Défi du 20 février 2022

Après une première année de l’atelier d’écriture Le défi du 20 en 2021, je continue avec les nouvelles consignes et le nouveau joli logo coloré (créé par Soène) chez Passiflore, où vous pouvez consulter toutes les infos.

En janvier, c’était 1 peintre, eh bien en février, c’est 2 poètes. Avec le Nouvel an lunaire (faussement appelé Nouvel an chinois) et le printemps qui arrive, j’ai envie de vous parler de 2 poètes japonais, des haïkistes, c’est-à dire des poètes qui écrivent des haïkus.

Déjà, je dois vous expliquer ce qu’est un haïku, n’est-ce pas ? C’est un poème très court, en 3 vers construits chacun de 5 puis 7 puis 5 syllabes ce qui fait au total 17 syllabes (ou mores). Le haïku contient absolument un élément de saison (le kigo) sinon ce n’est pas un haïku mais un moki (c’est qu’au Japon, tout est codifié, la poésie, la peinture, le thé, etc.).

Je ne vais pas vous parler à nouveau de Buson, je vais choisir deux autres haïkistes mais quand même parmi les plus connus pour ne pas vous perdre.

Bashô 芭蕉 (qui signifie ‘bananier’, de son vrai nom MATSUO Bashô, connu donc sous son prénom, ce qui est rare pour les Japonais qui utilisent systématiquement le nom de famille), naît en 1644 à Iga-Ueno (préfecture de Mie, au sud-est de l’île Honshû). Il meurt le 28 novembre 1694 à Ôsaka (région du Kansai sur l’île Honshû). Il n’a alors que 50 ans mais il laisse à la postérité des poèmes, des carnets de voyages et une école de poésie.

Bashô, Buson, Issa et Shiki sont les quatre grands haïkistes classiques japonais parce que chacun a apporté une évolution au haïku. Petit retour en arrière : au XVIe siècle, Sôkan est célèbre pour ses haïkus comiques (voire vulgaires). Au XVIIe siècle, Bashô crée une nouvelle forme de haïku (le style s’appelle shôfû), plus dans la contemplation et l’émotion de l’observation de la Nature et des éléments naturels, bref des poèmes tout en subtilité et beauté simple (mais cela n’empêche pas l’humour). C’est que Bashô pratique le bouddhisme Zen et qu’il fonde une école de poésie (dans son ermitage de Kukagawa dès 1680). Il est aussi auteur de carnets de voyages, agrémentés de haïkus, dont le plus célèbre est Le chemin étroit du Bout-du-Monde (Oku no hosomichi 奥の細道 / おくのほそ道) rédigé en haïbun (mélange de haïkus et de prose poétique) après un voyage au printemps 1689. Six recueils de poèmes sont parus entre 1672 et 1694, ainsi que sept recueils de poèmes en kasen (Bashô et les élèves de son école) entre 1684 et 1698, et sept journaux de voyages entre 1685 et 1694 dont plusieurs sont heureusement traduits en français (recueils ou anthologies, parfois en édition bilingue). Parmi ses haïkus les plus connus, le très beau Paix du vieil étang / Une grenouille plonge / Bruit de l’eau.

Passons maintenant Buson et Issa (nés au XVIIIe siècle) pour découvrir Shiki (XIXe siècle).

Shiki 子規 (qui signifie ‘petit coucou’), de son vrai nom Masaoka Tsunenori (donc connu lui aussi sous un prénom de plume), naît le 17 septembre 1867 à Matsuyama (préfecture d’Ehime, île Shikoku) dans une famille de samouraïs. Lorsqu’il étudie la littérature à Tôkyô, il rencontre l’écrivain Natsume Sôseki. Shiki est non seulement poète mais aussi critique littéraire, journaliste dès 1892 et fondateur de la revue littéraire Hototogisu en 1897 (Hototogisu signifie ‘Coucou’ et la revue a perduré après sa mort). Auteur de haïkus (fin du XIXe siècle mais qui influenceront le XXe siècle), Shiki est considéré comme un théoricien qui a rénové le haïku et a innové avec le tanka (poème similaire au haïku mais sans rimes et contenant 31 mores sur cinq vers). De plus, il rompt (vous avez compris que l’histoire du haïku est faite de ruptures et d’innovations) avec le romantisme du XVIIIe siècle et privilégie la Nature et la liberté, il est donc le fondateur du haïku moderne. Il meurt le 19 septembre 1902 à Tôkyô, il n’a que 35 ans, mais il laisse une œuvre importante (25000 haïkus, des monographies…) et il existe des éditions françaises (recueils, anthologies, certaines en édition bilingue). Parmi ses haïkus, voici Dites-leur / que j’étais un mangeur de kakis / qui aimait les haïkus !

Je mets ce billet un peu spécial dans les challenges 2022 en classiques et Les textes courts.

J’espère que ce voyage poétique au Japon vous a plu et qu’il vous aura donné envie de (re)découvrir le haïku. Les autres billets à consulter chez Passiflore et rendez-vous le 20 mars avec le thème 3 chanteurs (ci-dessous, le tableau des thèmes pour l’année).

19 réflexions sur “Défi du 20 février 2022

  1. ah! Le haïku! Il faudrait que je me décide à en écrire! J’aime beaucoup! Merci pour toutes ces infos! Ma prof de chi gong a vécu au Japon et depuis que je la connais je m’intéresse beaucoup à l’art japonais! Est-ce que tu connais le buto? je vais t’envoyer le lien vers son site!
    Bizzz

    J’aime

Laissez un commentaire, merci !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.