Entre les lignes de Baptiste Beaulieu et Dominique Mermoux.
Rue de Sèvres, mai 2021, 168 pages, 20 €, ISBN 978-2-81020-250-8. Vous pouvez feuilleter 8 pages sur le site de l’éditeur.
Genres : bande dessinée française, drame familial, Histoire.
Baptiste Beaulieu naît le 2 août 1985. Il est médecin et auteur. D’abord un blog Alors voilà (pas de mise à jour depuis juin 2021) et un livre où il raconte son quotidien professionnel (Alors voilà : Les 1001 vies des urgences en 2013) puis des romans, des nouvelles, de la poésie et de la bande dessinée (Les mille et une vies des urgences en 2017 et Entre les lignes, adaptée du roman Toutes les histoires d’amour du monde, en 2021).
Dominique Mermoux naît en 1980 en Haute-Savoie. Il étudie à l’École des arts décoratifs à Strasbourg, il obtient un BTS en communication visuelle et un diplôme en illustration. Il travaille comme dessinateur pour la presse et pour des scénaristes de bandes dessinées. Plus d’infos sur son site officiel (j’ai déjà lu L’appel de Galandon et Mermoux et j’avais même rencontré les auteurs !).
Moïse, le grand-père, est mort, « âpre, renfermé, taciturne » (p. 14). Dans ses affaires, son fils, Denis, trouve trois carnets avec des dizaines de lettres et une photo d’une Anne-Lise Schmidt que personne ne connaît. Il veut partir sur les traces de Moïse, pour découvrir son enfance, son passé, pour découvrir ce qu’il n’a jamais dit, ni à son épouse, ni à lui mais il en est empêché par des problèmes cardiaques.
Alors qu’il est hospitalisé, il se confie à Baptiste, son fils qui, étonné, demande : « Il y a quoi dans ces lettres ? – La plus belle histoire d’amour que j’aie jamais lue. » (p. 13). « Les billets de train et l’hôtel sont déjà réservés… » (p. 15) alors le fils se décide : « Je vais y aller, moi. Je partirai à ta place. Sur les traces de Moïse, comme tu dis, avec les carnets. Et quand j’aurai fini, je t’aiderai à trouver cette Anne-Lise. » (p. 16).
Baptiste lit alors les lettres que Moïse écrivait à Anne-Lise et il apprend tout ce qu’il ne savait pas sur son grand-père, Moïse, né le 10 juillet 1910 à Fourmies dans le Nord, son enfance, son meilleur ami, et puis en août 1914 la mobilisation des hommes donc de son père qui ne reviendra pas… À 5 ans, Moïse ne comprend pas vraiment que son père est mort…
Toutes les lettres sont datées du 3 avril de 1960 à 2007, toute une vie ! « Pourquoi écrivait-il une fois par an, toujours à la même date ? » (p. 22).
Dans le Nord de la France, Baptiste rencontre quelques descendants de ceux qui ont connu Moïse mais ils n’ont pas grand-chose à lui raconter… alors il invente des choses à raconter à son père et s’en ouvre à Anna-Lisa, sa sœur aînée qui a été adoptée.
« Sans doute est-ce une émotion effroyable pour les morts qu’on a chéris que d’assister, impuissants, à l’œuvre du temps sur nos douleurs. Tout s’estompe, hélas ou tant mieux ! Même les plus gros chagrins s’émoussent. Mais les regrets, oh, les regrets… Ils enflent avec les années, ils vous dévorent le soir, ils teintent de tristesse le plus joyeux des rires et tournent à l’amer le plus sucré des mets. » (extrait de la lettre du 3 avril 1973, p. 48).
Trente ans après que son père soit parti se battre contre les Allemands, Moïse est mobilisé… « De ma première bataille, je n’ai gardé que l’image d’un immense chaos, et celle de l’arme, vieille et usée, qu’on me colla dans les mains. C’était à R… quelque chose, je ne me souviens plus du nom (Rothel ? Rethel ?), mais je sais que les Allemands étaient les plus forts, c’est cent mètres par cent mètres que nous reculions. Avais-je peur ? Évidemment que oui, ma petite souris. Avais-je le choix ? Évidemment que non. » (extrait de la lettre du 3 avril 1981, p. 69).
