Le Novelliste #1 – les nouvelles anglaises

Une année de génie de George Griffith (1857-1906)

De son nom complet, George Chetwynd Griffith-Jones est un auteur anglais de science-fiction plus connu pour ses longs romans. A Genius for a Year (juin 1896) est une nouvelle publiée sous le pseudonyme de Levin Carnac dans le Pearson’s Magazine (1896-1939). Elle est traduite pour la première fois en français par Leo Dhayer et illustrée d’origine par Arthur Kemp Tebby (1865-1935). Depuis cinq ans, Sydney March travaille sur une toile les représentant lui et sa sœur, Sylvia, mais il n’est jamais satisfait… « Les personnages sont morphologiquement parfaitement corrects, mais ils ne sont pas vivants. Aucune lumière n’habite leur regard, aucun mouvement n’est susceptible d’animer leur membre. » (p. 40). De son côté, John Sturman, ami d’enfance de March, amoureux de Sylvia, aimerait être un grand écrivain pour ravir sa bien-aimée à Marcus Algar, l’auteur à la mode. Que manque-t-il à un artiste inspiré et talentueux pour être un génie ?

Visite au Black Museum (auteur anonyme)

Dynamite and Dynamiters (février 1894) est une nouvelle publiée dans The Strand Magazine n° 38 de février 1894. Elle est traduite de l’anglais par Roland Vilére et est illustrée par Jacques Camoreyt (1855-1930). Après une série d’attentats en Angleterre, New Scotland Yard a ouvert un musée dans lequel les visiteurs peuvent voir les armes et les engins avec lesquels les Dynamiteurs commettent leurs actes répréhensibles. « Dans son bureau du Home Office, les bâtons de dynamite voisinent avec les détonateurs et toutes sortes d’engins infernaux. » (p. 106). Un récit enlevé sous forme d’article de propagande dans un journal.

Plus noir que l’enfer d’Edith Nesbit (1858-1924)

The Power of Darkness (avril 1905) est une nouvelle fantastique publiée dans The Strand Magazine n° 172 d’avril 1905. Elle est traduite de l’anglais par Nellie d’Arvor et illustrée par Arthur Watts (1883-1935). Rose quitte Paris en train pour rendre visite à sa famille. Tous ses proches et ses admirateurs sont sur le quai pour lui dire au revoir. Parmi eux Edward et Vincent. « Ne sommes-nous pas tous – sans le moindre espoir – amoureux d’elle ? » (p. 120). Après le départ de Rose pour Cannes, Vincent invite son ami Edward au musée Grévin. « On se laisserait facilement aller à avoir peur en jouant à envisager l’impossible… » (p. 129). Une réflexion efficace sur la peur.

Comment écrire une nouvelle de Robert Barr (1849-1912)

How to Write a Short Story est un article publié en mars 1897 dans The Bookman. Il est traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque et illustré par James Abbott McNeill Whistler (1834-1903). « Je pense qu’une nouvelle correctement construite doit permettre à l’imagination du lecteur d’assister l’auteur dans son travail. » (p. 188) et « Il me semble que le lecteur devrait user de son intelligence lorsqu’il lit une nouvelle, tout comme l’auteur est sensé le faire en l’écrivant. » (p. 189). Vaste débat, j’ai l’impression aussi qu’une nouvelle est moins facile à lire – ou du moins à appréhender – qu’un roman. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Dans Why read at all ? de Lewis Baumer (paru dans Punch of the London Charivari, décembre 1909-février-mars 1910) – traduit en À quoi bon les lire ? par Leo Dhayer, on découvre des auteurs britanniques peu connus qui seront dans les prochains numéros de Le Novelliste : (Thomas Henry) Hall Caine, Robert Smythe Hichens, William Tufnell Le Queux ; j’ai hâte !

Je recommande à nouveau Le Novelliste (dont j’ai déjà parlé ici et ici), un très beau recueil de nouvelles, ouvrage soigné, illustré et différent des publications actuelles. Que je mets dans La bonne nouvelle du lundi et dans les challenges British Mysteries 2018, Cette année, je (re)lis des classiques, Littérature de l’imaginaire.

