La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino

La maison où je suis mort autrefois est un roman de Keigo Higashino paru aux éditions Actes Sud dans la collection Actes Noirs en avril 2010 (256 pages, 18,30 €, ISBN 978-2-7427-8951-1). Mukashi bokuga shinda ie むかし僕が死んだ家 (1994) est traduit du japonais par Yutaka Makino. Parution en poche chez Babel Noir (n° 50) en novembre 2011 (256 pages, 7,50 €, ISBN 978-2-330-00132-2).

HIGASHINO Keigo 東野圭吾 est né le 4 février 1958 à Ôsaka (Japon) mais il vit maintenant à Tôkyô. Il a étudié à l’Université d’Ôsaka et a exercé en tant qu’ingénieur. Auteur de romans policiers, il a reçu le Prix Edogawa Rampo en 1985 pour Hôkago et il est président de la Nihon Suiri Sakka Kyôkai : organisation des auteurs de romans policiers japonais créée le 21 juin 1947 par le célèbre EDOGAWA Rampo et qui compte environ 600 membres (site officiel, en japonais). Plusieurs de ses romans ont reçu un prix, et ont été adaptés en films et/ou en dramas (séries télévisées japonaises). Il écrit aussi pour la jeunesse. La maison où je suis mort autrefois a reçu le Prix polar international de Cognac 2010. Du même auteur : Le dévouement du suspect X (2011), Un café maison (2012), pour les romans traduits en français. J’espère que d’autres titres de cet auteur seront traduits rapidement ! Pour ceux qui ont déjà lu les trois romans publiés et qui n’aiment pas attendre, je vous conseille de lire Heads, un excellent manga paru chez Delcourt entre septembre et décembre 2005 (série en 4 tomes) avec au dessin Motorô Mase et au scénario… suspense !… Keigo Higashino !

La vieille maison de ses parents va être détruite mais le narrateur ne se rend pas au rendez-vous donné par son père. « J’avais tout simplement peur de ce qui pourrait sortir de cette vieille maison. » (page 7). « Mais, tout en feignant de lire ou d’écouter de la musique, je n’ai cessé de penser à cette vieille maison. » (page 8). Que craint de découvrir le narrateur ? Il faut dire que deux ans auparavant, il a conduit Sayaka Kurahashi dans une étrange maison…

Sayaka et lui s’étaient fréquentés au lycée puis à l’université, ils étaient restés ensemble 6 ans, puis elle l’avait quitté. Ils se sont revus sept ans plus tard, à une réunion d’anciens étudiants. Elle était devenue Madame Nakano et avait une fille de trois ans, Miharu (« beauté épanouie ») dont elle n’arrivait pas à s’occuper et qui avait été confiée aux parents de son époux parti en voyage d’affaires aux États-Unis pour plusieurs mois. Et puis, après la mort de son père, Sayaka  a trouvé un plan et une clef en laiton à tête de lion. Elle a appelé le narrateur pour qu’il l’accompagne dans cette maison au bord du lac de Matsubara, maison dont elle n’avait jamais entendu parler. « Il était clair qu’il y avait quelque chose de grave. Sinon elle ne se serait pas adressée ainsi à moi, son ancien petit ami […]. » (page 24). « – Aucun souvenir, continua-t-elle après une brève inspiration. La maison où j’habitais, les gens de mon entourage, je ne me souviens de rien. Et je veux aller là-bas pour retrouver mes souvenirs. » (pages 25-26).

Effectivement, Sayaka n’a aucun souvenir, ni aucune photo ni aucun objet, d’avant son entrée en primaire mais elle se rend compte qu’il lui manque quelque chose. Il faut qu’elle sache, qu’elle retrouve la mémoire ! La maison est abandonnée et bizarre, il n’y a pas d’entrée (on y pénètre par le sous-sol !), pas d’eau, pas d’électricité ; il y a quelques objets ayant appartenu à un enfant, Yusuke Mikuriya, et à ses parents (cahiers d’écolier, livres de droit, pelotes de laine…) mais les horloges et une montre sont toutes arrêtées à 11 h 10. En fouillant un peu mieux, le narrateur et Sayaka trouvent le journal de Yusuke qui s’arrête 23 ans auparavant et un petit coffre fermé.

En ce qui concerne le narrateur, nous ne saurons pas son nom ! Nous saurons simplement qu’il est assistant de recherche au département de physique de la faculté des sciences de Tôkyô. C’est vraiment étrange, un peu angoissant même d’autant plus que le roman se transforme rapidement en huis-clos dans cette maison sombre et humide, avec en plus la nuit qui tombe, la pluie et un violent éclair qui strie le ciel (grosse intensité dramatique !) et Sayaka qui se souvient qu’elle est déjà venue dans cette maison, qu’elle s’était cachée sous le piano !

La mémoire, les traumatismes de l’enfance (traités aussi dans Genkaku Picasso d’Usamaru Furuya, lu il n’y a pas longtemps), le manque d’amour, la maltraitance, l’amnésie, la recherche de la vérité… L’enfant que nous étions fait de nous l’adulte que nous sommes, avec ses défauts, ses qualités, ses doutes, ses craintes, ses angoisses, ses pulsions, alors comment vivre quand nous ne nous rappelons plus de cet enfant ? Et la mort est-elle présente en nous dès notre naissance ?

Si vous pouvez lire ce roman d’une traite, pour l’ambiance, faites-le ! Je voulais le lire en deux fois (deux fois deux parties) mais j’ai dû arrêter ma lecture alors qu’il ne me restait plus que 7 pages à lire, vous imaginez la tension avant de pouvoir le finir !!! J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur (l’écriture est à la fois fluide et froide), l’ambiance évidemment (aspect lugubre), le suspense, et le dénouement surprenant. Les Japonais, c’est sûr, traitent les thèmes cités plus haut (enfance, mémoire, mort…) de façon totalement différente des Européens et des Américains ! Gros coup de cœur pour moi !

J’avais très envie de lire cet auteur, d’abord parce que j’avais été impressionnée par Heads et que j’avais repéré ses romans en librairie, ensuite parce qu’il a été présenté plusieurs fois dans le Dragon 2012, et j’ai saisi l’occasion d’en lire un avec le challenge Écrivains japonais d’Adalana. Je mets aussi cette lecture dans les challenges ABC critiques 2012-2013 (lettre H), Le crime n’a pas de frontière, Thrillers et polars, Le tour du monde en 8 ans (Japon), Des livres et des îles et bien sûr Bookineurs en couleurs (couverture noire).

3 réflexions sur “La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino

  1. frey jean pierre dit :

    bonjour pas besoin d’attendre y’a une dizaine de titres parus chez actes sud il me semble
    la série « professeur yukawa et le remarquable « les miracles du bazar namiya »
    jean pierre frey précipitons-nous

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