Les bonnes mœurs de Timothée Gaget

bonnesmoeursLes bonnes mœurs de Timothée Gaget.

Intervalles, mars 2016, 400 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-36956-034-0.

Timothée Gaget, né en 1985 à Tours, est un ancien avocat qui travaille maintenant dans la communication. Les bonnes mœurs est son premier roman.

« J’étais heureux d’arborer ma nouvelle paire de Ray-Ban. » (p. 14). À 24 ans, Tristan est analyste à la banque Rothman Salbey, bref il est banquier d’affaires à Paris. Mais s’il gagne bien sa vie, il n’est pas heureux : Margaux, son grand amour, une jeune femme fantaisiste, l’a quitté il y a deux ans. Il faut dire que son travail est harassant : peu de nuits, peu de weekends… De plus, suite à une blague de ses deux amis, Tancrède et Nicolas, Tristan perd son job. « J’étais anéanti, ne savais pas quoi faire, pas qui voir, n’avais envie de rien mais j’avais du fric. Libre autant qu’on peut l’être. » (p. 47). Tristan travaille maintenant chez Marceau Partners, il a 27 ans et il a rencontré d’autres femmes. Alors qu’il s’attend à une mission à Prague, il est envoyé pour 5 mois en Sologne, à Romorantin, dans une imprimerie en faillite. Or c’est là que vit son grand-père ! « Je n’avais pas mis les pieds au Valbrun depuis quinze ans. Après le décès de ma grand-mère, bon-papa était devenu encore plus taciturne. » (p. 95). Il va découvrir que son grand-père s’oppose pratiquement seul au projet GreenAdo qui va l’exproprier de 60 hectares de forêt. Mais c’est quoi ce coléoptère appelé scarabée pique-nique qui peut faire foirer le projet de centre pour ados délinquants ? Tristan va être aidé par un ancien ami, Evariste Spencer, un franco-anglais marginal et excentrique, voisin du grand-père.

Trois extraits

« Je ne suis pas triste ! Les gens tristes sont des gens qui s’ennuient. Jamais de ma vie, je ne me suis ennuyé. J’ai trop de choses à faire pour cela ! » (p. 246).

« Lire ? […] Lire a-t-il jamais rendu un homme heureux ? Les biographies politiques sont mal écrites, les essais historiques chiants à mourir, les romans d’amour mièvre, les livres d’aventures irréalistes, les tragédies déprimantes, et la presse est aussi creuse que les chaînes d’information en continu, les fautes d’orthographe en plus. » (p. 292).

« L’ironie noire dévore les mélancoliques, l’ironie joyeuse nourrit les humanistes. Choisis la guerre ou la farce, mais pas le cynisme. Si tu te complais dans le cynisme, il te dévorera. » (p. 368).

Le ton est décalé et grinçant, l’humour est un un poil cynique, ce roman ne plaira pas à tous ! C’est un monde avec d’anciens aristocrates restés de gros propriétaires fonciers plus ou moins aisés ou ruinés et avec des nouveaux riches : la nouvelle élite arrivée dans les hautes sphères grâce à la « méritocratie républicaine ». Ce monde, je n’en fais pas partie et j’en suis bien contente, il me dépasse et je ne cherche pas à le connaître et à le comprendre. Pourtant, à travers ce roman, et, bien que je n’entende rien à la chasse et aux chasseurs, j’ai appris des choses intéressantes sur la Sologne et ses traditions. Mais tout le monde en prend pour son grade, les aristos, les bourgeois, les fonctionnaires, les écolos, les socialos, les cathos… Les bonnes mœurs est un roman dense, difficile d’accès mais qui mérite d’être lu car c’est un premier roman formidable, dérangeant et drôle (surtout la troisième partie).

68premièresfois2016Un roman que j’ai lu dans le cadre des 68 premières fois 2016 et que je mets dans les challenges Défi premier roman 2016 et Un genre par mois (avec un peu de retard pour le genre contemporain de septembre…).

9 réflexions sur “Les bonnes mœurs de Timothée Gaget

  1. DF dit :

    Merci pour cette participation au Défi Premier roman! Je m’en vais la relayer.

    « Les bonnes mœurs » est aussi un excellent souvenir de lecture pour moi, qui m’a rappelé « Les Aristocrates » de Michel de Saint-Pierre.

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    • Ah oui, merci Daniel, je suis de retour mais il ne faut pas que j’oublie de donner mes liens pour les challenges 😉 J’ai raté le salon de Saint-Étienne, je suis vraiment déçue… Ah, les Aristocrates, bon sang, j’avais lu les Aristochats, je ne comprenais pas bien !!! Je ne connais pas ce roman, ni l’adaptation cinématographique, mais il a reçu deux prix en 1955, alors pourquoi pas une lecture si l’occasion se présente. Bon weekend 🙂

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    • Je crois que ce roman ne plaît pas tellement parmi les lecteurs des 68, c’est ça ? Pour moi, ce n’est pas un coup de cœur mais je lui ai trouvé de l’intérêt et des qualités 😉

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