En ce qui concerne le Challenge de l’été et S4F3 #4, j’ai « fractionné » la lecture – ou plutôt les billets – car certaines choses entrent dans des challenges et pas d’autres (par exemple ces nouvelles britanniques entrent dans British Mysteries et dans les classiques mais pas De cuivre et d’ambre de Dominique Warfa publié précédemment), j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur (les deux billets étant tout de même conséquents).

13 Devil Street 1888 de Benoît Vieillard

13 Devil Street 1888 de Benoît Vieillard.

Filidalo, novembre 2016, 324 pages, 35 €, ISBN 978-2-37508-004-7.

Genres : bande dessinée, mystery.

Benoît Vieillard, surnommé Boz, est un dessinateur et graphiste français. 13 Devil Street 1888 est sa première bande dessinée. Aucune indication sur son lieu ou son année de naissance mais il vivrait dans une petite commune de la Loire. Plus d’infos sur https://www.benoitvieillard.fr/.

13 Devil Street, c’est l’adresse d’un immeuble londonien dans l’Angleterre de 1888. On y croise le Dr Freaks qui reçoit Mr Merrick (surnommé Elephant Man), une excellente cuisinière pakistanaise « Haaa tes épices ! Elles redresseraient ma cornemuse ! » (p. 52), une jeune fiancée un peu hystérique, un enfant qui ressent des choses surnaturelles et… mais oui, des fantômes et peut-être même Jack l’Éventreur ! On entend parler de psychanalyse, on boit le thé, on vit quoi mais… il se passe des événements étranges, noyade, chute dans les escaliers, pendaison, des voleurs que personne ne voit… Et qui est ce mystérieux corbeau qui signe Colonel Corax des messages désobligeants ?

Les cases représentent, pour chaque étage (il y en a 4), les pièces de la maison et à chaque étage vit une famille, plus les domestiques en bas ; certaines cases sont sombres (quand il n’y a personne ou que les habitants dorment et que la lumière est éteinte) ou sont éclairées pour que le lecteur voit les gens vivre ; c’est une organisation intéressante mais j’ai eu un peu de mal à entrer dans cette lecture…

Tout d’abord, la bande dessinée est énorme, 324 pages, et lourde ! Elle est chère, 35 €, heureusement que je l’ai empruntée à la bibliothèque ! Et puis le déroulement de l’histoire est un peu répétitif… J’ai mis longtemps à la lire… Peut-être que je n’ai pas vu tout ce qu’il fallait voir ?

Cependant, je découvre cette petite maison d’éditions avec cette bande dessinée et j’y reviendrai même s’il y a peu de titres pour l’instant : Gant blanc (2016) et Gant noir (2017) m’intriguent et puis, un deuxième tome de Benoît Vieillard, 13 Devil Street 1940, est paru en octobre 2017 alors j’y jetterai tout de même un coup d’œil, soit à la bibliothèque soit en librairie.

Est-ce quelqu’un connaît cet éditeur ? Et a lu cette bande dessinée ? Et la suivante qui se déroule en 1940 ?

Une lecture pour les challenges BD, La BD de la semaine (ça faisait longtemps !), British Mysteries, Mois anglais, Petit Bac 2018 (pour la catégorie Lieu) et Un max de BD en 2018.

Les autres BD de la semaine sont chez Moka.

La quiche fatale (Agatha Raisin enquête) de M.C. Beaton

Agatha Raisin enquête : la quiche fatale de M.C. Beaton.

Albin Michel, juin 2016, 320 pages, 14 €, ISBN 978-2-226-31732-2. The Quiche of Death (1992) est traduit de l’anglais par Esther Ménévis.

Genres : littérature écossaise, roman policier.

M.C. Beaton naît en 1936 à Glasgow : elle est donc Écossaise ! Mais elle épouse un Anglais et le couple a un fils. M.C., c’est pour Marion Chesney. Elle écrit sous plusieurs pseudonymes dont M.C. Beaton. Ses spécialités : la romance et les mysteries.

