Dom Juan ou le festin de pierre de Molière

Dom Juan ou le festin de pierre de Molière.

Théâtre classique, 2015, 82 pages.

Genre : théâtre.

Comédie « représentée pour la première fois le 15 février 1665 sur le Théâtre de la salle du Palais-Royal par la Troupe de Monsieur, frère unique du Roi » et publiée en 1682.

Molière, pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin, naît en janvier 1622 à Paris. C’est un comédien et un dramaturge très célèbre (je vous laisse chercher plus d’infos sur Internet) et emblématique du théâtre classique. Il épouse Armande Béjart, une jeune comédienne, et le couple aura deux fils et deux filles, tous morts peu après leur naissance. Ainsi ne resteront à la postérité de Molière que ses œuvres écrites dont une trentaine de comédies parmi lesquelles Les précieuses ridicules (1659), L’école des femmes (1662), Dom Juan (1665), Le médecin malgré lui (1666), Le misanthrope (1666), L’avare (1668), Tartuffe ou l’hypocrite (1669), Les fourberies de Scapin (1670), Le bourgeois gentilhomme (1670), Les femmes savantes (1672) et Le malade imaginaire (1673) que j’ai toutes lues, relues et vues (théâtre ou adaptations au cinéma). C’est que j’aime beaucoup Molière et son humour !

La scène se déroule en Sicile. Il y a beaucoup de personnages : une vingtaine.

Le serviteur (Sganarelle) et d’autres personnes de Dom Juan ne comprennent pas que celui-ci, marié à Done Elvire, commette des infidélités. Serait-il trop jeune pour comprendre ce qu’est la fidélité ? Pourquoi « Un homme de sa qualité ferait une action si lâche ? » (p. 6). Quel homme est-il pour manquer à sa parole « après tant d’amour et tant d’impatience témoignée, tant d’hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin et tant d’emportements qu’il a fait paraître, jusqu’à forcer, dans sa passion, l’obstacle sacré d’un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance » (p. 6) ?

C’est que Dom Juan est le plus grand des coureurs de jupons ! Un séducteur, un homme à femmes comme on dit. Et il les lui faut toutes ! Du moment qu’il les trouve belles. Il utilise le polyamour évidemment pour son propre plaisir personnel ! Il fait fi de la fidélité et de l’honneur. « La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non : la constance n’est bonne que pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cours. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence Domt elle nous entraîne. J’ai beau être engagé, l’amour que j’ai pour une belle n’engage point mon âme à faire injustice aux autres ; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable ; et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. » (p. 9).

Et quel beau parleur, quel blablateur ! Qui finalement confond aimer et baiser… « Quoi ? Une personne comme vous serait la femme d’un simple paysan ! Non, non : c’est profaner tant de beautés, et vous n’êtes pas née pour demeurer dans un village. Vous méritez sans doute une meilleure fortune, et le Ciel, qui le connaît bien, m’a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage, et rendre justice à vos charmes ; car enfin, belle Charlotte, je vous aime de tout mon cœur, et il ne tiendra qu’à vous que je vous arrache de ce misérable lieu, et ne vous mette dans l’état où vous méritez d’être. Cet amour est bien prompt sans doute ; mais quoi ? C’est un effet, Charlotte, de votre grande beauté, et l’on vous aime autant en un quart d’heure qu’on ferait une autre en six mois. » (p. 25-26).

Les frères d’Elvire, Dom Alonse et Dom Carlos, sont à la recherche de Dom Juan pour venger l’honneur de leur famille mais Dom Juan sauve la vie de Dom Carlos en prise avec des voleurs, sans savoir qui il est. Et puis, un soir, la statue du Commandeur qu’il a tué récemment vient s’asseoir à sa table : Dom Juan va-t-il changer ?

« Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. On lie, à force de grimaces ; une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un, se les jette tous sur les bras ; et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés ; ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres ; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers et appuient aveuglément les singes de leurs actions. » (p. 74).

Un passage que j’aime bien : lorsque Sganarelle, le serviteur de Dom Juan, déguisé en médecin, se fait saluer par tous. « Mais savez-vous, Monsieur, que cet habit me met déjà en considération, que je suis salué des gens que je rencontre, et que l’on me vient consulter ainsi qu’un habile homme ? » (p. 38). L’habit fait donc bien le moine !

Dom Juan est une farce tragi-comique en 5 actes qui réjouit le public depuis plus de 5 siècles même si elle a été délaissée au début du XIXe siècle (avec le retour de la tragédie pure). Cet aristocrate libertin et athée qui fait honte à son père (Dom Louis) et à son valet (Sganarelle), qui n’a ni Dieu ni honneur ni âme et ne pense qu’à son propre plaisir, sera puni par voie divine. Peut-on se révolter (ne pas se soumettre) à Dieu ? Peut-on rire du châtiment divin ? Peut-on défendre le libertinage ? Telles sont les questions que pose Molière à travers cette œuvre pour laquelle, comme souvent, il attire la polémique à la Cour du Roi et parmi le peuple.

Une lecture effectuée dans le cadre du Mooc À la découverte du théâtre classique français (j’essaie de rattraper mon retard) que je mets dans le challenge Cette année, je (re)lis des classiques.

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