurait mérité quelques pages de plus ! Heureusement, il est très bien écrit donc j’ai passé un bon moment de lecture. Un cadre bucolique mais…

Je mets cette lecture dans le Challenge Cottagecore (catégorie 3, propriétés et jardins dissimulés, pour la vie à la campagne et le jardin de Sara), Challenge lecture 2021 (catégorie 30, un livre dont l’histoire se déroule dans un pays européen, 4e billet), Challenge nordique (Suède) et Voisins Voisines (Suède).

La fuite en Égypte de Selma Lagerlöf

La fuite en Égypte de Selma Lagerlöf.

In La Revue Bleue tome 15 n° 1, 1901, (p. 549-551), traduit du suédois par L.H. Havet.

Après avoir vu le documentaire sur Selma Lagerlöf, j’ai trouvé cette légende qu’elle a écrite.

Une légende qui parle d’un palmier « extrêmement âgé et extrêmement haut » dans un désert d’Orient. Alors qu’il contemple « l’étendue du désert », il aperçoit deux voyageurs, deux étrangers, un homme et une femme. « En vérité, dit le palmier se parlant à lui-même, voilà des voyageurs qui viennent ici pour y mourir. » C’est que « La mort les attend ici sous sept formes différentes, pensa-t-il. Les lions les dévoreront, les serpents les piqueront, la soif les desséchera, le sable de l’ouragan les ensevelira, les brigands les massacreront, le feu du soleil les consumera, la peur les anéantira. » Mais… Mais, c’est impossible : ils ont avec eux un petit enfant ! Ce sont sûrement des fugitifs. « Mais ce n’en sont pas moins des insensés, poursuivit le palmier. S’ils n’ont pas un ange pour les protéger, il eût mieux valu pour eux s’abandonner à la fureur de leurs ennemis que de s’enfuir au désert. »

Et le palmier, qui a dans les mille ans, se souvient d’une visite ancienne à l’oasis : « la reine de Saba et le sage roi Salomon ». Mais, maintenant, l’oasis est tarie et les fugitifs n’y trouveront rien à boire…

Une légende inspirée de La fuite en Égypte (Évangile selon Matthieu) comme un miracle de Noël que je mets dans Décembre nordique et le challenge Contes et légendes #2.

Et n’oubliez pas de visiter Mon avent littéraire 2020 pour le jour n° 24.

La princesse du Burundi de Kjell Eriksson

La princesse du Burundi de Kjell Eriksson.

Gaïa, collection Polar, octobre 2009, 352 pages, 22 €, ISBN 978-2-84720-150-5. Prinsessan av Burundi (2002) est traduit du suédois par Philippe Bouquet.

Genres : littérature suédoise, polar.

Kjell Eriksson naît en 1953 à Uppsala (Suède). Il est auteur, principalement de romans policiers.

Un mois de décembre enneigé à Uppsala. John, surnommé Petit-John, avait flirté avec la délinquance quand il était adolescent mais c’est terminé depuis qu’il est marié avec Brit et qu’ils ont un fils de 14 ans, Justus. Mais Berit est inquière car John est très en retard… Mais il ne rentrera jamais. « John Harald Jonsson avait saigné abondamment. Sa veste claire était maculée de sang coagulé. La mort avait sans doute été un soulagement pour lui, car il lui manquait trois doigts à la main droite. Ils avaient été sectionnés à hauteur de la deuxième phalange. Les brûlures et autres marques bleu foncé qu’il portait au cou et au visage témoignaient aussi des souffrances qu’il avait endurées. » (p. 22-23). Le corps de John a donc été retrouvé dans la neige, torturé, à Libro, là où les employés municipaux vont décharger la neige.

Le frère aîné, Lennart Albert Jonsson se sent responsable et il veut retrouver le meurtrier de John. « La neige crissait sous ses pas. […] Il aurait aimé s’allonger dans la neige pour y mourir, ainsi qu’avait fait John. Son unique frère. Mort. Assassiné. Le désir de vengeance le tourmentait comme si on lui avait enfoncé une barre de fer dans le corps et il sut dès lors que que ce ne serait que lorsque le meurtrier aurait payé son crime que cette douleur pourrait s’atténuer. » (p. 53).