Au bout d’un moment, Baptiste se pose la même question que je me pose : « […] à quoi bon rédiger des lettres sans les envoyer ensuite ? Cela n’avait aucun sens. » (p. 73).
Une très belle phrase de Moïse : « […] je ne me fais aucune illusion : c’est si banal, la guerre. La paix, c’est ça qui est rare. Ça qui est extraordinaire […]. » (p. 157).
Quelle bande dessinée magnifique, émouvante, bouleversante même, pourquoi n’ai-je pas repéré le roman paru chez Fayard/Mazarine en octobre 2018 ? C’est tout le XXe siècle qui défile avec les dessins délicats de Dominique Mermoux et le texte profond de Baptiste Beaulieu. Une histoire vraie ! Une histoire d’amour, de guerres, de famille (et de secrets de famille), de paternité, de transmission avec un brin d’humour de temps en temps (heureusement).
Beaucoup de personnes ayant vécu la guerre (ou les deux guerres mais il n’y en a plus il me semble) et les camps n’ont jamais voulu parler mais c’est important pour leurs enfants, petits-enfants et arrières-petits-enfants. Si vous êtes encore là, parlez, racontez, délivrez-vous ! Je n’ai jamais su ce que mes grands-parents ont vécu enfants pendant la Première guerre mondiale et ce qu’ils ont vécu jeunes adultes pendant la Seconde guerre mondiale…
Ils l’ont lue : Mylène (je savais bien que je l’avais déjà vue quelque part) et aussi Alain Paul sur Cases d’Histoire (abondamment illustré), Caroline, Coco, Hélène et Mumu (qui a aimé les illustrations mais pas l’histoire ni dans le roman ni dans la BD), d’autres ?
Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Stéphie) et les challenges Adaptations littéraires (cette BD est l’adaptation du roman de l’auteur), BD 2022, Challenge lecture 2022 (catégorie 53, un livre dont le personnage principal est une personne âgée, il y a Denis et Baptiste bien sûr mais c’est bien Moïse, père de Denis et grand-père de Baptiste, le personnage principal, on le suit de son enfance jusqu’à sa mort et ce sont les lettres qu’il a écrites pendant près de 50 ans que nous lisons).
Ci-dessous, la vidéo présentant le roman et le travail de Baptiste Beaulieu :
J’avais beaucoup aimé aussi…
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C’est une très belle histoire, et vraie en plus 🙂
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Mon homme me l’a offert et je ne l’ai toujours pas lu… A te lire, qu’attends-je pour m’y mettre ?!
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Je ne sais pas, vas-y Natiora, bonne lecture 🙂
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Toute une BD… oui je suis en train de lire « Nous les Allemands » sur le front est de la 2e guerre.. vraiment il faut en parler…
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C’est vrai que c’est plutôt rare une lecture du côté allemand, bonne lecture 🙂
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Oui effectivement… merci et bonne fin de semaine… elle arriiiive
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Bonne nouvelle semaine, Rachel 🙂
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Pas vraiment un thème qui m’attire d’emblée, mais je ne dis pas jamais…
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Une très belle histoire pourtant mais tu as le choix entre le roman ou la BD 😉
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j’avais adoré ma lecture ❤
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Oh, super 🙂
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Ça a l’air chouette. J’avais déjà lu un livre de Baptiste Beaulieu. J’avais aimé toute l’humanité qui s’en dégageait.
Je le note pour le challenge.
Bises. 😘
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Tu fais bien, Lydia, très beau récit 🙂
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Voilà qui m’intéresse diablement ! Secrets de famille, première guerre mondiale… Je note !
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Roman et/ou BD, tu as le choix 😉
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J’avais trouvé cette bd très bavarde… 😅
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C’est peut-être parce qu’elle transpose le roman en BD ?
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