Mrs. Agatha Raisin, après un mariage malheureux, a ouvert une agence de relations publiques à Mayfair à Londres. À maintenant 53 ans, elle prend sa retraite anticipée et réalise son rêve : une vie paisible dans un cottage des Midlands. « […] les Cotswolds représentaient à ses yeux tout ce qu’elle avait toujours désiré : la beauté, la tranquillité et la sécurité. » (p. 10). Elle devient donc propriétaire du « cottage idéal dans le village de Carsely » (p. 10). Après une enfance dans le monde ouvrier de Birmingham et une vie professionnelle bien remplie, la voici « libre. Elle pouvait se détendre » (p. 13). Par exemple, elle prend le temps de lire Agatha Christie pour la première fois de sa vie ! Afin de se faire de nouveaux amis, elle participe au concours de quiche mais Mr. Reginald Cummings-Browne est empoisonné par la quiche qu’elle a achetée à la Quicherie à Londres… « Pourquoi la quiche succulente et renommée de Mr. Economides aurait-elle, du jour au lendemain, contenue de la ciguë aquatique, alors qu’il n’avait jamais fait l’objet d’aucune plainte de sa vie ? Peut-être pouvait-elle poser quelques questions. Juste quelques petites questions. Il n’y avait pas de mal à cela. » (p. 79). Agatha Raisin ne croit pas à un accident et décide de mener l’enquête en parallèle des investigations de l’agent de police Bill Wong, mi-chinois mi-anglais. Mais, malgré le divertissement que lui procure cet événement extraordinaire dans le village, Londres et son animation lui manquent.

Un petit séjour dans la campagne anglaise verdoyante, la gastronomie anglaise (pudding, bœuf aux rognons et bien sûr quiche aux épinards !) ? Un roman so british ! Un peu lent par moment mais tout s’enchaîne bien dans ce roman drôle et délicieusement anglais. À déguster sans modération donc, tranquillement, durant un weekend ou des vacances.

Le clin d’œil aux romans policiers, mysteries et autres whodunit : « Ah ! les joies de la littérature policière. » (p. 121).

Comme j’ai lu ce roman il y a quelque temps et que je n’avais pas publié ma note de lecture, je profite de ce Mois anglais : la date du 13 juin a été retenue pour le thème de M.C. Beaton et Agatha Raisin en partenariat avec le challenge British Mysteries (est-ce que j’y participe ?… Oui !). Je mets aussi cette lecture dans Polars et thrillers de Sharon et Voisins Voisines pour l’Écosse.

Pour l’instant, il y a une trentaine d’Agatha Raisin : vingt-sept romans, trois recueils de nouvelles (en anglais) et quatre romans sont déjà traduits en français. Je ne sais pas si je lirai tout mais j’ai vraiment passé un très bon moment de lecture, j’ai souri plusieurs fois, j’en lirai d’autres, c’est sûr, d’ailleurs j’ai déjà lu la deuxième histoire, Remède de cheval, qui m’a tout aussi plu si ce n’est plus !

Il y a aussi une série télévisée, réalisée en 2016, une série de 9 épisodes de 45 minutes chacun (plus l’épisode pilote, celui de la quiche fatale, réalisé en 2014 et qui fait 90 minutes), avec dans le rôle principale l’actrice écossaise Ashley Jensen. Vidéo du trailer ci-dessous mais avant, une super vidéo dans laquelle vous allez entendre M.C. Beaton chanter et parler en français car elle partage son temps entre les Cotswolds et Paris !

https://youtu.be/_RbFVk0W9o8… Zut, je n’ai pas pu insérer la vidéo… Allez la voir sur la chaîne YT des éditions Albin Michel, elle ne dure que 1’08 😉

https://youtu.be/f4jlAieV5vE… Oh mais l’intégration de vidéos ne fonctionne pas ou quoi ?!!! Vous pouvez voir ce trailer de 0’59 sur la chaîne YT de Sky1.

Et je remets ma photo des Quais du polar le 1er avril 2017.