La commissaire Ann Lindell est en congé parental, elle s’occupe de son nouveau-né, Erik, mais elle s’ennuie alors elle va suivre l’affaire « en marge » et ne pourra pas s’empêcher d’intervenir car elle connaissait John.

Parmi les enquêteurs de son équipe, Ola Haver, Beatrice, Fredriksson, Ottosson, Riis… et je pense qu’ils sont dans les précédents tomes.

Cette troisième enquête d’Ann Lindell a reçu le Prix du meilleur roman policier suédois en 2002. Les enquêtes précédentes sont La terre peut bien se fissurer (2000, Gaïa 2007) et Le cercueil de pierre (2001, Gaïa 2008). Les enquêtes suivantes sont Le cri de l’engoulevent (2003, Gaïa 2010), Les cruelles étoiles de la nuit (2004, Gaïa 2012) et L’homme des montagnes (2005, Gaïa, 2013) avec éditions en poche chez Babel noir. Si je trouve certains de ces titres à la bibliothèque, je les emprunterai !

Les polars suédois sont en général bien détaillés et bien glauques… La princesse du Burundi est en fait le poisson préféré de John qui a (avait) un énorme aquarium, c’est un poisson tropical, un cichlidé (je pense en avoir déjà vu dans des aquariums).

Pour les challenges Animaux du monde #3 (pour les poissons), Challenge de l’été 2e tour (Suède), Petit Bac 2020 (pour la catégorie Lieu avec Burundi), Polar et thriller 2020-2021 et Voisins Voisines 2020 (Suède).

Les enfants de cendres de Kristina Ohlsson

Les enfants de cendres de Kristina Ohlsson.

Michel Lafon, mars 2011, 368 pages, 19,95 €, ISBN 978-2-74991-390-2. Lu en poche : J’ai lu, juin 2012, réédition novembre 2017, 445 pages, 7,60 €, ISBN 978-2-29003-958-8. Askungar (2009) est traduit du suédois par Hélène Hervieu.

Genres : littérature suédoise, roman policier.

Kristina Ohlsson naît le 2 mars 1979 à Kristianstad en Suède. Elle travaille comme analyste pour la Police nationale suédoise et se lance dans l’écriture (romans policiers adultes et littérature jeunesse). Les enfants de cendres est son premier roman et le premier volet des enquêtes de Fredrika Bergman, son alter ego de fiction. Du même auteur : Tusenskönor = La fille au tatouage (2012) et Änglavakter = Les anges gardiens (2013).

« Tu n’aurais jamais dû voir le jour ! lui hurlait-elle au visage. Tu es l’incarnation du mal ! » (p. 12). Devenu adulte, « l’Homme » décide de « obtenir réparation » (p. 13) de tout le mal qu’il a subi et de se venger.

Suite à un concours de circonstances, une fillette de 6 ans, Lilian, se retrouve seule dans le train Göteborg-Stockholm entre Flemingsberg et Stockholm. Mais à l’arrivée, où sa mère, Sara Sebastiansson, espère la retrouver, « La petite fille endormie avait disparu. Il ne restait que ses sandales rouges. » (p. 18). La Brigade criminelle c’est-à-dire Alex Recht, policier depuis plus de 25 ans, et Peder Rydh, jeune papa de jumeaux, enquêtent avec leur nouvelle collègue, Fredrika Bergman, « criminologue spécialisée dans les crimes commis envers les femmes et les enfants » (p. 42) que ses collègues considèrent comme « une universitaire se fourvoyant dans un milieu qui n’était pas le sien » (p. 59). « Malgré le contexte difficile, j’ai bon espoir, conclut Alex en sortant de la salle. À mon avis, c’est juste une question de temps. La fillette finira par réapparaître. » (p. 54). Pour sûr, elle réapparaît… Et ce n’est pas fini…

J’aime bien Alex Recht, un idéaliste : « Il avait grandi avec certaines règles, et appris à les respecter […]. On ne frappait pas les femmes. On ne frappait pas les enfants. On ne mentait pas. Et on prenait soin des personnes âgées. […] Comment pouvait-on infliger ça à son prochain ? » (p. 77). Est-il représentatif de la société suédoise ? Je ne sais pas, je ne connais pas assez ! Mais, en tout cas, lorsque des affaires criminelles concernent des enfants, c’est toujours glauque… Ce roman parle des violences faites aux enfants (certains deviennent des criminels) et aux femmes, de la misogynie au travail, de la société suédoise et l’enquête menée soit dans la « Tanière du lion » soit à l’extérieur est bien menée, rythmée et passionnante. En plus, je n’ai pas eu de mal avec les noms suédois, j’ai l’impression qu’ils étaient plus simples que dans d’autres romans ! L’auteur distille des informations sur la vie des enquêteurs ce qui les rend attachants et donne envie de les suivre dans les tomes suivants.

