Aucune terre n’est la sienne de Prajwal Parajuly

Aucune terre n’est la sienne de Prajwal Parajuly.

Jentayu n° 4 : Cartes et territoires. Nouvelle traduite de l’anglais (Inde) par Benoîte Dauvergne.

Genres : littérature indienne, nouvelle.

Prajwal Parajuly naît le 24 octobre 1984 à Gangtok au Sikkim (Inde). Son père est Indien et sa mère Népalaise. Son premier recueil de nouvelles, The Gurkha’s Daughter (Quercus, 2012), fut nominé pour le Prix Dylan Thomas. Son premier roman, Land where I flee (2013), considéré à sa sortie comme « le roman d’Asie du Sud le plus intelligent et le plus divertissant des dix dernières années », est traduit en français par Benoîte Dauvergne et publié sous le titre Fuir et revenir aux éditions Emmanuelle Collas début mars 2020 (l’Inde devait être l’invitée de Livre Paris, annulé…). Il a également écrit pour le New York Times et pour les journaux anglais, The Guardian et New Statesman ainsi que pour la BBC.

La nouvelle est lisible en ligne sur Jentayu ; merci !

Depuis une douzaine d’années, Anamika Chettri vit pauvrement avec ses filles (Diki, 12 ans, et Shambhavi, 10 ans) et son père malade (« probablement la tuberculose ») dans un camp de réfugiés. Le camp de Khudunabari, j’ai cherché, est situé à Sanischare (district de Koshi au Népal). Après avoir ramassé du bois, elle est prise à partie par des étudiants népalais. « Retourne dans ton foutu pays. »… « Laissez-moi tranquille, espèces de chiens galeux. »

« Anamika se sentait chez elle au camp de réfugiés de Khudunabari. Elle n’était pas du genre à regarder dans le vague et soupirer avec nostalgie en pensant au Bhoutan. Sa théorie était simple : puisque son pays (elle appelait encore le Bhoutan ainsi, même après toutes ces années) ne voulait pas d’elle, elle n’avait aucune envie d’y retourner. » C’est que les gens ont dû passer un test de citoyenneté qu’Anamika a raté et donc elle a été renvoyée dans le pays dont elle avait « des origines » alors que son père était en règle…

Le Bhoutan n’est donc plus son pays et le Népal ne veut pas d’elle non plus… Cependant, il y aurait un espoir : l’Amérique parlerait d’accepter des réfugiés.

Mais le problème d’Anamika est plus profond que tout ça… Prajwal Parajuly parle des relations entre les hommes et les femmes, du mariage, de la brutalité, du « malheur » de n’avoir que des filles. « J’ai déjà quatre filles inutiles à nourrir et habiller parce que cette randi est maudite, et maintenant, tu veux que je fasse venir la fille d’un autre dans cette maison ? Je t’ai donné un toit au moment où tu en avais le plus besoin. Je t’ai épousée alors que tout le monde critiquait ton caractère, et c’est comme ça que tu me remercies ? »… Ravi, le deuxième mari d’Anamika, est un sacré abruti, brutal, hypocrite, profiteur, une honte ambulante…

Je trouve ça super que Prajwal Parajuly, en tant qu’homme parle du malheur des femmes et des filles, de la violence qu’elles subissent, même si elles sont instruites. Bravo, monsieur Prajwal Parajuly ! J’espère lire votre roman !

Une nouvelle pour Les étapes indiennes, Lire en thème 2020 (le titre fait plus de trois mots) et La bonne nouvelle du lundi.

20 réflexions sur “Aucune terre n’est la sienne de Prajwal Parajuly

  1. nathaliesci dit :

    Ton billet m’a donné envie, du coup je suis allée lire la nouvelle. J’ai beaucoup aimé, même si on aimerait rester plus longtemps avec cette femme…

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  2. J’ai fait comme Nathaliesci, je suis allée lire la nouvelle en suivant ton lien! Je me demande s’ils ont finalement pu partir en Amérique. J’avais envie d’imaginer que oui.
    Le second mari est vraiment un boulet, violent en plus. Elle a un sacré courage Anamika, seule contre tous.

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    • Oui, j’ai trouvé admirable qu’un homme parle de ce genre de problèmes que subissent les femmes ; j’espère moi aussi qu’Anamika et ses filles ont pu partir en Amérique, mais dans ce cas-là, elle doit abandonner son père, âgé et malade…, et le mari mais quelle plaie ! D’autant plus qu’il pense déjà l’abandonner pour avoir un fils avec une autre femme…
      Tu as vu, il y a plusieurs autres nouvelles d’autres auteurs d’Asie 🙂

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      • Oui, je suis bien d’accord. C’est assez courageux d’aborder ce genre de sujets.
        Je pensais que le père pouvait partir aussi malgré sa situation. Je l’ai imaginé très fort en tout cas!
        Oh oui, le mari, c’est une catastrophe ambulante.
        Je n’ai pas encore tout exploré, je vais prendre un peu de temps ce week-end pour aller voir ça. Merci. 🙂

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        • Bonne visite de Jentayu alors 🙂
          J’ai l’impression que l’intervenante dit les quatre, la mère, le père et les deux filles… Cette histoire triste est l’histoire de milliers de femmes…

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