Le cri de l’oiseau de pluie de Nadeem Aslam

Le cri de l’oiseau de pluie de Nadeem Aslam.

Seuil, collection Cadre vert, février 2015, 288 pages, 21 €, ISBN 978-2-02-108372-9. Season of the Rainbirds (1993) est traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli.

Genres : roman anglo-pakistanais, premier roman.

Nadeem Aslam naît le 11 juin 1966 à Gujranwala (Pakistan). Il est adolescent lorsque sa première nouvelle (écrite en ourdou) est publiée dans un journal pakistanais. Mais, avec le coup d’État militaire, sa famille s’exile dans le Yorkshire en Angleterre en 1980. Il étudie la biochimie à l’université de Manchester mais abandonne pour l’écriture. Son premier roman, Season of the Rainbirds, paraît en 1993 et reçoit deux prix littéraires. Ses autres romans sont La cité des amants perdus (2006), La vaine attente (2009), Le jardin de l’aveugle (2013), Le sang et le pardon (2018).

C’est la panique au village : un coup de feu a été entendu et le juge Anwar est mort. Azhar, commissaire divisionnaire, voisin et ami du juge, va mener l’enquête mais… Petit problème, les hommes qui sont venus le matin prévenir Azhar ont vu une femme chez lui, Elizabeth Massih, une chrétienne (scandale pour la communauté !). Évidemment les deux imams (il y a deux mosquées concurrentes) s’en mêlent. En attendant, est-ce un cambriolage qui a mal tourné ou autre chose ? « Il était juge, et corrompu jusqu’à la moelle. Et, en plus, dans la politique jusqu’au cou. Ça pourrait être n’importe qui. » (p. 58).

Deux événements importants : des sacs de courriers perdus dans un accident de train il y a dix-neuf ans réapparaissent et un journaliste de la capitale vient faire un article sur la mort du juge avec un photographe (or les dessins et photographies sont interdits).

Maulana Hafeez, un des deux imams, est intrusif, il entre chez Mansoor et son épouse parce qu’ils ont une télévision alors que cinéma et télévisions sont interdits… « J’espère sincèrement que tu réfléchiras à mes paroles, dit-il à Mansoor qui le raccompagnait à la porte. Mon rôle consiste simplement à prévenir les gens des dangers qu’il y a à s’écarter du droit chemin. » (p. 75).

Par rapport au titre, il y a plusieurs oiseaux dans ce roman. Les pigeons sur le toit sont impurs, le perroquet dans sa cage est impur (dixit Maulana Hafeez) et l’aigle martial de la patrouille s’est échappé après avoir brisé sa chaîne mais c’est en fait le papiha ou koyal (oiseau migrateur de la famille du coucou) qui crie pour annoncer la mousson.

Au village, tout le monde est impacté par le meurtre du juge, principalement Gul-Kalam le veilleur de nuit (chrétien) qui est accusé, mais aussi Nabi le coiffeur, Zafri le boucher, les femmes aussi, évidemment. En plus, un missile a été tiré, « ce serait le fils du Premier ministre qui a été pendu » (p. 252), l’état d’urgence a donc été proclamé à Lahore ; au village tout est trempé par la pluie parce que c’est la mousson et le bureau de poste du village est fermé puisque le receveur de la poste (qui a distribué les lettres perdues il y a dix-neuf ans) s’est enfui après la distribution pressentant le danger…

Le glossaire en fin de volume me dérange car ce n’est pas évident d’aller à chaque fois consulter la définition d’un mot totalement inconnu à la fin, je préfère les notes en bas de page…

Ce que je retiendrai : « Après la Partition, les hindous avaient émigré en Inde, et les musulmans, qui avaient fait le trajet inverse pour les remplacer et s’installer dans leur nouvelle patrie, avaient détruit nombre des sanctuaires de leurs prédécesseurs. » (p. 27). Combien de trésors historiques et architecturaux dynamités ?…

Mon passage préféré : « – Pourquoi est-ce que vous autres journalistes êtes toujours en quête d’insolite ? demanda Azhar en levant les épaules. Pourquoi ne pas écrire sur les choses de tous les jours ? – Le quotidien, c’est l’affaire du romancier, dit Saif Aziz en faisant tournoyer son parapluie au-dessus de leur tête. Le journaliste, lui, a pour tâche de traiter de l’extraordinaire. » (p. 177).

Ce roman n’est pas à proprement parlé un roman policier mais il y a une enquête pour découvrir qui a tué le juge Anwar, enquête qui n’avance pas et le vieux chrétien est le coupable idéal… L’auteur en profite plutôt pour aligner une sacrée galerie de personnages, tous écrasés par la religion et les interdits. Sacrée ambiance ! Ce roman se déroule dans les années 80 mais est-ce que les choses ont changé depuis ?

Je suis très contente d’avoir lu ce premier roman de Nadeem Aslam (paru plusieurs années après son écriture et sa parution en Angleterre) dans le cadre de la lecture commune du challenge Les étapes indiennes pour la fête nationale du Pakistan le 14 août. Il paraît que ses romans suivants sont encore meilleurs alors j’en lirai d’autres à l’occasion.

Ce roman entre aussi dans le Challenge de l’été #2 puisqu’il emmène ses lecteurs au Pakistan et dans Polar et thriller 2021-2022.

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9 réflexions sur “Le cri de l’oiseau de pluie de Nadeem Aslam

  1. Mes voyages livresques au Pakistan se comptent pour le moment sur les doigts d’une main mais je pense élargir mon territoire de lecture. 😉 Merci pour cette découverte.

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  2. En lisant ton résumé je me souviens avoir lu ce roman il y a plusieurs années et je crois que mon ressenti était mitigé mais je n’arrive pas à remettre la main sur mon résumé. J’en ai lu un ou deux autres mais je ne me souviens pas des titres, peut être certains sont-ils sur mon blog …

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