Lu d’une traite, samedi, pour le premier weekend à 1000 de l’année, je mets ce roman dans les challenges Polar et Thriller – ainsi que dans le Mois du polar – et Voisins Voisines (Suède). C’est un premier roman mais j’ai l’impression que le Défi Premier roman de Fattorius ne revient pas cette année, dommage.

La bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald

BibCoeursCabossesLa bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald.

Denoël, Hors collection, janvier 2015, 496 pages, 21,90 €, ISBN 978-2-207-11775-0. Läsarna i Broken Wheel rekommenderar (2013) est traduit du suédois par Carine Bruy.

Genre : littérature suédoise .

Katarina Bivald habite à Älta en Suède. La bibliothèque des cœurs cabossés est son premier roman et son deuxième roman, Uneasy Rider, est sorti en Suède en août 2015. Plus d’infos sur son site officiel, http://katarinabivald.se/en/.

Sara Lindquist, 28 ans, vendeuse dans une librairie de banlieue depuis dix ans, vit à Haninge en Suède. Elle correspond depuis plus de deux ans avec Amy Harris, une Américaine de 65 ans, qui vit à Broken Wheel en Iowa et qui partage sa passion de la lecture. Lorsqu’elle perd son travail, Sara se rend aux États-Unis mais elle ne comprend pas pourquoi Amy ne vient pas la chercher à la gare de Hope comme prévu. « Qu’allez-vous faire là-bas ? – Lire. Il secoua la tête. – Des vacances en quelque sorte, ajouta-t-elle. » (p. 12). Broken Wheel est une ville de 637 habitants, entourée de maïs, poussiéreuse, délabrée et « déprimante » (p. 50). En fait Amy est morte, enterrée le jour de l’arrivée de Sara et ses amis l’installent dans la maison vide parce que c’est ce qu’Amy aurait voulu. Sara n’a pas de vie en dehors de la lecture et elle n’a pas d’amis alors pourquoi ne pas rester un peu ? « Les livres lui avaient servi de remparts, oui, mais pas seulement. Ils l’avaient protégée du monde extérieur en le réduisant à une espèce de vague toile de fond bien moins tangible que les aventures fictives dont elle se délectait. » (p. 30). Pour les habitants, au demeurant charmants, Sara est une distraction mais ils souhaitent aussi la divertir. Comment ? Les seules distractions sont les champs de maïs ou de soja, la forêt de chênes et… Tom le célibataire de la ville !

ChallengeLitteraturePaysFroidsDeux extraits

« Es-tu certaine de vouloir ouvrir une librairie ? demanda Andy. – Je pense que tu devrais plutôt nous laisser organiser un pique-nique sympa, suggéra Jen. Ou pourquoi pas une excursion en forêt. » (p. 117).

« Les livres sont fantastiques et prennent sans doute toute leur valeur dans un chalet au fond de la forêt, mais quel plaisir y a-t-il à lire un livre merveilleux, si on ne peut pas le signaler à d’autres personnes, en parler et le citer à tout bout de champ ? » (p. 189).

DefiPremierRoman2016Pas de doute, La bibliothèque des cœurs cabossés est un roman aussi charmant que les habitants de Broken Wheel ! Un peu long certes (près de 500 pages) mais finalement, je ne me suis pas ennuyée et je l’ai lu en trois fois. Bien que Sara soit le personnage central de ce roman, la ville, ses habitants et le marasme économique sont extrêmement bien imaginés et décrits. L’auteur aurait-elle séjourné dans une petite ville paumée des États-Unis ? La part belle est bien sûr faite aux livres et à la lecture, comme un acte qui transforme les gens et leur vie banale voire triste. C’est beau et jubilatoire. L’histoire d’amour est VoisinsVoisines2016somme toute classique mais elle fait plaisir et réjouit réellement. En plus, la couverture est vraiment mignonne (même s’il n’y a pas de chat dans le roman). Pas trop de bons sentiments comme je le craignais au vu de certaines critiques négatives. Pas un coup de cœur mais des personnages attachants, une lecture plaisante et parfois amusante.

