Les secrets de la princesse de Cadignan de Honoré de Balzac.
Nouvelle de 70 pages parue dans le journal La Presse en 1839 (le titre est alors Une princesse parisienne) avant d’être publiée dans le tome XI de La Comédie humaine en 1855 (nouvelle dédiée à Théophile Gautier). Cette Études de femmes fait partie des Scènes de la vie parisienne.
Genres : littérature française, nouvelle, classique.
Honoré de Balzac : je vous laisse consulter sa bio et mes précédentes lectures ici. LC (lecture commune) avec Maggie, Claudia et Rachel. J’en profite pour vous annoncer La Quinzaine balzacienne – organisée par les blogs La Barmaid aux lettres et Et si on bouquinait un peu – qui aura lieu du 15 au 30 juin 2023.
« Après les désastres de la Révolution de Juillet qui détruisit plusieurs fortunes aristocratiques soutenues par la Cour », la duchesse de Maufrigneuse, devenue princesse Diane de Cadignan (le nom de jeune fille de sa mère), s’est cloîtrée chez elle, un appartement avec un jardin et deux domestiques mais c’est une croqueuse d’hommes… et de leur fortune ! Elle a un fils de 19 ans, Georges de Maufrigneuse.
L’histoire commence en 1832, elle a 36 ans, elle a connu de nombreux hommes mais elle s’ouvre à l’unique amie qu’elle a gardée, la marquise d’Espard, lui avouant qu’elle n’a jamais connu un amour véritable. « À vous seule, j’oserai dire qu’ici je me suis sentie heureuse. J’étais blasée d’adorations, fatiguée sans plaisir, émue à la superficie sans que l’émotion me traversât le cœur. J’ai trouvé tous les hommes que j’ai connus petits, mesquins, superficiels ; aucun d’eux ne m’a causé la plus légère surprise, ils étaient sans innocence, sans grandeur, sans délicatesse. J’aurais voulu rencontrer quelqu’un qui m’eût imposé. » « Je suis poursuivie dans ma retraite par un regret affreux : je me suis amusée, mais je n’ai pas aimé. » « Enfin, nous voilà, répondit avec une grâce coquette madame d’Espard qui fit un charmant geste d’innocence instruite, et nous sommes, il me semble, encore assez vivantes pour prendre une revanche. »
« Ah ! je voudrais cependant bien ne pas quitter ce monde sans avoir connu les plaisirs du véritable amour, s’écria la princesse. » Alors la marquise d’Espard décide de lui présenter Daniel d’Arthez. « Daniel d’Arthez, un des hommes rares qui de nos jours unissent un beau caractère à un beau talent, avait obtenu déjà non pas toute la popularité que devaient lui mériter ses œuvres, mais une estime respectueuse à laquelle les âmes choisies ne pouvaient rien ajouter. Sa réputation grandira certes encore, mais elle avait alors atteint tout son développement aux yeux des connaisseurs : il est de ces auteurs qui, tôt ou tard, sont mis à leur vraie place, et qui n’en changent plus. Gentilhomme pauvre, il avait compris son époque en demandant tout à une illustration personnelle. »
Daniel d’Arthez fera-t-il l’affaire de la princesse de Cadignan ? « Ce qui m’a manqué jusqu’à présent, c’était un homme d’esprit à jouer. Je n’ai eu que des partenaires et jamais d’adversaires. L’amour était un jeu au lieu d’être un combat. » La marquise d’Espard organise donc la rencontre et les lecteurs vont retrouver quelques personnages de la Comédie humaine (Michel Chrestien qui fut éperdument amoureux de la princesse est mort mais on parle de lui). « Cette soirée était donnée pour cinq personnes : Émile Blondet et madame de Montcornet, Daniel d’Arthez, Rastignac et la princesse de Cadignan. En comptant la maîtresse de la maison, il se trouvait autant d’hommes que de femmes. » ou de la parité chez Balzac 😉
Malgré les manipulations et les mensonges de la princesse de Cadignan, le baron d’Arthez – qui est plus jeune qu’elle – l’aime passionnément et prend sa défense. Il la considère comme une femme libre, au caractère fort, élégante, moderne (alors que le rôle des femmes était plus que minime… Se marier, avoir des enfants, être discrètes…). « Les femmes savent donner à leurs paroles une sainteté particulière, elles leur communiquent je ne sais quoi de vibrant qui étend le sens des idées et leur prête de la profondeur ; si plus tard leur auditeur charmé ne se rend pas compte de ce qu’elles ont dit, le but a été complètement atteint, ce qui est le propre de l’éloquence. […] Ainsi la princesse avait aux yeux de d’Arthez un grand charme, elle était entourée d’une auréole de poésie. » Elle profite de sa naïveté et le prend dans ses filets, « dans les lianes inextricables d’un roman préparé de longue main ». J’ai tout aimé dans cette histoire en particulier les moments où d’Arthez, complètement sous le charme, fait sa cour à la princesse et la chute.
