Le Cid de Pierre Corneille

Le Cid de Pierre Corneille.

Théâtre Classique, mars 2015, 74 pages.

Genres : théâtre classique, tragédie.

Pierre Corneille, surnommé le « Grand Corneille » et « Corneille l’aîné », naît le 6 juin 1606 à Rouen dans une famille bourgeoise. Il étudie le Droit et exerce comme avocat en même temps qu’il écrit des pièces, des comédies d’abord puis des tragi-comédies. Il reçoit un grand succès. Il meurt le 1er octobre 1684 à Paris. Les œuvres complètes de Corneille sont parues, revues et annotées, chez Pierre Jannet en 1857. D’autres infos sur ma note de lecture de Cinna.

Le Cid est une tragédie représentée pour la première fois le 4 janvier 1637 au Théâtre du Marais et publiée en 1682.

La scène se déroule à Séville. Il y a douze comédiens.

Don Rodrigue et Don Sanche sont tous deux épris de Chimène. Le père de la jeune femme lui laisse le choix. « Elle est dans le devoir ; tous deux sont dignes d’elle, / Tous deux formés d’un sang noble, vaillant, fidèle, / Jeunes, mais qui font lire aisément dans leurs yeux / L’éclatante vertu de leurs braves aïeux. » (p. 11). Mais l’Infante (la fille du roi de Castille) est également amoureuse de Don Rodrigue ; eh oui, rien n’est simple ! « Espérez tout du ciel : il a trop de justice / Pour laisser la vertu dans un si long supplice. » (Léonor, la gouvernante de l’Infante, p. 14).

Elles sont connues, ces citations : « Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! » (Don Diègue, père de Don Rodrigue, nommé gouverneur par le roi et jalousé par Don Gomès, comte de Gormas et père de Chimène, p. 18) et « Rodrigue, as-tu du cœur ? » (Don Diègue à son fils, p. 18). Vous l’aurez compris, Don Diègue exhorte son fils à tuer Don Gomès pour le punir de son orgueil et de l’outrage qu’il a fait non seulement à lui (Don Diègue) mais aussi au roi ! J’aime beaucoup le monologue de Rodrigue qui suit (Acte 1, scène 6, p. 20-21), que peut-il faire ? Peut-il choisir entre son père (l’honneur de la famille) et Chimène (l’amour) ? De son côté, Don Gomès s’est rendu compte de son emportement, de son « sang trop chaud », de son « mot trop haut » et il s’en ouvre à Don Arias, un gentilhomme, mais c’est dit, « c’en est fait, le coup est sans remède. » (p. 22) et « Le sort en est jeté, Monsieur, n’en parlons plus. » (p. 23). Même le roi, Don Fernand, ne comprend pas cette témérité de son valeureux Don Gomès, ce mépris pour sa décision, cette « humeur si hautaine » : « Quoi qu’ait pu mériter une telle insolence, / Je l’ai voulu d’abord traiter sans violence ; / Mais puisqu’il en abuse, allez dès aujourd’hui, / Soit qu’il résiste ou non, vous assurer de lui. » (p. 30) et la réponse de Don Sanche au roi : « […] Il voit bien qu’il a tort, mais une âme si haute / N’est pas sitôt réduite à confesser sa faute. » (p. 30). Mais la raison du roi n’est pas la raison de tout un chacun ! « Ainsi votre raison n’est pas raison pour moi : / Vous parlez en soldat ; je dois agir en roi […]. » (p. 31) et effectivement le sort en est jeté…

En 1660, faisant l’examen de cette œuvre, d’abord baptisée tragi-comédie, puis rebaptisé tragédie, Corneille dit que le public a été tellement ravi qu’il n’en a pas vu les défauts (par rapport aux règles établies, les règles des vingt-quatre heures, de l’unité de lieu, de la vraisemblance…) et considère même cette pièce comme la plus belle de Corneille. En effet, Rodrigue a tué le père de Chimène : les visites qu’il fait à la jeune femme et l’amour que Chimène lui porte sont donc contraires à la bienséance.

J’aime moi aussi beaucoup cette pièce en vers, très lyrique, décidément remplie de répliques connues : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées / La valeur n’attend point le nombre des années. » (Don Rodrigue, p. 24-25) et « Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire : / À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » (Don Gomès, p. 25). Et, bien que ce soit une tragédie, je trouve amusante la longue confrontation entre Chimène et Rodrigue (Acte 3, scène 4) ! Mais peut-être devrais-je plutôt dire réjouissante… « Va, je ne te hais point. » (Chimène à Don Rodrigue, p. 43), elle réclame vengeance mais elle l’aime toujours !

Le salut viendra-t-il de l’ennemi ? Rodrigue combat les Mores (Maures) dont les bateaux approchent (trente quand même) et revient victorieux avec deux rois prisonniers, et ce sont eux qui le surnomment Cid : « Mais deux rois tes captifs feront ta récompense. / Ils t’ont nommé tous deux leur Cid en ma présence : / Puisque Cid en leur langue est autant que seigneur, / Je ne t’envierai pas ce beau titre d’honneur. / Sois désormais le Cid : qu’à ce grand nom tout cède ; / Qu’il comble d’épouvante et Grenade et Tolède, / Et qu’il marque à tous ceux qui vivent sous mes lois / Et ce que tu me vaux, et ce que je te dois. » (Don Fernand, le roi, à Don Rodrigue, p. 51).

Une lecture effectuée dans le cadre du Mooc À la découverte du théâtre classique français (que malheureusement je n’ai pas pu terminer…) que je mets dans le challenge Cette année, je (re)lis des classiques.

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