FeelGood2J’ai vu qu’il existe un challenge Littérature des pays du froid chez Bouquinette, en cours jusqu’au 1er mai 2016. Je ne m’y suis pas inscrite (tant de challenges !) mais je vais signaler ce chouette roman suédois. 😉

De plus, je mets cette agréable lecture dans le Défi premier roman, dans le challenge Voisins Voisines (Suède) et évidemment dans le challenge Feel good !

Le chat et moi de Nils Uddenberg

[Article archivé]

Le chat et moi est un roman de Nils Uddenberg paru aux Presses de la Cité en juin 2014 (165 pages, 21 €, ISBN 978-2-258-10915-5). Guben och Katten (2012) est traduit du suédois par Carine Bruy.

Genres : littérature suédoise, roman autobiographique, essai.

Nils Uddenberg est né le 27 juillet 1938 à Lund (Suède). Il a été professeur de psychiatrie et de philosophie empirique. Il a écrit plusieurs ouvrages (psychiatrie, philosophie, sciences humaines, mythes, bonheur) mais Le chat et moi est sa première fiction.

Ce roman est joliment illustré par Ane Gustavsson. Elle est aussi musicienne (altiste) et elle vit à Arvika dans le Värmland (Suède).

En octobre, l’auteur, retraité, et son épouse rentrent d’un voyage en Namibie (Afrique) et retrouvent leur maison à Lund (Suède). Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir un chat dans leur jardin ! « […] j’ai vu un chat assis sur le portail, qui me considérait de ses grands yeux jaunes et ronds. C’était un petit animal tigré brun et gris, sans aucune tache blanche. » (p. 9-10). « Les yeux des chats ont quelque chose de particulier. » (p. 11). L’animal est attendrissant mais l’auteur ne veut pas du tout de chat ! Il pense que son « style de vie est tout simplement incompatible avec le fait d’avoir un chat. » (p. 13). Mais le petit chat ne se formalise pas, il reste là et comme l’hiver approche, il est inconcevable pour le couple de laisser mourir l’animal. « […] nous étions cuits ! Son art de la séduction avait brisé notre résistance. Il avait gagné. Je pense même qu’il n’avait jamais douté de sa victoire finale. Sinon, il n’aurait pas fait preuve d’une détermination si méthodique. » (p. 21). Et voilà Minette, puisque c’est une femelle, installée dans leur maison et dans leur vie ! « Les chats peuvent supporter beaucoup de choses. Mais lorsqu’ils ont le choix entre le bon et le meilleur, ils choisissent le meilleur. » (p. 50). « Minette, elle, est un cadeau de la vie. » (p. 63). « J’ai tellement soif de comprendre Minette […] ». (p. 125).

Déformation professionnelle oblige, l’auteur – qui était médecin psychiatre – analyse son comportement, le comportement de Minette et leurs relations. On humanise nos chats mais nous comprennent-ils ? Sont-ils reconnaissants ? Aimants ? Ont-ils une vie psychique semblable à la nôtre comme le pensait Doris Lessing ? Cet ouvrage, mi-roman (autobiographique) écrit sur un ton humoristique mi-essai se lit avec plaisir (surtout quand on est un amoureux des chats !) mais, même si l’auteur cite Montaigne, T.S. Eliot, Doris Lessing, Jean Cocteau…, je suis un peu restée sur ma faim : il est trop court et se termine d’un coup. Cependant, la lecture est agréable, le propos est à la fois mignon et instructif alors je me suis laissée attendrir moi aussi !

Une lecture pour les challenges ABC critiques 2013-2014 (lettre U), A reading’s week, Le mélange des genres (catégorie Autobiographie et témoignage) et Premier roman. Pour le chat : Animaux du monde, Petit Bac 2014 (catégorie Animal) et Totem. Pour la Suède : Nordique, Tour du monde en 8 ans et Voisins voisines.