Électre à La Havane de Leonardo Padura.
Métailié [lien vers l’édition poche], collection Suites, avril 1998, 230 pages, 8,54 €, ISBN 978-2-86424-323-7. Máscaras (1997) est traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis et Mara Hernández.
Genres : littérature cubaine, roman policier.
Leonardo Padura naît le 9 octobre 1955 à La Havane à Cuba. Il étudie la littérature hispano-américaine et le latin à l’Université de La Havane. Il est journaliste, critique littéraire, scénariste et activiste. Il commenc à écrire des romans policiers (avec le lieutenant Mario Conde, entre autres) dans les années 1990. Máscaras reçoit le Prix Café Gijon 1995 et le Prix Hammet 1998. Malheureusement je n’ai pas pu avoir Pasado perfecto (1991) et Vientos de cuaresma (1994) qui sont les deux premiers tomes de la série Mario Conde – Les quatre saisons, Máscaras (1997) étant le troisième et Paisaje de otoño (1998) le quatrième.
Déjà, je tiens à vous dire que je ne suis pas sûre d’avoir déjà lu Leonardo Padura mais je pense que c’est sûrement mon premier titre de lui. Je suis prise dès le début par sa description de la ville, des gens et des animaux avec la chaleur et la poussière de ce mois d’août 1989. « La chaleur écrase tout, tyrannise le monde, ronge ce qui peut être sauvé et ne réveille que les colères, les rancunes, les envies, les haines les plus infernales, comme si son but était de hâter la fin des temps, de l’histoire, de l’humanité et de la mémoire… » (p. 13). D’où l’affreux crime commis ?
Bien que suspendu parce qu’il s’est bagarré avec un autre lieutenant, le lieutenant Mario Conde doit s’occuper d’une enquête : un travesti, Alexis Arayán Rodríguez, a été retrouvé mort dans le Bois de la Havane. Le rouge (la longue robe, le châle, le rouge à lèvres et le vernis à ongles) interpelle Conde. Pourquoi la victime ne s’est-elle pas défendue ? « Alors, il n’y a pas eu de lutte ? – S’il y en a eu, ça s’est passé seulement en paroles. On ne voit apparemment aucune traces sur les ongles du mort. Je te ferai un rapport pour confirmer… Mais il y a un autre mystère : l’assassin a commencé par traîner le cadavre dans cette direction, tu n’as qu’à regarder l’herbe, comme s’il allait le jeter dans le fleuve… Mais il l’a tout juste déplacé de deux mètres. Pourquoi ne l’a-t-il pas jeté dans la rivière si c’est la première chose à laquelle il a pensé ? » (p. 35).
L’assassin est-il Alberto Marqués Basterrechea, l’ami chez qui Alexis habitait ? « homosexuel avec une longue expérience de prédateur, politiquement apathique, idéologiquement tordu, être conflictuel et provocateur, attiré vers l’étranger, hermétique, précieux, consommateur potentiel de marihuana et d’autres drogues, protecteur de pédés paumés, homme à la filiation philosophique douteuse, petit-bourgeois rempli de préjugés de classe, selon la classification sans appel d’un manuel moscovite d’évaluation des techniques et procédés d’un réalisme socialiste… Cet impressionnant curriculum vitae était l’aboutissement des rapports écrits, conjugués, résumés et même cités textuellement, de plusieurs informateurs […]. » (p. 41). Cet Alberto Marqués est surtout dramaturge, metteur en scène et jeté aux gémonies depuis la révolution cubaine.
Je note dans ce roman beaucoup de souvenirs, de nostalgie tant du côté de Conde que des autres personnages. Par exemple, Marqués raconte un voyage à Paris durant lequel il a aperçu un travesti tout en rouge ce qui lui a donné l’idée de la robe rouge pour le rôle d’Électra Garrigó (d’où le titre) en 1971. Or, Alexis était bien homosexuel mais il n’était jamais sorti dans la rue habillé en femme, « Il était trop timide et cérébral pour cela, et plutôt refoulé […] je n’aurais jamais imaginé qu’il eut l’audace nécessaire pour se travestir » (p. 53). C’est que les personnages de la génération de Conde ont vu leur destin brisé par la guerre ou la politique, par exemple Conde aurait voulu devenir écrivain mais le club de son lycée a été fermé car il ne correspondait pas aux valeurs socialistes. Les choses ont bien changé (quoique…) et j’ai eu l’impression que l’auteur réglait certains comptes (mais je ne connais pas assez son œuvre pour en être sûre).