Balzac, très fier de cette œuvre, écrivait à madame Hańska : « C’est la plus grande comédie morale qui existe » et, comme pour se moquer de ses lecteurs (un peu trop curieux de tout savoir), termine par une géniale pirouette, tout le talent de Balzac. Un amour peut-il être véritable et heureux s’il est né de manipulations, séductions et mensonges ?
À noter que Les secrets de la princesse de Cadignan a été adaptée par Jacques Deray en 1982 avec Claudine Augier (Diane de Cadignan), Marina Vlady (marquise d’Espard), Françoise Christophe (comtesse de Montcornet), François Marthouret (Daniel d’Arthez), Pierre Arditi (Émile Blondet) et Niels Arestrup (Rastignac).
Pour 2023 sera classique, ABC illimité (lettre H pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 15, une relique de ma PàL, tous les Balzac que je n’ai pas encore lus sont des reliques de ma PàL puisque je les ai depuis les années 1980), Challenge lecture 2023 (catégorie 18, une lecture commune, avec Maggie et Rachel) et Les départements français en lecture (Balzac est né à Tours en Indre et Loire).
Ah merci beaucoup !
(j’apprends d’ailleurs qu’il n’est pas né à Paris grâce à toi)
Je ne connaissais pas ce cours roman non plus ! 🙂
Merci encore !
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Avec plaisir La Barmaid, c’est une lecture commune avec Maggie et Rachel 🙂
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😀
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Et, en juin, je participerai à la Quinzaine balzacienne 😉
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Ca, j’en suis ravie !!!
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Tant mieux ; mon billet est prêt mais je ne vais pas le publier avant début juin 😉
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Ah super ! Je commence doucement mon premier Balzac !
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J’avais bien percuté que, lorsqu’il y a des ‘Mois de…’, les blogueurs / blogueuses s’y prennent à l’avance pour publier le plus de billet durant ce mois consacré mais je n’y arrive pas trop, je lis au fur et à mesure… Bonnes lectures de Balzac 🙂
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Je comprends bien ! Mes articles sont prêts (trop) longtemps à l’avance hihi !
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Pour moi, ce n’est pas le même problème, j’ai pas mal de notes de lectures presque prêtes (genre, il ne manque plus que quelques phrases sur l’auteur ou la liste et les liens des challenges à la fin du billet) mais je n’arrive pas à toutes les publier… alors il y a des livres et même des coups de cœur qui ne sont pas chroniqués…
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Ah oui ! Je comprends, c’est le côté un peu « administratif » qui est lassant 🙂
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Peut-être…
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Oh oui tout un twist à la fin… beau récit en tout cas… 😉
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Oui, du GRAND Balzac 🙂
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Un roman de Balzac que je ne connais pas. Merci
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Disponible librement en numérique 😉
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Vous m’avez intriguée avec votre histoire de twist final… S’il n’y a pas trop de pages, j’essaierai de le lire en numérique !
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Tu fais bien, c’est un excellent Balzac 🙂
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Merci pour ta participation, je mets le lien. Moi aussi, j’ai beaucoup aimé !
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Il faut dire que c’est un très bon Balzac 😉 Je file sur ton billet et je rajoute ton lien aussi 😉
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Je ne l’ai pas lue celle-ci. Il faudra que je comble cette lacune !
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Balzac pensait que c’était sa meilleure histoire et je confirme que c’est un très bon Balzac 🙂
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Je suis d’accord avec toi : comment un amour bâti sur le mensonge pourrait-il être heureux ? et je ne crois pas à la sincérité de cette manipulatrice ! La pirouette finale de Balzac semble nous avertir qu’il ne faut pas approfondir !
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Oui, de toute façon, certains de ces couples tiennent, d’autres pas, comme tous les couples ; en plus je dirais que la Cadignan est satisfaite mais est-elle heureuse ? Balzac nous a raconté une tranche de vie et on imagine (ou pas) la suite 😉
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