Néophyte en la matière, j’ai appris en même temps que Conde les rudiments du transformisme et aussi de la Transfiguration qui est tout autre chose. En tout cas, ce roman policier est aussi un roman sexuel, social et politique. Ce qu’il y a de bien avec les masques, c’est qu’on peut en changer mais… attention quand ils tombent !
J’ai repéré quelques fautes… « un tremblement fugace dans les mains de la noire quand qu’elle les approcha » (p. 39, « Un amis l’a appris » (p. 44), « s’ils étaient prêts réviser leur attitude dans l’avenir » (p. 106), « C’est l’intérêt qui te faire dire ça » (p. 132), « il ne sait pas comment tout cela arrivé » (p. 214).
Je lirai d’autres titres de Leonarda Padura, sans urgence, mais si vous avez un titre précis à me conseiller !?
Bon, petit problème : en février c’est le Mois du polar et le Mois Amérique latine mais, prise par mon travail et le quotidien, j’ai laissé passer la première semaine de février puis je n’ai rien lu pour ces deux mois durant plus de dix jours alors il est temps que je m’y mette avant le 28 et le meilleur moyen, c’est de faire d’une pierre deux coups avec un roman policier d’Amérique latine ! J’ai même emprunté un deuxième livre (un roman policier chilien) au cas où j’ai aussi le temps de le lire.
Cette lecture entre aussi dans ABC illimité (lettre L pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case 19, un livre qui se passe sur une île), Challenge lecture 2023 (catégorie 8, un roman dont l’histoire se passe sur une île), Petit Bac 2023 (catégorie Lieu pour La Havane), Polar et thriller 2022-2023, Tour du monde en 80 livres (Cuba) et Un genre par mois (je n’ai lu que des drames pour ce challenge en février).
Je ne connais pas du tout.
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J’ai apprécié la lecture malgré quelques vulgarités et je lirai à l’occasion d’autres enquêtes de Mario Conde si je trouve d’autres titres à la bibliothèque.
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Je ne connais pas du tout et je ne suis pas sûr que ce roman soit fait pour moi. Des fautes dans les livres, ça m’agace ! En plus, ça donne une mauvaise image de la maison d’édition.
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Je suis d’accord avec toi pour les fautes… Après, j’ai pris ce qui était disponible en roman policier d’Amérique du sud 😉
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Je sors de mes vacances car lala c’est un de mes chouchous… j’adore Padura… ouiii mais je n’ai pas lu celui-ci… oh oui il parle de son Cuba avec beaucoup d’amour et de réalisme… 😉
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Coucou Rachel, ça y est tu es rentrée ? Je suis contente que tu aies eu de la neige ! Les félins vous ont bien accueillis au retour ? J’ai bien aimé malgré quelques grossièretés et quelques fautes… As-tu un titre exceptionnel à me conseiller ?
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Non c’est aujourd’hui le grand voyage… je les vois demain…
Je pourrais te conseiller son pavé « l’homme qui aimait les chiens »… il y a aussi « hérétiques »… il parle beaucoup de l’histoire cubaine dans ses livres… j’adore… 😉
Il est vrai que c’est souvent trash… très trash… 😉
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Merci Rachel, je note les deux titres, oui c’est vrai c’est trash ! Bon voyage de retour 🙂
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C’est Cuba dans ses extrêmes… ouii
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Ah, ça, oui, j’avais bien percuté !
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même alcoolique… j’ai arrêté de compter le nombre de bouteilles… 😉
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Oh la la, à ce point-là !? Bon weekend 🙂
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Quoi ! il ne boit rien dans electre a la Havane ?
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Si, Mario Conde et Alberto Marqués Basterrechea boivent beaucoup !!!
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Ouf tu m’as fait peur didonc… Conde sans sa bouteille de Rhum… n’est pas Conde… 😉
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Ah ah, toi, tu m’as fait rire 😉 Le flic de Boris Quercia que je viens de finir boit beaucoup aussi !
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Tant pis pour les fautes, je note ce titre.
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Si tu as une édition plus récente, peut-être que les (quelques) fautes auront été corrigées 😉
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Pour avoir lu neuf romans de Padura (mais pas ceux dont parle Rachel, je suis soulagée qu’il me reste encore des oeuvres de cet auteur à lire), je conseille fortement Poussière dans le vent, qui est paru en 2021 et qui brassent trente ans d’histoire cubaine.
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Merci pour Poussière dans le vent, il est à la bibliothèque alors je l’emprunterai mais… lorsque j’aurai éclusé les 51 livres qui sont déjà sur ma carte de lectrice…
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j’en garde plutôt un bon souvenir!
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Tant mieux, Eimelle, c’est pareil pour moi ; bonne fin de semaine 🙂
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